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Patricia KAAS - Le Mot De Passe (1999)
Par MARCO STIVELL le 31 Mars 2025          Consultée 113 fois

Cela devait bien arriver. La baisse de popularité, d'une part, même si on parle encore de disques d'or pour Patricia KAAS, ce qui n'est tout de même pas mal ; le double de 1997 devient juste un simple en 1999. Et puis ça, comme deux ans plus tôt, c'est 'l'après' par rapport à 'l'avant' qui est l'album lui-même, le plus important. Entre deux, KAAS a tout de même travaillé avec Placido DOMINGO, le ténor espagnol (suivant donc l'expérience auprès de l'Italien Luciano PAVAROTTI au début de la décennie). Un certain Michael JACKSON la convie également un couple de fois sur scène pendant sa tournée Invincible, alors que Le Mot de Passe est publié et signe la fin de la starisation de la chanteuse en France.

Venons-en à l'autre raison du déclin pour ce qui avait, de prime abord, de grands airs de réussite. On se souvient que sur Dans Ma Chair (1997), une des chansons adaptées de l'anglais l'avait été par ZAZIE, devenue star en 1995 avec son album Zen. Qu'est devenue depuis Isabelle de Truchis de Varennes, son vrai nom ? Ex-madame Pascal OBISPO. Non, c'est faux, ils n'ont jamais été mariés, mais leur relation fusionnelle s'est quelque peu étiolée. En 1998, certes, ils ont co-écrit le tube qui amorce la nouvelle partie de carrière de Johnny HALLYDAY, "Allumer le Feu", au milieu d'un album réalisé par OBISPO (Ce Que Je Sais). Et donc ce dernier de fil en aiguille, vient faire de même pour KAAS.

Le sieur Pascalou a dû se raser le ciboulot pour de bon, mais niveau création avec de grands noms, il s'en donne à coeur joie : c'est exactement la même production gris-terne que pour Savoir Aimer de Florent PAGNY, ne serait-ce que pour le morceau-titre et pour "Chanter" qu'il a co-écrits avec son parolier favori, Lionel Florence. Sur Le Mot de Passe, il alterne entre ce dernier et un autre parolier, Didier Golemanas, avec lequel il a travaillé pour HALLYDAY. Et le reste du temps, autrement dit pour deux chansons plutôt qu'une cette fois, Jean-Jacques GOLDMAN vient mettre son grain de sucre. Sans aucune surprise, ces moments-là sont parmi les meilleurs de l'album.

Le problème de celui-ci, c'est que le début est très bon, la fin aussi, mais entre les deux c'est plus convenu. De "Si Tu Rêves" à "Quand Je T'Oublie" inclus, il y a tout un chapelet de chansons pas désagréables mais pas non plus franchement marquantes, où Patricia KAAS donne ce qu'elle peut dans la douceur, parfois dans le lyrisme. Le morceau-tire est une petite réussite grâce à son emballage simple, voix-piano et cordes, son message d'amour qui dure face au temps et à l'éloignement, mais elle est alors un peu isolée.

"J'Attends de Nous", seule à porter la marque de ZAZIE (et où, cette fois, elle n'use pas trop de ses jeux de mots chéris), est un pop-rock électro un peu basique et rébarbatif, un rien dérangeant même avec ces grosses boucles eurodance à la fin. Sur d'autres chansons, on note quelques détails comme l'orgue Hammond des "Eternelles" (merci Georges Rodi) de même que son couple flûte-hautbois joli (à l'inverse de ses cordes 'cotillon'), la batterie reggae de "Si Tu Rêves", la basse veloutée de "Mon Chercheur d'Or" et sa progression vocale, grave et contenue au début, plus épique sur un refrain inspiré.

