En 2016, Sabrina CARPENTER dévoile son deuxième album, Evolution, une démarche d’affirmation dans un paysage pop en constant changement. Désireuse de montrer qu’elle est une artiste complète, la petite Disney girl recherche son identité musicale. Sabrina délaisse quelque peu la douceur adolescente de la pop-folk acoustique de ses débuts pour s’immerger dans un univers électro-pop où elle explore davantage de nuances, sa palette vocale s’élargissant petit à petit.

Le premier titre, le single "On Purpose", débute délicatement avant de présenter sur le refrain des sonorités dance qu’on ne connaissait pas encore à CARPENTER. On remarque une confiance accrue dans les interprétations de Sabrina, avec des variations plutôt dynamiques et une profondeur qui enrichissent un certain nombre de morceaux.

L’album se veut avant-gardiste par moments, sur "Feels Like Loneliness" ou le single "Thumbs" par exemple, tout en restant ancré dans un confort pop mainstream et des productions trop propres. La chanteuse semble hésiter entre une pop légère et des tentatives plus expérimentales, sans aller au bout de ses ambitions pour autant. Cela donne à l’album un caractère agréable, mais qui manque de moments forts ou de prises de risques.

Des morceaux comme "No Words" et "Don’t Want It Back" restent construits sur des schémas très familiers de pop classique qui sont continuellement dénués de singularité et Sabrina manque parfois de présence pour porter l’émotion du texte. Si des titres comme "Run And Hide", "Space" ou "Shadows" révèlent une maturité croissante, l’ensemble reste trop souvent en retenue. Les nuances vocales sont bel et bien là, mais elles ne parviennent pas toujours à porter les émotions ou à marquer durablement.

Les productions sont certes plutôt bien ficelées mais on cherche encore où se trouve la part de personnalité de Sabrina. "Mirage" par exemple pourrait être interprété par n’importe quelle autre chanteuse, tout comme le titre final "All We Have Is Love" où CARPENTER puise dans un registre doux et léger mais qui est complètement occultée par des effets inutiles, comme si elle avançait à tâtons sans savoir mettre réellement sa voix au premier plan.

À ce stade, Sabrina CARPENTER fait le job mais elle doit encore se trouver un univers artistique qui lui corresponde et s’approprier son propre style pour marquer les esprits. Les morceaux d’Evolution sont plaisants mais aucun d’entre eux n’est vraiment marquant. Si cet opus montre des signes de progression par rapport à son premier effort, l’évolution qu’il promet dans son titre semble, la plupart du temps, incomplète, témoignant qu’il faudra encore attendre un peu pour la véritable transformation artistique. En attendant, la transition a débuté mais elle n’est pas encore complètement aboutie.