Le succès semble avoir pointé le bout de son nez du jour au lendemain pour Sabrina CARPENTER grâce au titre "Espresso", un bop qui ne quitte plus les ondes depuis ce printemps. Tout le monde attend avec impatience la sortie de son album en continuant à chantonner les paroles du single. Pourtant, Short N’ Sweet n’est pas le premier coup d’essai de la chanteuse, mais son sixième album, rien que ça ! Déjà reconnue pour ses talents de parolière depuis la sortie de Emails I Can’t Send deux ans auparavant, elle gagne en popularité grâce à la tournée de cet album mais aussi en se produisant devant les milliers de Swifties sur le Eras Tour de Taylor SWIFT.

La pochette du disque nous met la puce à l’oreille : Sabrina ne cache rien sous ses airs de diva, c’est une flirteuse professionnelle et elle va donc nous parler d’amour pendant un peu plus de trente minutes. Elle se paie la tête de ses ex comme dans la ballade à la guitare "Dumb & Poetic" (Try to come off like you’re soft and well-spoken/Jack off to lyrics by Leonard Cohen) ou sur l’air léger de la chanson "Sharpest Tool", produite par Jack ANTONOFF (I know you’re not the sharpest tool in the shed/We had sex, I met your best friends/Then a bird flies by and you forget).

Elle aborde le triangle amoureux dont elle a fait partie à son insu (avec Shawn MENDES et Camilla CABELLO) sur l’instrumentation un peu rétro de "Coincidence" (What a surprise, your phone just died/Your car drove itself from LA to her thighs) et sur les guitares pop-rock un brin disco du single "Taste" (You can have him if you like/I’ve been there, done that once or twice/And singing about it don’t mean I care/Yeah, I know I’ve been known to share).

Sans aucun complexe, CARPENTER se moque des mecs mais elle sait aussi se moquer un peu d’elle-même en imposant ses limites que ce soit sur la vibe R&B de "Good Graces" ou sur le single "Please Please Please" (Heartbreak is one thing, my ego’s another/I beg you, don’t embarrass me, motherfucker). L’américaine de 25 ans a peut-être l’air un peu désillusionnée mais ça ne l’empêche pas de mettre en avant son chéri, l’acteur irlandais Barry Keoghan, dans le clip du morceau et d’assumer pleinement ses envies dans "Bed Chem", un morceau sensuel aux synthés groovy (Who’s the cute boy with the white jacket and the thick accent?).

Drôle, épanouie et confiante, c’est ainsi qu’on la retrouve sur l’ambiance 80’s sexy de "Juno" ou sur le fameux single "Espresso" (Move it up, down, left, right, oh/Switch it up like Nintendo/Say you can’t sleep, baby, I know/That’s that me espresso), dont les sonorités funky continuent de convaincre et valent à Sabrina plus d’un milliard d’écoute sur Spotify.

L’esprit pop énergique de Sabrina laisse place à des slows qui ont au moins le mérite de ne pas tomber dans la chialante, comme "Don’t Smile" et "Lie To Girls" sur lequel les paroles plairaient sans aucun doute à sa copine Taytay (We love to read the cold hard facts and swear they’re incorrect/We love to mistake butterflies for cardiac arrest). On retient aussi l’influence country de "Slim Pickins", qui sait rester dans la sobriété avec ses violons et sa guitare slide (Since the good ones are deceased or taken/I’ll just keep on moaning and bitching).

Sabrina CARPENTER a clairement gagné en assurance depuis qu’elle laisser aller sa créativité et son humour, comme on l’a vu sur sa dernière tournée avec le titre "Nonsense" qu’elle adaptait à chaque représentation. Loin des limites de Disney chez qui elle a fait ses premières classes dans l’industrie, la chanteuse relate l’expérience d’être une fille sans prendre de pincettes sur Short N’ Sweet, un album pop un peu kitsch sur les bords. Pourtant, ça passe tout seul, c’est un projet sans superflu qui risque encore de faire parler de lui.