Ils sont immanquables ! Cette armée d’ivrognes grands breton n’a plus sa réputation à faire et dans le genre fêtards, voilà un groupe qui assume à fond son personnage ! L’énorme Buster Bloodvessel est toujours en bonne place animateur hors pair du vaisseau des mauvaises manières. La carrière de nos sympathiques skinheads continuent de se dérouler sous les meilleurs auspices, nous en sommes déjà à leur cinquième offrande en quelques années et pour le moment tout se passe bien, il faut juste espérer que la mode pour le ska two tone ne se dissipe pas d’un seul coup !

Nous sommes d’ailleurs d’emblée surpris par le ton de la composition d’intro "What The Papers Say", qui emprunte un max à la new wave alors très en vogue en ce début de décennie. On quitte le pré carré habituel des dégénérés pour un son plus mainstream et taillé pour les dancefloors que pour les party after foot au pub. Le refrain n’est pas désagréable mais on risque de tiquer sur les sonorités très kitsch des claviers. Le refrain de "Body Talk" confirme cette nouvelle orientation, toutefois certains aspects rocksteady continuent de mettre en branle l’énorme machine et Buster continue d’éructer tel le cochon dans sa bauge, mais l’évolution est notable.

Dieu merci, nous avons ici une ode au beau temps et à la bonne humeur avec "Blue Summer", ce titre est un véritable bonheur et pioche plus dans la répertoire des collègues de UB40 que de MADNESS, mais l’ensemble sonne magnifiquement, ce refrain va vous coller à la mémoire sitôt écouté, à mon sens un des grands classiques des BAD MANNERS, inoxydable ! A nouveau, nous sommes plus reggae mainstream que réellement ska sur la cool "Tossin In My Sleep". L’identité jamaïcaine prend le dessus sur "Destination Unknown" et nous reprenons enfin le cours des aventures ska avec la tressautante "Tie Me Up".

La gaieté reste un des éléments essentiels de nos pochtrons, ainsi la rigolote "Bang The Drum All Day" se laisse super bien écouter, puis brailler. Ca le fait encore mieux, une pinte de guiness à la main à 4 heures du mat ! Hélas, la fin de ce cinquième opus n’est pas vraiment à la hauteur puisque nous enquillons plusieurs titres assez inutiles… "Mountain Of Love" risque fort de vous endormir sec. "Work", un terme quasiment prohibé vue la morale du groupe qui a toutes les difficultés du monde à en faire un morceau écoutable… Logique non ? "Saturday Night" termine cette petite ronde avec au moins plus de bonne humeur.

Nous restons dans la première division des groupes de ska de cette fastueuse décennie colorée des eighties. Les couleurs sont vives et criardes, les personnalités sont énormes, leur musique ne révolutionne pas la face du monde mais nous avons toutefois le plaisir de signaler la présence de "Blue Summer" sur cette galette à la pochette digne des secteurs fermés de la psychiatrie ! Je reste sur un 3 évident.