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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Style : Claude Nougaro

Michel LEGRAND - Le Sauvage (1975)
Par MARCO STIVELL le 10 Avril 2025          Consultée 134 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Au Venezuela, Nelly doit se marier en grande pompe avec un Italien, mais quatre jours avant la cérémonie, elle le plante et veut rompre ses fiançailles. Un tantinet jaloux, il lui court après et semble ne vouloir s'arrêter que lorsqu'il l'aura forcée à le suivre. Dans un hôtel, par hasard, la chambre où elle se cache jouxte celle de Martin, homme seul qui lui vient en aide, sauf qu'elle lui en demande vite beaucoup trop pour lui. Après une course-poursuite folle en voiture dans Caracas, il accepte bon an mal an de la mettre dans un avion pour la France. Alors, sereinement ou presque (puisqu'une autre voisine de l'hôtel, étrange et excentrique, ne cesse de le photographier !), avec ses derniers préparatifs, Martin rejoint par voie bateau son île déserte, où il a acheté une maison sur pilotis, construit un potager... Quelle n'est pas sa surprise quand, à peine débarqué, il constate que Nelly l'attend de pied ferme ! Surtout que Vittorio, le mari éconduit, n'a rien lâché et que le passé de notre bonhomme Martin, un rien sauvage, risque bien également de s'immiscer !

Troisième film de Jean-Paul Rappeneau, troisième grand film devrait-on dire, même si ce n'est pas forcément synonyme d'Oscars ou autre (d'ailleurs, il ne décrochera rien de ses trois-quatre nominations aux Césars). Le Sauvage, au scénario une fois encore assez original, est co-écrit par le réalisateur lui-même, sa soeur Elisabeth ainsi que monsieur Jean-Loup Dabadie, plutôt connu par la suite comme auteur de chansons (notamment pour Serge REGGIANI) alors que dès les années 60, il travaillait pour François Truffaut et Claude Sautet (l'ancien co-scénariste de Rappeneau, tiens !). Il s'agit d'une somme d'actions diverses à vocation comique autant que sérieuse-sentimentale et cette fois sans repère historique ; il en ira de même du suivant, Tout Feu Tout Flamme, en 1982. Autrement dit, ses deux films avec Yves Montand ! Quand on sait que de base, le rôle a été refusé par Elliot Gould (alors ex-époux de Barbra STREISAND), Marlon Brando, Paul Newman, Jack Nicholson, et des Français comme Lino Ventura, Alain Delon, Gérard Depardieu, et qu'enfin, c'est Jean-Paul Belmondo qui est écarté, car trop attaché à ce que Laura Antonelli devenue sa compagne 'pour de vrai' depuis Les Mariés de l'An II (film précédent de Rappeneau) re-joue avec lui !

Yves Montand, un des monstres sacrés de notre bon cinéma et de plus, tout comme Fernandel, sans avoir perdu 'l'assent' (merci messieurs), est connu lui-même comme époux et partenaire comédien de Simone Signoret, mais ici, alors qu'il apparaît le plus souvent mal rasé et encore bien jeune (il a près de 55 ans), c'est une autre blonde qui lui donne la réplique. Il s'agit de Catherine Deneuve, dont on se souvient que Rappeneau l'avait déjà mise en lumière (noire et blanche pour le coup) dans son premier long-métrage, La Vie de Château, en 1966 donc presque dix années plus tôt. Déjà bien prometteuse alors, elle libère cette fois totalement son énergie comme son débit de paroles incroyable afin de jouer Nelly, à la fois proie et enquiquineuse-type venue sortir Montand/Martin de sa retraite solitaire des plus peinardes en apparence. Celui-ci verra bien d'ailleurs qu'il n'est pas si facile de vivre (vraiment tout) seul ; seulement, avant cela, non seulement leur relation conflictuelle est l'atout principal du film, mais on a droit à de sacrées scènes burlesque de fou rire. Comme quand il croit pouvoir ramener Nelly sur le continent et qu'elle choisit tout simplement de saborder le bateau avec une hache, ou encore cette nuit sur l'île, quand il va chercher de l'eau au puits dans sa cave et qu'elle l'y enferme, bloquant la trappe avec la table sur laquelle elle se sert à manger.

N'oublions pas les prestations de Vittorio et de Jessie Coutances (l'ex-femme de Martin), par deux acteurs dont c'est le dernier film. Mis à part que, pour l'Allemande d'origine Dana Wynter, c'est un choix de retrait du métier, tandis que, plus tragiquement, Luigi Vannucchi prend la décision de se suicider en 1978. Sur ces pensées émouvantes résonne curieusement une mélodie très italienne, festive pourtant celle-là. Il s'agit de "Chitarre Miezz'a Via", écrite par Michel LEGRAND et (pour les paroles) Puziello Alberti, avec chant roulant, mandoline et accordéon au rendez-vous, bien adaptés à une liesse familiale transalpine, un prélude au mariage donc, même si Catherine Deneuve/Nelly fait la tête et même si on est sous les tropiques en Amérique latine. Le chanteur au timbre juvénile, Armando BALZANI, revient ensuite pour un autre morceau du tandem Alberti/LEGRAND, à savoir "Cummara Bella", sur le même modèle mais plus courte.

