Suite à Mental Notes, les gars aux mauvaises manières ont tourné tels des brutes pendant plus de deux ans puis ont décidé de mettre le groupe en hiatus de manière indéfinie. Buster a créé un espèce d’ersatz de groupe pour continuer de tourner dans le grand Londres et ça s’est tellement bien passé qu’ils ont décidé de reformer le groupe. C’est souvent comme ça avec le ska, on aime toujours les gentils ivrognes, on leur pardonne beaucoup de choses. Et c’est ainsi que naît ce LP en hommage aux westerns de Sergio Leone sur le label auto-créé du groupe, le Blue Beat records, dont les locaux sont au fond du jardin de chez Buster. Ils ne font jamais rien comme personne je vous le fais pas dire !

"Skaville UK" est le single tressautant chargé de porter la bonne parole du ska dans les esgourdes de la jeunesse de cette fin de décennie des eighties. Si vous n’avez pas envie de sauter sur place à l’écoute de ce titre tout con mais diablement efficace, c’est que vous n’êtes pas très gentil ! Un vrai petit plaisir pour tous les mélomanes de ce monde ! Et nos coquins de poivrots ont de bonnes idées comme reprendre le thème de la série télévisée Bonanza avec "Bonanza Sky", c’est d’une redoutable dynamique, je vous défie de ne pas avoir envie de courir sur place là-dessus ! "Buffalo Ska" est du même tonneau, toutes ces petites références américaines aident notre troupeau d’ivrognes désoeuvrés à remplir le contrat de manière optimale, c’est bien agréable et re-voilà un nouvel harmonica, puis une trompette d’obédience spaghetti western !

Nous avons deux reprise de Laurel AITKEN, le parrain du ska sur cette galette ! Le rythme reste donc alerte avec "Sally Brown", ses petits notes d’orgue typiques du rocksteady c’est tout de même supra efficace ! Les petits cuivres ne sont pas en reste et on est reparti à courir sur place sur des paroles à la limite du neuneu ! Puis comment ne pas s’esbaudir de joie devant la gaieté dispensée par la fabuleuse "Hey Little Girl" et le ton détendu du gland de Buster, les cuivres festifs, on est sur du quasi rock’n’roll et c’est drôlement cool ! "This Is Ska" est une manière évidente de finir le skeud sur un rythme qui oscille entre un Peter TOSH sous amphétamines et la BO de James BOND. On sent que les psychotropes sont à l’oeuvre de manière omniprésente en plus des pintes…

Nous sommes quasi reggae sur "Since You’ve Gone Away", plus cool, à la limite de tomber dans les vapes suite à trop de chichon… Avec "Rosemary", on est sur un quasi doo-wop au rythme soutenu assez sympa. Buster répète à l’envie "Return Of The Ugly" sur le titre du même nom avec là encore un certain succès. On repart dans le train de la nutty walk à la MADNESS sur "Memory Train", c’est agréable et sans prétention, du ska two tone classique. Le bonus "Rocksteady Breakfast" est aussi tout à fait recommandable, super smooth, l’orgue sonne magnifiquement sixties, un rocksteady vraiment cool qui permet au piano puis à l’orgue de se ménager des espaces d’improvisation sympa. Enfin, on reste dans les ambiances déglinguées du ska avec "Baby Elephant Walk" où la gratte de Louis Alphonso profite de tout un espace rien que pour elle, c’est rare !

Cette espèce d’atmosphère ricaine est la plus réussie de la discographie des BAD MANNERS à ce jour, à l’évidence on sent qu’ils ont réussi à garder les éléments les plus probants de leur succès en leur adjoignant une dose de "sérieux"… Quoi qu’il ne faille pas exagérer là-dessus quand on s’appelle Buster Bloovessel !! C’est donc un quatre mérité pour cette sixième offrande.