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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Patricia KAAS - Dans Ma Chair (1997)
Par MARCO STIVELL le 28 Mars 2025          Consultée 209 fois

1997, c'est le moment où Patricia KAAS commence d'être un peu moins la chanteuse iconique de ses débuts avec identité forte, pour rentrer dans la cour des chanteuses disons, 'habituelles'. Elle a et aura toujours sa voix à elle, son nom une résonance particulière, mais comme le temps va filer sur sa propre ligne, en parallèle on voit que ses grands succès vont s'amenuiser, son identité moins reconnue pour ce qu'elle avait de précieux.

Pourtant, son succès était devenu avant 95, sinon mondial, en tout cas très répandu dans des pays allant de l'Italie aux confins de l'Asie. Le plan de la chanteuse était même de publier à ce moment même un album en anglais, mais celui-ci est abandonné. Elle sait toutefois que le personnage entre cabaret et princesse orientale doit évoluer. Son quatrième effort, Dans Ma Chair, remplace le projet avorté parce qu'il est constitué des reprises de chansons anglophones traduites en français. Et deux-trois apports originaux pris à droite à gauche viennent combler le tout.

Le morceau-titre (adapté de "Stop the Noise" par Shelly PEIKEN) est formel. On baigne dans une pop-soul où la chanteuse veut jouer la carte sensualité plutôt que 'Kaastafiore', mais cela n'empêche pas que les années 80 sont loin derrière désormais, et que la production massive qui débarque pour les refrains n'est pas la meilleure en soi, ni la plus adaptée. En voyant, aux côtés du producteur Phil Ramone plus ou moins en vue (pour l'ensemble de l'album), des spécialistes de l'époque comme Jeffrey 'CJ' Vanston, Tim Pierce etc, il ne fallait pas en attendre davantage.

Les paroles ne sont pas toujours clairement audibles, et l'on ressent vite le ton 'facile' de la chose. C'est aussi vrai pour "Je Compte Jusqu'à Toi" ("Crime to Be That Cool" d'Alisen LIMERICK), bien que sympathique par ses jeux de mots notamment sur les 'zéros' personnifiés, où l'on ressent bien d'ailleurs l'empreinte ZAZIE, autre star montante elle et qui a adapté le texte.

Les autres efforts du genre sont de Philippe Bergman, sommité en Belgique au même moment : "Sans Toi" (reprise de Diane WARREN) et "J'ai Tout Quitté Pour Rien", dont le relief primal est la voix de Patricia KAAS, toute en beauté pour des phrases souvent désabusées. Pour les choeurs soul, c'est un peu plus fluctuant, tout comme l'inspiration musicale. Cela dit, la "Chanson Simple" (de Lyle LOVETT, chanteur country et ancien mari de Julia Roberts) est aussi enflammée que son titre est humble, et l'on en apprécie l'ambiance acoustique, piano, violon et guitare acoustique en avant.

"Les Lignes de Nos Mains" ("Old Soul" de Trine REIN, on voit au passage que la sélection n'est pas la plus aisée) est aussi très ancré dans les nineties par sa production funky, mais vu que celle-ci s'oriente davantage vers celle, rêveuse, de monsieur William Orbit (avec ou sans MADONNA), on apprécie déjà mieux. Il n'y a donc pas que du monotone, pas même pour la refonte r'n'b en vogue du titre de James TAYLOR, "Don't Let Me Be Lonely Tonight", sur son album One Man Dog (1972) et en duo avec celui-ci d'ailleurs, tout en anglais du coup. L'occasion d'entendre deux voix superbes, bien que pas du tout du même moule, se marier avec force et distinction !

Ceux qui doutent encore du talent artistique de Patricia KAAS pourront pointer du doigt le faire que l'album manque de chansons marquantes, et ça c'est vrai, encore que pas 'cruellement'. La rêveuse "L'amour Devant la Mer" ne fait pas exception, certes, pas plus que la chanson du saxophoniste Kirk WHALUM, "When the Night Rolls In", ballade lente transformée en "Je Me Souviens de Rien" par un certain Jean-Jacques GOLDMAN. Quant à la seule incursion originale du tandem béni des débuts de Patricia, à savoir François Bernheim et Didier BARBELIVIEN, "Je Sais", elle offre un bon feeling folk-country avec guitares slide, mais sans plus.

On retrouve d'ailleurs la KAAS d'avant sur "Fais-Moi l'Amitié", curieux choix que l'on doit au génial batteur Christophe Deschamps, pourtant absent autrement ici (il l'avait enregistrée sur son album En l'Air, 1995). Une ambiguïté torride, des paroles évoquant l'alcool, une musique adaptée, bref un bel ensemble comme on aime, taillé sur mesure pour la chanteuse, tout comme d'ailleurs pour ce slow killer qu'est "Sans Toi", la plus réussie des adaptations.

