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COMEDIE MUSICALE   |  B.O FILM/SERIE

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- Style : Claude Nougaro

Michel LEGRAND - Les Parapluies De Cherbourg (1964)
Par EMMA le 18 Février 2025          Consultée 476 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

En 1964, alors que la comédie musicale n’a même pas émergé en France, Jacques DEMY en réinvente les codes. Il tente l’audacieuse idée d’un film entièrement chanté et qui, comportant peu de moments dansés, s’apparente davantage à un opéra cinématographique. DEMY rend donc hommage à l’opéra, évoquant d’ailleurs Carmen, et aux comédies musicales américaines dont Singin’ In The Rain. Les paroles sont de lui et la musique est signée Michel LEGRAND. C’est aussi le premier grand rôle de Catherine DENEUVE.

Les Parapluies De Cherbourg s'ouvre sous la pluie battante de la ville portuaire de Cherbourg, un ballet de parapluies tisse un prélude à une histoire d’apparence naïve, une bluette romantique. Le scénario situe pourtant le film dans un contexte historique précis et ose aborder le sujet tabou de la guerre d’Algérie. C’est donc l’histoire d’amour brisée de Guy et de Geneviève, car elle a lieu en 1957 et que Guy se trouve être appelé en Algérie pour deux ans, laissant celle qu’il aime seule et enceinte. Elle se verra poussée face à une société conservatrice et une certaine pression sociale à en épouser un autre.

LEGRAND commence son œuvre musicale qui mêle jazz et classique, mélodies romantiques et expressives. Les premières paroles guillerettes entre deux garagistes sonnent celles d’une chansonnette mais, bien vite, on se laisse emporter et l’envoûtante alchimie s’opère : chaque mot, geste, parole, émotion se trouve transcendé par la musique. Une aventure musicale où la mélodie devient vecteur du récit. Une histoire à trois temps, adieux, séparation, retrouvailles, composé par Michel LEGRAND, entre mélodie, orchestration et harmonie. Chaque situation et personnage détient son propre thème, excepté Guy et Geneviève, qui se partagent le thème principal, comme s’ils ne pouvaient exister séparément, à commencer par le bonheur qui laissera peu à peu place à la séparation.
Le thème principal est simple mais particulièrement émouvant, comme un murmure d’espoir et de nostalgie puis de mélancolie. L’orchestre fluide s’entrelace d’harmonies majeures et mineures. Ce thème qui revient tout au long du film évolue et se transforme avec les personnages; chaque changement de tonalité, chaque modulation devient reflet des sentiments et, devenant de plus en plus triste, déconstruit l’univers féérique de la comédie musicale jusqu’à capturer la mélancolie et la douce amertume de l’amour perdu. Chaque mélodie est un pas dans l’histoire.

Musicalement, LEGRAND se permet des transitions musicales magistrales. "Au Dancing" commence sur une musique populaire accompagnée d’un accordéon rythmé et très dansant, vif, enjoué. Puis, le tempo change de manière fluide, un piano pulsé et jazzy prend le relais. On retient également la musique cristalline de "À L’appartement". Dans "Chez Dubourg", la musique change de rythme, passant d’une sonate binaire à des envolées lyriques, un rythme qui s’intensifie, les syllabes sont allongées, plus mélodiques. Un changement rythmique traduisant le changement de vie à venir de Geneviève. "Le Garage : Dispute" retrouve une fois encore le jazz vif de la musique de LEGRAND puis laisse place de manière fluide et naturelle à "Guy Au Café", une perle de mélancolie. Le retour du thème principal appuyé de cordes marquée par une baisse de tempo, une musique vibrante de douceur et de tristesse finissant sur une touche d’orgue ne tarde pas à laisser place au retour du piano jazzy et doux. La musique est dansante, peu de paroles avant que l’orchestre n’éclate, grandiose.

La scène finale est hypnotique, le maestro de Michel LEGRAND est subjuguant. Retour au thème principal, cinq minutes suspendues dont chaque note est pénétrante. La mélodie, une dernière fois, nous enveloppe dans une atmosphère douce, triste, mélancolique et grandiose, frustrée de voir ces deux personnes réussir à vivre loin l’un de l’autre. Le final, bouleversant et éclatant, résonne comme un concerto où les paroles simples se mêlent aux notes féeriques et puissantes.

Cet opéra populaire est une expérience sonore bien sûr, mais visuelle également, et il serait dommage de passer à côté de la caméra fluide et de l’univers soigné aux couleurs saturées de Jacques DEMY. Alors, bien sûr, on peut retenir des idées puisées dans le mélodrame, des paroles un peu désuètes et vides par moment mais, ajouté à l’arrangement musical brillant de Michel LEGRAND, ils forment tous deux un véritable tandem et marient à merveille l’utopie et le réalisme social. Les Parapluies De Cherbourg donne sens à la musique de cinéma et obtient la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1964.

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1. Générique
2. Scène Du Garage
3. Devant Le Magasin
4. Chez Tante Elise
5. Dans La Rue
6. Au Dancing
7. Sur Le Quai
8. Dans Le Magasin De Parapluies
9. Chez Dubourg
10. Dans Le Magasin
11. Devant Le Garage
12. Chez Elise
13. À L'appartement
14. Adieux À Elise
15. La Gare : Guy S'en Va

1. Dans Le Magasin
2. Dîner
3. Récit De Cassard
4. La Lettre De Guy
5. Le Carnaval
6. Le Mariage
7. Retour De Guy
8. Chez Elise
9. Le Garage : Dispute
10. Guy Au Café
11. La Boîte À Matelots
12. Duo Guy-madeleine
13. La Terrasse Du Café
14. La Station Service
15. Final



             



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