Dans un drôle d’univers parallèle, c’est Jamie FOXX qui joue le rôle de marraine la bonne fée dans l’histoire de l’anglais Ed SHEERAN. Ne cherchez pas, dans la vie, il y a des petits miracles comme ça qu’on explique pas et qui changent le cours d’une vie. Grâce à la poudre de perlimpinpin, le jeune Edward Christopher accède aux plus hautes sphères de l’industrie musicale et se fait signer par Atlantic Records. C’est le rêve pour Ed qui a débuté modestement sur Youtube à 13 ans et qui rêve de musique depuis toujours. Ses inspirations sont multiples et il obtient même très tôt le soutien d’Elton JOHN, un de ses idoles.

Le rouquin a 20 ans lors de la sortie de son premier album, il révise donc une dernière fois son arithmétique en vitesse en publiant +. Le chanteur ne perd pas une minute puisque la plupart des chansons figuraient déjà sur ses précédents EPs (près d’une dizaine au compteur déjà !). La pochette nous fait découvrir un jeune cachant sa crinière flamboyante derrière un effet citrouille, par contre difficile à dire si ce regard cache une vie de hipster ou du tueur…

Rassurez-vous, Ed est surtout un jeune chanteur-guitariste qui en veut ! Sa musique - pop, folk, indie - est gentille comme tout et SHEERAN, bien que déterminé, ne risque pas de faire de mal à une mouche ou d’endommager nos tympans. Entre deux ballades acoustiques sur l’amour perdu ("U.N.I." et "This"), il touche même à certains sujets sensibles avec une finesse qu’il faut bien lui reconnaître comme sur les singles "Small Bump" et "The A Team". Qu’il parle de fausse couche ou de toxicomanie, chanté par Ed, tout sonne presque mignon.

Mignon, mignon, mais c’en est presque un peu ennuyant… La chialante "Wake Me Up" avec son piano et le ton de SHEERAN bien démoralisants me donne tout simplement envie de changer de disque, exactement comme "Kiss Me" où on frôle vraiment la déprime alors que ce cher Ed essaie vainement de nous tirer quelques émotions. Il y a bien le single "Give Me Love", un énième ballade bien placée pour clôturer le disque sur laquelle Ed parvient tout de même à amener un peu plus d’intensité grâce à un joli ensemble violon-violoncelle. Mais quand SHEERAN commence à nous convertir d’un orteil, c’est pour mieux nous abattre, comme avec sa reprise de "The Parting Glass", une chanson traditionnelle écossaise qu’il préfère cacher en fin d’album. C’est très moyen, sans plus et sans mauvais jeu de mot.

Par chance, SHEERAN ne se morfond pas entièrement et trouve quelques tempos pop plus vaillants même si sans surprise, le petit rouquin n’est pas encore prêt à faire exploser la baraque. Pourtant, on sent que l’envie y est sur les sonorités pop-rock gentillettes du morceau "The City". C’est qu’il a de l’ambition et de l’assurance ce SHEERAN… Le single "Lego House" ne me convainc pas du tout et on sent dans la livraison vocale d’Ed qu’il est encore dans la retenue, alors que "Grade 8" possède une vraie vibe feel-good, telle qu’elle deviendra rapidement la marque de fabrique du chanteur.

On retrouve aussi l’aplomb de SHEERAN lorsqu’il essaie de rapper comme une autre de ses idoles, EMINEM. Il y met tout son coeur et tente de remporter son diplôme officiel de rappeur, comme sur le single "Drunk", pourtant Ed devrait savoir qu’il n’y a qu’un seul Slim Shady. Peu importe, finalement, car le rouquin est têtu et persévère sur "You Need Me, I Don’t Need You" où il va même jusqu’à faire du beat box sur l’instru, voyez-vous ça ! Quant à ses rimes, elles rebondissent contre les murs mais il faut bien l’avouer, il y a comme un charme maladroit à ce flow légèrement gauche.

C’est probablement ces qualités, cette intention sincère qu’on perçoit derrière la musique qui ont réussi à conquérir le coeur des ménagères du fin fond de l’Angleterre, mais aussi toute une communauté de fans de sa génération. Qu’il gratouille sa guitare ou qu’il rappe en jonglant avec plus de mots qu’il ne peut manier, on ne peut pas dénier le fait qu’Ed SHEERAN est un gentil rouquin attachant mais ce n’est malheureusement pas suffisant pour dépasser un bon 2.