Cinquième album solo de Bernie BONVOISIN, le premier depuis environ treize années. Il faut dire que, depuis 2018 TRUST et l’album Dans le même sang, son actualité musicale s’est considérablement intensifiée.
Jusqu’à présent, le bonhomme avait su nous surprendre avec chacun des disques sortis sous son propre nom. Même si cela est à un degré moindre, il y parvient à nouveau avec Amo et Odi. Dans ce dernier, c’est le format 'sans batterie' qui surprend, même si certaines chansons de Organic, son précédant album, allaient déjà un peu dans cette direction intimiste.

Il suffit d’écouter le très touchant "Amy" pour constater ce choix artistique. Ce titre, un très bel hommage à Amy WINEHOUSE, est essentiellement un duo guitare voix. Il serait le fruit d’une séance d’improvisation dont les deux prises auraient été enregistrées par leur ingénieur du son. Seuls quelques titres ("Genoux à terre", "Si c'était a refaire", "Souvent", "Ton reflet"), principalement positionnés en fin d’album, bénéficient de l’accompagnement d’une batterie et ont, de ce fait, une orientation un peu plus Rock.
La belle voix de Bernie est très adaptée à ce type de morceaux plus intimistes et émouvants. C’est ainsi le cas du très touchant "Amy" qui semble rendre hommage à Amy WINEHOUSE. Je dis 'semble' car, comme c’est souvent le cas avec lui, les paroles sont assez obscures et métaphoriques. A tel point que, même si on peut être ému et touché par ses textes, on peine parfois à en saisir toute la signification. C’est d’ailleurs peut-être l’un des reproches que je ferais à cet album : le manque de clarté un peu trop systématique des textes.
"Amy" n’en reste pas moins un excellent morceau qui fait mouche et titille nos émotions, une efficacité à mettre en perspective avec le fait que cette chanson aurait, selon les dires de son créateur, été faite sous cette forme en cinq minutes. Et uniquement parce que l’ingénieur du son avait enregistré une séance d’improvisation : On a fait 2 prises et celle qui est sur l’album est la première. Quoi qu’il en soit, Bernie se montre très à l’aise et convaincant lorsqu’il se montre tendre et sensuel.
Le seul problème vient du fait que les différents morceaux peinent un peu à se différencier les uns des autres. Notamment en raison d’une orchestration assez sobre et de textes un peu obscurs. Le tout ayant tendance à uniformiser l’ensemble.
Même les chansons plus Rock et dotées d’un accompagnement de batterie restent assez calmes. Parfois, on sent poindre une guitare électrique qui semble hésiter à se lancer réellement dans des digressions Fuzz ou saturées, sans jamais franchir le pas, à l’image de "Reste avec moi (je t'achèterais une voiture)".
Et on regrette cet excès de timidité qui prive l’album d’un relief et d’un impact qui lui font un peu défaut.
De fait, si Odi et amo comporte de très belles chansons ("No stress", "Amy", "A s'en ouvrir les veines"…), il contient également beaucoup de titres qui sous leur forme actuelle se révèlent un peu dispensables et auraient mérité un peu plus de recul, de travail et de relief. Ce, pour acquérir une identité propre.

Cet album très agréable à écouter ne laisse pas beaucoup de trace et peine à s’imprimer dans notre esprit.
Au fait, le titre de l’album Odi et amo est du latin tiré d’un poème de CATULLE qui évoque le paradoxe de la coexistence de ces deux sentiments contraires : 'Je hais et j'aime'.