Pas grand-chose toutefois qui flatte vraiment les sens et la mémoire, d'un point de vue mélodique etc. Même "Quand Je T'oublie", avec ses contradictions au féminin, devrait nous interpeler en tant que blues règlementaire, style avec lequel KAAS est si à l'aise d'habitude, mais non. Quant à "La Clé", elle est minée plus que d'autres par les poncifs de la production made in Pascal Evêque : des cordes, tout le temps, par-dessus un son rock teinté d'électro, tour à tour lent ou enlevé, si grisailleux qu'on a toujours le métro et les murs du baron Haussmann en tête. Une bonne partie de la variété en est contaminée à l'époque ; heureusement qu'on célèbre l'optimisme avec le prochain millénaire !

Tout n'est pas noir encore une fois, et parmi les titres qui échappent à ce constat, on trouve "Une Femme Comme une Autre", pop californienne assez resplendissante, avec une chanteuse qui peut enfin exprimer tout son talent. "Une Fille de l'Est", signature GOLDMAN, nous séduit d'emblée avec son arpège de guitare acoustique (dont joue le principal intéressé) en rythmique chaloupée, tout en douceur mais beaucoup moins 'lorraine' que 'méditerranéenne', sa mélodie chaleureuse pleine d'évidence 90's pour s'accorder aux paroles identitaires, chose qui nous manquait un peu depuis les premiers albums de KAAS. Fierté, générosité etc sont au programme, d'autant plus qu'étant de descendance polonaise, notre Jean-Jacques sait de quoi il parle !

Toujours de lui, "Les Chansons Commencent" fait preuve d'une ambition plaisante, un peu plus dans la dramaturgie avec l'effet choeurs de l'ex-Armée Rouge vers la fin sur du bon rock (spirit of Rouge !), duquel on ne déplore que la première fausse lancée très 'Yvan Cassar' (qui arrange d'ailleurs ici presque toutes les cordes), pour parler un peu de ce qui cloche chez Johnny HALLYDAY au même moment. À l'inverse, "Et Je M'en Veux", chanson de repentir amoureux à fleur de peau en piano-voix tout humble et sans cordes (enfin !), met OBISPO sur un petit piédestal digne de celui qu'il tend à remplacer.

Le plus beau du Mot de Passe demeure néanmoins "Ma Liberté Contre la Tienne", un des derniers grands tubes de KAAS, alternant avec grâce couplets en majeur et refrains en mineur mélodiquement parlant, différentes ambiances pour accompagner en douceur une façon de rompre une relation. Mis à part cette fin instrumentale funky aux cordes orientales, il n'y a rien à redire concernant ce petit bijou rare lui aussi d'un Pascal OBISPO qui sait donc parfois y faire, pour de vrai. Fin de décennie un peu en demi-teinte pour notre Patricia, gardons donc le 'moitié-plein'. Un album qui passe plus qu'il ne KAAS.

3, mais bien payé et grâce à GOLDMAN.

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   MARCO STIVELL

 
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- Patricia Kaas (chant, choeurs)
- Pascal Obispo (piano, claviers, programmations, guitare aco)
- Yvan Cassar (arrangements des cordes)
- Pierre Jaconelli, Hugh Burns (guitares)
- Jean-jacques Goldman (choeurs, guitare acoustique)
- Reggie Hamilton, Laurent Vernerey (basse)
- Abraham Laboriel Jr., Christophe Descham (batterie)
- Jean Mora (orgues)
- Christophe Voisin (claviers, synthétiseurs, programmations)
- Ian Inverd (programmations)
- Denis Benarrosh (percussions)
- Sweetness, Chorale Imporovisation (choeurs)


1. Ma Liberté Contre La Tienne
2. Une Fille De L'est
3. Si Tu Rêves
4. J'attends De Nous
5. Le Mot De Passe
6. Les Eternelles
7. La Clé
8. Mon Chercheur D'or
9. Quand Je T'oublie
10. Une Femme Comme Une Autre
11. Les Chansons Commencent
12. Et Je M'en Veux



             



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