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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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- Style : Claude Nougaro

Michel LEGRAND - La Vie De Chateau (1966)
Par MARCO STIVELL le 27 Mars 2025          Consultée 238 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Jean-Paul Rappeneau est l'un des trésors 'plus ou moins méconnus' de notre cinéma français. Huit longs-métrages seulement au cours d'une 'grosse' carrière qui s'étend de 1966 à 2015, à raison d'un ou deux films par décennie (un rythme équivalent à celui de Laurent VOULZY pour la musique, en somme), mais c'est pour de la qualité. Une vraie qualité avec de grands acteurs très connus, des histoires plutôt originales dans le bon sens (quand elles ne sont pas des adaptations littéraires), suffisamment bien tournées pour ne rien laisser voir venir. Avec ça, la qualité d'image, de décors, de bande originale. Si, avec le temps, Rappeneau a gagné le respect de beaucoup en plus d'un succès parfois digne de ses oeuvres, et s'il est devenu vice-président de la Cinémathèque, ce n'est pas pour rien.

Il en va ainsi, après un court-métrage dédié à Auxerre sa ville natale (Chronique Provinciale, 1958) et des collaborations au scénario pour le moins prestigieuses (Louis Malle pour Zazie Dans le Métro, 1960 et Vie Privée, 1961, puis Philippe de Broca pour L'Homme de Rio, 1964), dès La Vie de Château, diffusé en 1966, son seul en noir et blanc. Il lui permet de retrouver Philippe Noiret (déjà bien marquant dans Zazie), un de nos meilleurs bonhommes, marié ici à Catherine Deneuve encore toute jeune. En somme, un de ses trois premiers films notables après Les Parapluies de Cherbourg (1964) puis Répulsion (1965).

On rencontre encore, pour jouer son père à elle, l'Argentin Carlos Thompson en major teuton savoureux et ce cher Pierre Brasseur qui campait de bons rôles dans les meilleurs films de Marcel Carné (Le Quai des Brumes, 1938, Les Enfants du Paradis, 1945) ; quant à la mère de Noiret, c'est Mary Marquet qui, la mène année, joue la mère supérieure du film Seconde Guerre Mondiale comique qui éclipse tous les autres (y compris celui-ci, hélas) à savoir La Grande Vadrouille. Au début du film, censé se passer sur la côte normande près d'Utah Beach (mais tourné en Aveyron et dans les Yvelines) à la veille du débarquement de juin 44, cela commence avec un simple vol de pommes chez un couple noble déchu dans un château plus ou moins en ruines.

On suit les dissensions entre Catherine Deneuve/Marie, jeune épouse qui s'ennuie à la campagne, rêvant de Paris, et Philippe Noiret/Jérôme, amoureux, qui ne veut que sa sécurité et son bien être à elle, et en même temps, l'intrigue du voleur, un capitaine résistant qui se cache et veut aider au débarquement. Sauf qu'il craque pour Marie (et réciproquement), que les Allemands, absents au départ, rappliquent vite, et cela donne quelques situations truculentes faites de malentendus, de répliques et gestuelles très bien tournées dans un ensemble à la fois classieux et vaudevillesque. Ce bijou scénaristique concocté par Rappeneau et quelques autres (dont Claude Sautet) a cela de valeur ajoutée qu'il ne montre le débarquement qu'à la fin, se concentrant sur la diversion par l'arrivée des parachutistes qui précède en ce D-Day réécrit. Il y a aussi Deneuve, impériale en femme-gamine, Noiret un peu étriqué mais qui offre une bonne 'revanche du gentil'.

Cette première réussite accueille déjà Michel LEGRAND à la musique, compositeur favori de Rappeneau à ses débuts (de dix ans !), ce qui établit un lien supplémentaire, et de marque, avec Les Parapluies de Cherbourg, même si, au départ, le compositeur trouve que notre maître à penser bourguignon ne lui laisse pas beaucoup de place, à cause des dialogues. Au final, règne une bonne entente entre les deux artistes, malgré un matériau musical peu étoffé, avec de longs moments de silence et des 'réveils de notes' là où il faut. La Vie de Château n'est en effet pas le genre de film où l'on se farcit le thème principal, si beau soit-il, jusqu'à plus soif (ceci dit sans animosité, mister Mocky !).

Le ('legrand') piano en quatre temps délicat, tout en montées sur tapis de cordes, à l'effet romantique troublé, la réponse un peu plus frivole des flûtes et glockenspiel, la grande intensité qui naît enfin quand les cordes s'élèvent mélodiquement et que le piano fait des montagnes russes, tout cela illustre à merveille le couple principal. Ce thème gentiment mémorable se voit repris ensuite en variations mesurées, encore une fois pour garder quelque chose de raisonnable. Une version courte avec saxophone alto soliste ("La Vie de Château") donne ensuite l'idée de reprendre le même instrument pour le générique final, sur fond d'images parisiennes, évocation d'un rêve de princesse enfin satisfait. Sinon, pour un ou deux moments plus haletants, 'film noir', le cor anglais (hautbois plus grave) prend aussi bien le relais.

Sur le plan secondaire, les chants militaires aussi bien allemands qu'anglais, bien que non inclus à l'EP/B.O. Publié par Philips, font naturellement partie de l'ambiance. La flûte conduit un "Thème des Oiseaux" fort aimable autant qu'est amusante la séquence concernée (Noiret et le jardinier du château débattant de la distinction entre un rossignol et une fauvette, imitations à l'appui). On lui conjugue étroitement le célesta et les violons légers pour la séquence photo impromptue du pré qui (on l'apprend plus tard) doit servir à l'aboutissement du plan allié pour les paras.

Il y a un peu d'illustration sonore toujours bien pensée (bagarre, etc.), mais on note deux jolis petits moments qui sont le "Tango Anglais", bandonéon et flûte mais aussi harpe à l'avant pour même pas quarante secondes, ainsi que la "Valse Pour Piano", autre coeur de l'objet. Prétexte à détourner l'attention du major Siegfried (lui aussi amoureux de Marie, décidément !) et de ses soldats qui ont 'imposé' une soirée-réception à Noiret et à sa famille dans le château, ce morceau précédé d'une autre valse répétitive aux cordes nous offre deux bonnes minutes de plaisir étourdissant. Si tout cela ne figure pas au panthéon des bandes originales françaises, même pas celui de Michel LEGRAND, c'est quand même bien fichu, pour une durée globale menue certes, mais surtout pour un film à revoir !

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Michel Legrand (piano, compositions, arrangements)


1. Générique
2. Valse Pour Piano
3. La Vie De Château
4. Tango Anglais
5. Thème Des Oiseaux
6. Générique Fin



             



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