"Ce n'est pas parce qu'on a pris quelques rides qu'on va s'arrêter de faire les zouaves !" Ainsi débute sur cette répartie fort judicieuse, l'analyse de la douzième - si si, l'album The madness aussi allons - oeuvre des dingos londoniens de MADNESS. Bien entendu, le temps fait son oeuvre malgré tout, ainsi le délirant Cathal "Chas smash" SMYTH s'en est allé il y a deux ans, ayant envie de voler de ses propres ailes après un divorce rugueux, et pour son album solo tout à fait recommandable. Mais c'est aussi le retour définitif du bassiste Mark Bedford. Cela dit, Suggs, Barso et Kix sont toujours aux commandes du vaisseau pompier amiral de la flotte du ska ! Traduction : aucune chance de s'ennuyer dans le coin ! Alors c'est parti, toutes sirènes dehors !

L'album est précédé de deux singles : la piano truculent de Mr Barso mène le rythme chaloupé de "Mr Apples", ou l'on reconnaît instantanément la voix de Suggs, les trademarks du groupe sont présents, on se croirait en 81 parole ! Des mélodies pop en veux-tu en voila, très sympa ! cela peut-il fonctionner en 2016 ? Pas évident, mais allez savoir avec ses damnés rosbifs, d'autant que la sympathique vidéo tient la route  ! Au tour de "Herbert" - une autre superbe vidéo, quel plaisir ! -, un titre plus feutré, une histoire de drague qui revient aux bases du rocksteady pop cher aux gars de Camden town.

Les titres les plus marquants de cette livraison 2016 sont toutefois à chercher ailleurs, je vous engage vivement à l'écoute "Grandslam" au refrain carrément jouissif, la gratte canardesque et le rythme ska vont vous y donner des envies de pratiquer la nutty walk avec vos camarades de beuverie en sortant du pub, c'est garanti ! D'ailleurs puisque nous y sommes, essayez donc aussi l'épique "Whistle in the dark", une vraie chanson pour boire, un truc qu'on embraye à 5 heures du mat à ce même endroit, une vraie petite merveille pour zigzaguer dans la rue et vomir à quatre pattes dans les caniveaux de Londres ! Quelle ambiance de cintrés !

Les titres pop ska sont aussi à l'honneur et sont souvent jubilatoires, comme des BEATLES passés à la moulinette jamaïcaine, la recette de la tow tone ! Voyez donc cette "Blackbird" au titre prédestiné, avec cette ambiance de trottoir londonien. "I believe" oeuvre dans la popsteady avec son joli refrain. Suggs y mène la danse et les petites parties de piano de Barso sont bien sympas. "Don't leave the past behind you" est plein de cuivres et donne envie de bouger, nous restons dans les ambiances chères au groupe, pourquoi changer une recette parfaite ?

Quelques superbes délires ska : ainsi, "Given the opportunity" mixe plusieurs aspects chers aux louftingues, de jolies orchestrations qui soutiennent à merveille le chant, un morceau ambitieux très réussi, d'autant que les rythmiques tressautantes sont de la partie ! "Mumbo jumbo" comme son titre l"indique vous invite fortement à intégrer la ronde des cinglés. Kix s'y éclate et même si la complémentarité Chas-Suggs manque ici un brin, le résultat n'en est pas moins savoureux ! Jusqu'à l'intervention de Stuboy à la gratte !

Et puis quelques trucs différents... Le coté psychédélique et le chant de Suggs sur "Soul denying" rappelle les seventies de David BOWIE. "Pam the hawk" sur un rythme à la "Fever" présente une autre facette du groupe, plus smooth, même si Suggs n'est pas Chris REA allons ! C'est le cockney McPherson qui chante et ça s'entend ! Le titre éponyme "Can't touch us now" surprend par une ambiance plus sérieuse que d'ordinaire. Pas mal.

Album fleuve, les fondus d'outre manche avaient des trucs à nous dire. Le risque n'est pas absent lorsqu'on choisit d'enregistrer 16 titres. Pourtant le pari est plus que tenu car il n'y a la dedans pas le moindre filler ! Pas une once d'ennui à son écoute mais bien un réel plaisir ! Quel bel exemple de longévité tout de même ! les MADNESS sont bel et bien vivants, plus talentueux que jamais. Un grand bravo !