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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Patricia KAAS - Scene De Vie (1990)
Par MARCO STIVELL le 1er Mars 2025          Consultée 276 fois

À peine le premier pied posé dans un véritable environnement de musique professionnel, Patricia KAAS est donc une nouvelle star, qui chavire entre les bras des hommes autant qu'elle les fait chavirer eux-mêmes. Son personnage est en place, autant que celui de Mylène FARMER depuis quelques temps. Durant la première tournée accompagnant la sortie de Mademoiselle Chante... (sans doute la seule de l'artiste à n'avoir pas donné lieu à un disque live), six mois après celui-ci, sa mère décède d'un cancer ; grande douleur donc mais qui ne freine pas pour autant l'avancée des choses, du moins pas longtemps. Il y a en outre quelques changements notables sur le deuxième album Scène de Vie, paru en avril 1990.

Celui-ci, après la case François Bernheim/Polydor, marque le début d'une signature durable de Patricia KAAS avec Columbia/CBS. L'enregistrement ne se fait plus dans un seul studio (et pas de CBE ni Bernard Estardy à l'horizon pour le coup) mais dans quatre différents à Paris même ou alentour, notamment le Guillaume Tell ouvert depuis quatre ans à Suresnes et en pleine expansion. En outre, autant Mademoiselle Chante... laissait un sentiment d'unité dû à la présence de deux auteurs-compositeurs, Bernheim et Didier BARBELIVIEN, autant ici on ne les croise que la moitié du temps voire les deux tiers, et le reste, c'est un peu le début de la porte ouverte à toutes les fenêtres depuis lesquelles on miroite sur la nouvelle star.

En outre, si Scène de Vie reprend les éléments du premier album, il y a un semblant de conceptualisation (les deux génériques brefs "Thème Montmajour" en début et fin d'album, vocalises sensuels et arrangments grandioses encore noirceur classique et orient). En outre, s'il y a proximité avec Mademoiselle Chante... d'un point de vue thématique et musical, ce n'est pas non plus systématique. Comme une résignation face au départ d'un parent et l'âge adulte, les souvenirs d'enfance sont résumés à quelques lignes sur "Les Mannequins d'Osier".

Morceau franchement colossal d'ailleurs pour débuter, en rythme ternaire bien sûr (comme presque tous les nouveaux titres) avec un effet ballade jazzy et là encore quelques jeux musiciens inattendus, solo de guitare lyrique et la voix éperdue de KAAS sur le refrain ('et les r'garder passeeeeer sur la rivière geléeeeeee'). Du grand art, le plus beau moment de l'album peut-être. Pour l'instant, on savoure toujours les talents conjoints de Bernheim et BARBELIVIEN (on pense ce qu'on veut de lui, mais avec KAAS il a vraiment su donner de son meilleur), avec des arrangements signés Thierry Durbet (révélé par le premier album de STEPHANIE, princesse de Monaco, en 1986) mais tout change ensuite dès "L'heure du Jazz" qui nous rouvre les portes du cabaret en pleine nuit et pour un bon moment.

Miss Patricia remet son costume de diva music-hall qui lui sied si bien, fait des références multiples et fiévreusement aux jazzmen connus, non sans rappeler que cinq ans plus tôt, Michel JONASZ en faisait autant sur l'une de ses chansons les plus connues. Cela tombe bien car au milieu de pointures françaises du genre comme le batteur André Ceccarelli, on rencontre ces chers sieurs Kamil Rustam (guitare) et Jean-Yves d'Angelo (piano, orgue) qui ont tant et si bien soutenu le chanteur à cette époque. Curieusement, on s'attend à ce qu'un bon gros saxophone tel que celui de Patrick Bourgoin s'invite, mais bon. Il est bien présent sur l'album mais méconnaissable, doux et plutôt au soprano, une des surprises d'ensemble, déjà pour "Les Mannequins d'Osier".

