Parenthèses a vraiment été un cas particulier dans la carrière de SOUSBOCK. Il est, de base, à la fois un disque de démos (comme précisé dans le livret), et à la fois concrétisation la plus belle des premières années du groupe venu de Montpellier, quand il y avait une proximité certaine niveau écriture comme interprétation entre Sébastien et Aurélien, les frères Bournier. Les autres premiers albums, Compte à Rebours puis Une Ombre Qui Danse marquent par la suite un éloignement, maintiennent Sébastien Bournier en tant que voix principale et dirigeant du projet, bénéficiant de meilleurs méthodes d'enregistrements comme de rencontres.

L'intéressé n'ayant jamais été totalement satisfait de ce troisième album, en 2006 donc créé avant mais sorti officiellement après les deux autres dans un souci de continuité, il décide d'en faire une nouvelle version deux décennies plus tard, ou presque. Le choix de ne pas attendre se manifeste, allant de pair avec la félicité enfin permise et entière, face à la réussite du réenregistrement. D'autant plus que peu de choses d'origine en dehors des compositions mêmes ont été gardées, et il s'en est passé des choses, en vingt ans ! Et en premier lieu, le père de SOUSBOCK a eu lui-même deux enfants, Pierre et Chloé, qui ont suffisamment grandi et fait preuve de talent musical, lui à la guitare notamment et elle au chant, pour figurer ici auprès de lui.

Quel bonheur donc d'entendre le hanté et bien connu "Un Mirage", morceau très typique de l'époque 'GarageBand' de SOUSBOCK dans ses arrangements – revus ici en grand donc ! - et hormis le solo d'Aurélien, rehaussé par la présence de Pierre Bournier à la guitare électrique, sachant qu'il est tout aussi virtuose à l'acoustique pour son jeune âge. Plus discret ensuite, dans les chœurs ou une poignée d'accompagnements au cours d'autres morceaux ("Encore", "Le Choix des Armes"), il laisse une part belle à Chloé, sa sœur. Cette vraie surprise vient d'abord sur "Un Moment d'Egarement", où la demoiselle s'illustre d'emblée comme la seconde voix idéale qui manquait à son père, Sébastien dont le timbre n'a absolument pas changé (au point que l'on peut se demander un instant s'il a dû se réenregistrer !).

En pleine adolescence, elle aussi fait preuve d'un grand talent avec une franche maturité, et l'on peut y goûter de plus belle sur "Si Seulement". Autrement dit, 'le' temps rock et fort du milieu de Parenthèses dont Sébastien Bournier, mentionnant quelques grandes passions toujours vives au milieu de regrets, a joliment remanié quelques paroles (de 'Philou et ses baguettes' à 'Phil Collins, ses baguettes', il y a là meilleure clarté pour, si un jour, la place de 'tube' est atteinte comme il se doit !). Idem pour "Chez Moi", la chanson la plus douce, folk et qui n'a rien perdu de sa superbe simplicité avec, pareil, un ou deux changement notable, l'esprit de famille y étant cette fois explicitement apporté sans oublier la maman, Vanessa Bournier. Elle rejoint d'ailleurs époux et enfants pour les voix du "Choix des Armes", qui surpasse sans mal sa première version de fait, mais pas que pour cela.

Cette relecture de Parenthèses en famille a un prix, et le seul morceau sur lequel figurait 'tonton' Aurélien Bournier dit Oreille, "Prendre le Temps" qu'il avait d'ailleurs écrit seul, n'est plus de la partie, et auquel se substitue "Longtemps", élément unique de SOUSBOCK complété en écriture qui n'avait jamais servi. Un joli titre sous forme de ballade, tout comme celle qu'elle remplace mais en moins lyrique et plus posée, de quoi permettre à "Chez Moi" de se sentir moins seule, et avec ici le piano en avant. Il est joué par Nicolas Leroy/Nicozark, vieux compagnon de route désormais, lui non plus guère isolé en termes amicaux fidèles et appliqués dans cette démarche de refonte. Il suffit d'écouter les guitares GENESIS-hackettiennes en lead du début du disque, sur les piliers d'ouverture que sont le planant "En Première Ligne" et ce "Quelques Coups Bas de Plus" tonitruant et mémorable à échelle pop-rock.

Un plaisir que l'on ne saurait bouder, idem que pour les guitares acoustiques elles par contre, arpégées et roulantes, ajoutées sur "Encore", à nouveau proche de GENESIS époque classique, sans parler de ces percussions sur le bois de l'instrument même ! Avant cela, "Besoin de Marcher", planante, est passée du rang de 'simple transition' à celui de grande chanson à part entière, ambiances aidant. Si l'instrumental "La Nuit, la Lune, la Pluie" a moins 'bougé' que les autres, conservant les boucles GarageBand, on reconnaît toujours facilement un apport, un remaniement salvateur, ne serait-ce que dans la résonance, par exemple une réverbération plus 'chaude'. Et, last but not least, "Cicatrise", ballade noire et céleste, en profite également, mieux spatialisée, plus riche en beaux synthétiseurs, entêtante...

Pour tout cela, c'est une nouvelle rencontre à ne point manquer ! En attendant d'entendre les enfants Bournier davantage sur la scène musicale, en famille ou en dehors...
Note réelle : 4,5 pour l'initiative et le soin apporté.

Sortie officielle le 13 juin.