Pour son 6ème EP, Henri DÈS collabore une nouvelle fois avec les disques AZ, label fondé par Lucien Morisse (le mari-producteur de DALIDA). Nous sommes quelques mois avant son passage remarqué à l'Eurovision en tant que représentant de la Suisse, pour la chanson guillerette et vagabonde "Retour" qui finira 4ème du classement, ex-aequo avec le Provençal Guy BONNET (pour la France) et un certain Julio IGLESIAS (pour l'Espagne) qui en profite pour se faire connaître.

Autrement dit, une période de chansons plus ou moins remarquées à l'époque, à travers leur support ou non. Elle offre un confort relatif à un chanteur qui n'est pas prêt de disparaître, mais un peu à l'image de cet EP, il a encore du mal à se démarquer. "Maria Consuelo" s'inscrit dans la lignée des 'nouveaux chanteurs' folk que le succès d'Hugues AUFRAY reprenant Bob DYLAN a générés. Le dialogue traditionnel et simple en questions-réponses avec une femme dont le frère est parti/mort à la guerre et qui 'cache' son enfant, est porté par une bonne guitare classique rythmique en 'riff' sautillant pour une jolie ballade-terroir.

Les éléments variété comme les choeurs féminins présents en vocalises ne sont pas dérangeants, ni le décorum musical hispanique voulu et, de fait, attendu. Trompette, timbales et tambour militaire ne forment point d'excès pour autant, et le final avec les sifflements fait ressortir le caractère noir de la chute. Même si ce n'est pas le genre de l'Eurovision, cette chanson vraiment belle remporte tout de même un prix mérité, le premier du festival de Sopot (ville maritime proche de Dantzig/Gdansk) qui est resté un des événements musicaux majeurs en Pologne.

"Lettre à Mon Amour" joue la carte du slow très fin-60's à la PROCOL HARUM et MOODY BLUES, avec basse au médiator, batterie très fourni, orgue ronronnant, et contrairement à ces groupes, un choeur féminin de nouveau qui plane, pour un ensemble épique. Henri DÈS renforce la sensualité en parlant sur le premier couplet comme s'il s'agissait d'une missive, puis en chantant une forme de célébration de la routine du couple, un rien fataliste mais pas tout à fait dans le ton du "Comme D'habitude" de Vous-Savez-Qui.

On remarque que sur ce titre, les fredonnements de la fin sont répétés comme pour lien de production au début de "C'est Si Bon, le Rêve", avec son tempo ternaire jazzy, sa charleston couplée aux guitares acoustiques, légère, avant de se transformer en batterie-tambourin pour un refrain pop plus élancé. Cette fois, après l'amour qui 'traîne', DÈS loue de façon plus ou moins caustique les débuts enthousiastes, ceux des projets vus sur le long terme. Un enchaînement intéressant pour deux bons titres, à défaut de mieux que cela. Et puis, ces 'aouw' féminins clairement adultes !

C'est vraiment "Je Suis Allé Voir la Tienne Qui Connaissait un Peu la Mienne" qui aide le chanteur helvète, future coqueluche des enfants à se démarquer, rien que par son titre. Au début, on pense à des gamineries simples et aux mamans de lui et son amoureuse pour évocation de la 'tienne' et la mienne', puis cela continue en histoire de 'loup aperçu', de fille déshabillée et cela devient fortement grivois. Avec en plus une mélodie guillerette et un bluegrass soigné (violon et banjo à l'appui), la chanson marque tout comme l'avait fait "Sur le Toit de la Gare" un peu dans les mêmes tons, quelques semaines auparavant. De quoi donner le sourire au public, en tout naturel.