Son sax le plus proche du naturel pour une voix comme KAAS, un son aussi 80's encore et une musique pareille (dont on profitera aussi, quoique pas assez, sur son premier live Carnets de Scène en 91 pour la tournée imminente), c'est le ténor de "Coeurs Brisés", moment jazz sentimental sur ce type d'homme inoubliable, malgré le temps qui a passé depuis. Avec cette chanson, on retrouve les bonnes progressions denses du premier album, de même que les soucis féminins et autres parcours difficiles sur les deux suivantes, "Regarde les Riches" et "Les Hommes Qui Passent", ce dernier surtout avec une prostituée qui décrit son quotidien et ses envies réelles à sa maman. Deux nouvelles perles écrites par les deux B, nos amis Didier et François.

Tout n'est pas éclatant cela dit de leur côté non plus : la deuxième face de l'album présente ses moments plus redondants comme "À L'enterrement de Sidney Béchet" ainsi que la romantique "Une Dernière Semaine à New York" qui pourtant développe l'aspect bossa-nova du dernier morceau de Mademoiselle Chante..., en plus long et orchestré. C'est à croire que le personnage-nouvelle star connait déjà ses limites par les créateurs eux-mêmes, et il ne suffit pas de rajouter des guitares rageuses en tapis (sauf pour "Les Hommes Qui Passent") pour rendre le tout plus attirant.

Cela dit, si KAAS elle-même se sent à l'étroit dans son costume et souhaite s'ouvrir, le tout-venant n'est pas non plus la meilleure solution ici. Au milieu de l'album, "Tropical Blues Bar" (avec des paroles de Joëlle Kopf, la même que pour "Femme Libérée" de COOKIE DINGLER) porte bien son nom et reprend le même thème que deux chansons avant (ah, les vréz'hommes !) mais en moins bien. On valide en revanche l'hommage à Bessie SMITH, compo de Pierre Grosz et Franck Langolff, une des idoles de miss Patricia qui dit qu'elle aurait apprécié chanter un duo avec elle. Ballade 80's plus classique où la voix grimpe bien et des choeurs soul s'ajoutent, mais en beauté.

On sent le vent du changement qui va peu à peu s'installer, pas seulement parce que le mur de Berlin est tombé enfin et qu'on se retrouve (hélas du coup) avec moins d'ambiance froide et de mystère venus du nord-est de la France. Sur "Patou Blues", en fin d'album, la chanteuse semble être partie de New York après la chanson qui précède, et a vite gagné les highways américaines, le Midwest voire le désert, avec son pop-rock trucker/routier spacieux, chaleureux. Cette fois, BARBELIVIEN et Bernheim, avec l'empreinte du grand guitariste Claude Samard aux arrangements (comme sur d'autres titres de l'album), semblent vouloir surfer sur le succès récent du groupe TEXAS et leur "I Don't Want a Lover", jusque dans l'emploi de l'harmonica. Avec la voix de KAAS, ça passe très bien en soi, mais niveau cohérence avec le reste, on repassera.

Note réelle : 3.5/5

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Patricia Kaas (chant)
- Thierry Durbet (synthétiseurs, arrangements)
- André Ceccarelli, Claude Salmieri (batterie)
- Jean-pierre Celea (contrebasse)
- Kamil Rustam, Claude Samard (guitares)
- Jean-yves D'angelo (piano, orgue, synthétiseurs)
- Jérôme Gueguen (piano, synthétiseurs)
- Patrick Bourgoin (saxophones ténor et soprano)
- Guy Delacroix (basse)
- Philippe Osman (guitares, synthétiseurs, programmations)
- Antoine Russo (trompette)
- Serge Roux, Pierre Gossez (saxophone soprano)
- Jean-jacques Milteau (harmonica)
- Ann Calvert, Anne Macina (choeurs)
- Slim Batteux, Jacques Mercier (choeurs)
- François Bernheim (choeurs)


1. Générique – Thème Montmajour
2. Les Mannequins D'osier
3. L'heure Du Jazz
4. Coeurs Brisés
5. Regarde Les Riches
6. Les Hommes Qui Passent
7. Bessie
8. Tropical Blues Bar
9. L'enterrement De Sidney Bechet
10. Kennedy Rose
11. Une Dernière Semaine à New York
12. Patou Blues
13. Générique (orchestre) – Theme Montmajour/orchestre



             



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