A Whiter Shade Of Pale est le successeur direct de Love’s In You, Love’s In Me, sur le plan chronologique évidemment, et de par l’apparition de Chris Bennett en guest star, bien sûr. Mais A Whiter Shade Of Pale réussit surtout là où son prédécesseur a échoué : la fusion de la MUNICH MACHINE et des oripeaux électroniques et rythmiques de From Here To Eternity (1977). Les chaises musicales continuent et de nouveaux musiciens affluent d’album en album. La section de chant reste la même depuis le précédent album, seul Thor Baldusson n’étant pas de retour après Love’s In You, Love’s In Me.

Autre particuarité de cet album : les trois morceaux par face ne sont jamais enchaînés. Ça peut paraître tout bête, mais après la suite franchement bancale de Love’s In You, Love’s In Me, c’est plutôt un soulagement. Oubliés les enchaînements approximatifs, oubliés les claviers vasouilleux! Nous sommes en présence de six chansons à l’instrumentation éclectique mais stable et cohérente, entre la base guitare-basse -batterie complétée par le séquençage électronique, les indéboulonnables cordes et cuivres, et le saxophone. Tantôt sensuelle et diaphane, tantôt sévère et intense, toujours bien soutenue par les chœurs, la chanteuse Chris Bennett y trouve bien mieux sa place que sur le précédent album.

Quant aux compositions en elles-mêmes, là aussi le résultat est plus stable que sur Love’s In You, Love’s In Me. Pour autant, le morceau-titre, repris au premier album (1967) du groupe de rock psychédélique PROCOL HARUM, est excessivement cajoleur et pourrait nous passer l’envie de découvrir cet album plus avant. La suite est heureusement plus sérieuse, en tout cas moins affectée; "It’s For You", "It’s All Wrong (But It’s Allright)" et "Love Fever" sont tous réussis.

Deux morceaux mettent complètement l’orchestre de côté et se recentrent sur la rythmique et les synthétiseurs. "La Nuit Blanche", basé sur le célèbre thème de "Also Spracht Zarathustra" de Richard STRAUSS, est le seul instrumental de l’album, bizarre mais ô combien efficace. Enfin, mention spéciale au vocoder et au séquençage ravageur de "In Love With Love" (gné?) qui tutoie l’excellence de "Chase" et From Here To Eternity. Giorgio MORODER à son meilleur, tout simplement, à se demander pourquoi il n’a pas signé cet album de son nom.

Pour conclure… et puis zut, un très bon album de plus à l’actif de Giorgio MORODER avec sa formation à géométrie variable.