Notre cher compositeur est donc de retour après les deux premiers films de Rappeneau, mais c'est pour la dernière fois et ici, il semble préférer composer des chansons. On trouve encore d'ailleurs "Knock on Wood", qui n'a rien à voir, en dehors de son titre, avec le standard soul d'Eddie FLOYD ; les paroles ici d'ailleurs sont d'un certain Boris Bergman qui, entre moult autres artistes, a signé un tube pour NICOLETTA deux ans plus tôt, "Fio Maravilla". Le titre est chanté par José BARTEL, que Michel LEGRAND connaît au moins depuis l'époque phare avec le réalisateur Jacques Demy (parapluies et demoiselles la décennie d'avant), et qui a aussi incarné le roi Louie du Livre de la Jungle par DISNEY (1967) en version française. Un bon résultat qui permet une fois encore à notre maître musical chef d'orchestre de libérer ses penchants jazz, contrebasse en walk etc, dans un domaine swing-crooner, sachant qu'il est plutôt tourné vers autre chose pour tout le reste de la B.O.

Cette autre chose est facile à déceler, quand on sait que l'essentiel de l'action se passe au Venezuela urbain et côtier, avec de la musique très latine mais pas moins créative selon la bonne volonté de LEGRAND. "Caracas" en est le premier morceau témoin, avec ses guitares nylon lumineuses mêlées de douceur et d'emportements orchestraux du plus bel effet. Le cor est en avant, la harpe également. "Opera Bouffe", ensuite, est la musique employée pour la course-poursuite en voiture ou 'Rémy Julienne' (second terme le mieux adapté grâce au génie-cascadeur responsable sur tous les films durant ces années cinématographiques en France) dans les rues et sur les autoroutes de la capitale venezuelienne, avant que Montand/Martin ne veuille foutre Deneuve/Nelly dans un avion pour la France. "Maracaibo", tous cuivres en avant, batterie augmentée de percussions, sax alto sexy et solo de flûte est la musique de la boîte de nuit du collègue de Vittorio. Quoiqu'il en soit, la qualité demeure.

Le Sauvage, c'est d'ailleurs un thème éponyme avec une structure joliment déterminée, comme une mini-symphonie, plein de nostalgie, sans doute un peu pour le côté ours de Martin. Les attaques douces des cordes évoquent tour à tour les souvenirs à New York (dont on ne verra que des plans depuis l'asphalte du pont de Brooklyn !) et la façon qu'à Nelly de titiller son grand 'pigeon'. On a bien en tête aussi le fait que Catherine Deneuve, bien qu'âgée de dix ans de plus que dans La Vie de Château, fait toujours aussi jeune fille et son interprétation comme son personnage restent délicieux, avec la dose de relevé qui convient. Et LEGRAND fait preuve de tant de finesse, en fondant cordes et cuivres ainsi, en jouant si bien les sentiments ! Idem de la "La Maison aux Oiseaux", qui reprend le thème "Sauvage" avec de belles ambiances dynamiques ainsi qu'un final amusant tout ce qu'il y a de plus classique (deux accords de résolution assénés, comme chez MOZART etconsorts).

Comment encore résister à "Martin et la Mer", mélange de romance et de grande aventure, avec ses envolées vivifiantes façon cormorans, vent du large ? Et "Nelly Rêve", au piano magnifique d'abord puis aux flûtes un peu plus fofolles ? Les deux protagonistes se rejoignent à la fin de la B.O sur "Nelly et Martin", qui commence comme une danse russe massive avant de poursuivre par une ballade. L'arrivée du tandem piano-cordes est magique, le cor revient pour notre plus grand bonheur après que la flûte a mentionné le thème principal. Une belle fin pour... on s'en doute ! Comme on ne sait pas toujours d'avance où Rappeneau va nous conduire, on se délecte énormément de l'exotisme dont il nous fait preuve à sa façon (déjà c'était le cas de la séquence Louisiane des Mariés de l'An Deux, 71), avec des décors superbes et naturels à partir du moment où Martin prend le bateau, sauf pour le côté grisâtre – autant que grandiose - de New York, et puis la fin. Parce qu'il fallait tout de même bien un bout de France, avec, au bout de tout ce temps, l'idée d'une patrie au bonheur montré et épanoui. En plus, Montand finit par retrouver son rasoir !
Vraiment là encore, rien à redire, c'est de l'excellence filmée.

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   MARCO STIVELL

 
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- Michel Legrand (claviers, compositions, orchestrations)


1. Le Sauvage
2. Caracas
3. Chitarre Miezz'a Via
4. La Maison Aux Oiseaux
5. Opera Bouffe
6. Cummara Bella
7. Nelly Rêve
8. Knock On Wood
9. Martin Et La Mer
10. Maracaibo
11. Nelly Et Martin



             



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