Mais un nom devrait vous mettre la puce à l'oreille, c'est celui de GOLDMAN, qui cette fois n'a plus aucune raison de se cacher ! Si, si, on l'a vu auprès d'une autre blonde à forte organique vocale, deux ans plus tôt, plutôt québecoise celle-là et mieux que tout autre chose d'ailleurs. Outre sa traduction mentionnée plus haut, il signe seul, chose rare ici, le texte et la musique de "Quand J'ai Peur de Tout", morceau introductif déjà d'une belle qualité. Certes, il y a ces percussions africaines un peu légères, ces choeurs soul emphatiques, mais aussi ce vent de fraîcheur douce dans une chanson froide (difficile de dire autrement), cette prestation de femme fatale, ce petit synthé lead...

Il y a surtout "Je Voudrais la Connaître". Là, GOLDMAN se venge à nouveau mais gentiment bien sûr, et de son petit frère, Robert, dont le talent vient d'éclore au grand jour avec "Je Sais Pas", une des seules chansons mais l'unique tube en revanche que Jean-Jacques n'a pas composé de l'album D'Eux (1995, best-seller pour Céline DION, pour la France musicale entière hors des frontières). C'est clair comme de l'eau de roche, avec ce trois temps valsé lent, ces percussions programmées telles un battement de coeur, et cette sensualité distillée, tout simplement.

GOLDMAN, avec "Il Me Dit Que Je Suis Belle" en 1993 (album Je Te Dis Vous), avait déjà offert à Patricia KAAS l'une de ses chansons les plus fortes, qu'elles soient dédiées à d'autres comme les siennes pour lui-même. Il réitère l'exploit avec "Je Voudrais la Connaître". L'angélisme contagieux n'y est plus, là c'est la désillusion totale, la diva chancelante et même la jalousie vénéneuse quand, en tant que femme, on se voit remplacée par une autre auprès de l'homme qu'on aime, rupture consommée ou non. L'insistance éperdue de "Pour Que Tu M'Aimes Encore" (grandiose aussi, toujours, quoiqu'on en dise), traitée autrement. Brillamment. Et de surcroît, c'est le single porteur.

Rien que la nappe de synthétiseur en accords amples et majeurs, dès le départ, c'est 'so Jean-Jacques', et en ce milieu d'années 90, cela sonne merveilleusement, en plus avec la voix grave de Patricia. La mélodie garde le même schéma entêtant, mais au fil des mots, l'ensemble s'élève. Il n'y a pas vraiment de refrain, c'est vrai. Par contre on tombe sur ce pont formidable fait de modulation, de sonorités symphoniques, timbales d'orchestre etc, déjà moins GOLDMANesques (merci, immense Roland Romanelli, de si bien seconder l'intéressé principal quand Erick Benzi est en congé), et Patrice Tison qui gère un duo de guitares électriques jumelles comme du petit lait. Bravo Madame, bravo les Amis. Il y a plus de génie là-dedans, de sonorités saisissantes que ce qu'un certain 'Pascal évêque' chauve nous réservera pour l'album suivant !

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   MARCO STIVELL

 
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- Patricia Kaas (chant)
- David Spinozza, Tim Pierce (guitares)
- J. T. Corenflos, Ira Siegler (guitares)
- David Brown, Josh Sklair (guitares)
- Claude Samard, Patrice Tison (guitares)
- Franck Langolff, Dominique Garriot (guitares)
- John Leventhal (guitares)
- Mike Leech, David Finck (basse)
- Jody Cortez, Hervé Koster (batterie)
- Chris Parker (batterie)
- Jeffrey Vanston, Rob Mounsey (claviers, programmations)
- Roland Romanelli, Guy Roche (claviers, arrangements)
- Alexandre Rasse (claviers)
- Marc Chantereau, Bashiri Johnson (percussions)
- Sue Ann Carwell, Diva Gray (choeurs)
- Darryl Tookes, Sonia Lutbert (choeurs)
- Philippe Bergman, Jill Dell'abate (choeurs)
- Carole Fredericks, Ann Calvert (choeurs)


1. Quand J'ai Peur De Tout
2. Dans Ma Chair
3. Chanson Simple
4. J'ai Tout Quitté Pour Rien
5. Je Me Souviens De Rien
6. Les Lignes De Nos Mains
7. Je Sais
8. Je Voudrais La Connaître
9. Fais-moi L'amitié
10. L'amour Devant La Mer
11. Je Compte Jusqu'à Toi
12. Sans Toi
13. Don't Let Me Be Lonely Tonight (feat. James Taylor



             



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