Une fois n’est pas coutume, Ed SHEERAN nous revient en 2021 avec un album mathématique de plus au compteur. J’ai été indulgente avec ÷, un peu surprise avec +, maintenant voici =, qui on l’espère marque la fin de cette équation qui s’étire maintenant depuis déjà dix ans. Pour le coup, Ed est devenu papa pour la première fois alors comme nous, il cherche peut-être dans ce disque un équilibre et une finalité qui seraient les bienvenues.

On débute par "Tides", un morceau d’ouverture qui, on le sent, est censé être une vague d’émotions sur une instrumentation pop-rock. Il nous y parle de sa fille mais au lieu d’un tsunami d’amour, c’est toujours aussi mou que les quatre derniers albums. Plus dance, le single "Shivers" suit et le titre nous promet des frissons que je cherche encore. La mélodie est accrocheuse mais tellement formatée qu’on croirait l’avoir déjà entendue quelques dizaines de fois !

Il faut se farcir l'ambiance dance-pop si mal incarnée par notre petit rouquin sur un certain nombre de pistes comme "Stop The Rain", "Be Right Now" ou encore le single "Bad Habits" où Ed tente de se réinventer sous un jour de bad boy. Le beat synth-pop n’est pas complètement désagréable avec son petit côté The WEEKND mais contrairement au chanteur canadien, seule les ménagères en mal de sensation se déhancheront sur ce titre.

Qu’on soit sur ce genre de morceaux plus rythmés ou des productions davantage atmosphériques comme "Leave Your Life", "Love In Slow Motion" ou "Collide", la sensation de déjà-vu domine l’écoute de cet opus, à vrai dire presque toutes ses chansons se ressemblent. Le titre "Sandman" est dédié à sa fille, une comptine douce et sans intérêt, mais on comprend pourquoi ça peut plaire tellement c’est facile à écouter.

On n’y échappe pas, les chialantes bien sûr, ne vous inquiétez pas, Ed ne les a pas oubliées ! Sur "First Times", la guitare acoustique d’Ed reste dans des tonalités folk pour déclarer son amour à sa femme. L’ambiance se veut intime, tendre mais l’émotion a du mal à transparaître. "Visiting Hours" aborde le thème du deuil avec des envolées vocales dont l’exécution reste très clichée. Enfin, le single "The Joker And The Queen" avec ses violons veut nous emmener dans un univers mélodramatique façon valse romantique, bon, c’est une ballade et une chialante avec ça, alors vous imaginez bien ce que j’en pense.

J’ai beau être toujours aussi intransigeante et fatiguée avec les créations d’Ed, il faut se vouer à l’évidence : parfois Ed réussit son coup grâce à des titres aux productions plus travaillées et au tempo plus rapide. Ici, je retiens le single "Overpass Graffiti" dont la mélodie lumineuse et l’instru synth-pop sentent le réchauffé mais c’est plutôt sympathique, même si le niveau n’est pas 'foufou'. Finalement, il y a aussi le single "2step", traditionnelle tentative de notre petit rouquin à s’essayer au rap, non sans difficulté. Les refrains très pop fonctionnent à la perfection au point qu’on pourrait presque me voir rejoindre le club des ménagères du quartier, c’est grave docteur ?

Ne faites pas ces têtes d’étonnés, Ed SHEERAN reste un artiste sans saveur, même après une décennie dans le game. Parfois, on s’amuse un peu, l’ambiance s’allume tout doucement sur ce = dont le résultat est un petit 2 mais dont la prise de risque navigue plutôt du côté du zéro pointé. Si vous aimez le goût de l’insipide, c’est sûr, cet album sera votre tasse de thé. Puisqu’on est dans les coutumes avec cet album mathématiquement nul, Ed continue de mélanger ses mélodies de pop-folk sensible préfabriquées. Pour la formule magique, la vraie, on repassera.