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JAZZ-ROCK  |  STUDIO

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- Style : The J. Geils Band , Blood, Sweat & Tears, Al Kooper

CHICAGO - Chicago Vii (1974)
Par ARCHANGEL le 21 Mai 2025          Consultée 697 fois

On aurait pu croire, après six albums studio et un live en à peine cinq ans, que l’inspiration de CHICAGO se tarirait ou que ses membres voudraient prendre des vacances bien méritées. Mais non. Après le très concis Chicago VI, la bande de Chicago a les batteries créatives remplies à bloc et revient sans perdre de temps en 74 avec un format long, Chicago VII, 15 morceaux, deux vinyles, comme une déclaration d’amour à l’abondance musicale qu’on lui connaît. Et que voulez-vous, quand l’inspiration est là, on ne la censure pas.

Les 25 premières minutes de l’album sont un manifeste : 5 chansons purement instrumentales qui révèlent la démonstration du savoir-faire de CHICAGO, aussi bien dans la jam maîtrisée que dans la composition pointue. Le groupe retrouve la logique de ses débuts : une musique vivante, foisonnante de sons, où les instruments sont en constante conversation, clairement influencée par le jazz. "Prelude To Aire" est une mise en bouche pleine de texture signée par le batteur, Danny Seraphine. Le tempo est marqué par des percussions latines jouées par leur acolyte brésilien, Laudir de Oliveira, qui entrent en fusion avec la flûte lancinante de Walter Parazaider. Ça respire des racines aussi jazz que tribales, avec de superbes libertés rythmiques qui sentent bon l’improvisation par moments.

Puis vient "Aire" où la flûte et les percussions sont rejointes par le clavier électrique de Robert Lamm pour créer un tapis sonore sur lequel les cuivres se posent avec l'assurance confondante que j’aime tant chez CHICAGO. Les choses s’amplifient, c’est un jazz-rock progressif, millimétré sans jamais être figé, sans renier les structures claires et la mélodie, où Terry Kath entre en jeu, à la guitare évidemment, apportant la tension mais aussi la pulsation du jazz fusion. Il y a aussi James Pankow et Parazaider qui s’envolent au trombone et au saxophone dans un style très articulé, une montée en intensité idéale pour débuter une journée ensoleillée. "Devil’s Sweet" est une longue suite de dix minutes co-écrite par Seraphine et Parazaider comme un acte dramatique, plus mystérieuse et plus tendue que quand on écoutait la flûte gazouiller comme un oiseau en début d’album. Très jazzy et expérimentale au possible, la chanson met en avant une batterie brossée, des éclats de cymbales, des synthés, des percussions en cascade et la précision des cuivres. C’est smooth, intelligent, bref tout ce qu’on aime.

"Italian From New York" est moins à mon goût mais il n’en reste pas moins un bon titre haut en couleurs qui illustre une autre facette de CHICAGO. Son intro électronique déroute un peu avec ses nappes de synthés et ses effets sonores syncopés mais rapidement, le morceau trouve son assise grâce à la guitare bondissante de Terry, apportant un côté funk, renforcé par les déflagrations de cuivres. Une chanson curieuse mais où on sent le groupe s’amuser à brouiller les pistes avec la technique habituelle. CHICAGO explore encore sur "Hanky Panky", court mais sur lequel on se délecte du trombone de James, tout en glissés sensuels. Moins complexe et plus direct, "Hanky Panky" agit comme un pont vers "Life Saver", un super titre composé et chanté par Lamm. Retour au chant et retour au groove, la basse profonde de Peter Cetera est au service d’une trame dansante dont le hook reste gravé dans la tête.

À partir de là, CHICAGO déroule un sacré éventail de chansons. Le groupe s’autorise la douceur d’une petite ballade acoustique, "Happy Man", chantée par Cetera. Terry remplace Peter à la basse mais elle est surtout portée par de très belles percussions latines toujours orchestrées par De Oliveira, qui montrent l’ouverture artistique d’un groupe capable d’empiler les instruments sans en faire trop. J’ai plus de mal avec l’un des grands succès de l’album, la ballade pop orchestrale "(I’ve Been) Searchin’ So Long" bien que ce soit un single très soigné avec la guitare wah-wah de Terry et une sublime section de cordes assurée par le compositeur Jimmie HASKELL. J’ai bien accroché à "Mongonucleosis", un funk latin endiablé sur lequel l’ambiance est à la fête et où tous les instruments explosent de joie, totalement l’inverse de l’intro moody qu’on retrouve sur jolie ballade jazzy "Song Of The Evergreens", écrite par Kath et interprétée par le trompettiste Lee Loughane.

"Byblos" est un magnifique morceau de Kath, acoustique et un peu blues, aux accents exotiques, avant de virer plus électrique et de se terminer dans un solo de guitare plein de réverbe. J’ai aussi vraiment aimé le single "Wishing You Were Here", une belle petite ballade chantée par Terry et Peter, sublimé de touches psychédéliques et de choeurs cosmiques ultra efficaces assurés par Carl et Dennis WILSON ainsi que Al Jardine des BEACH BOYS, avec qui ils partageront la tournée Beachago l’an suivant. On retrouve la richesse sonore de CHICAGO dans le single "Call On Me" et c’est la première fois qu’on retrouve Loughane à l’écriture d’un titre du groupe, un morceau au rythme gai qui parvient à être à la fois pimpant et accessible.

J’aime aussi la fin de cet album, deux chansons qui montrent que si Chicago VII tire en longueur, c’est parce qu’ils le veulent bien. Quand ils font du jazz, ce n’est pas pour la critique, quand ils jouent de la pop, ce n’est pas pour les radios et quand ils plongent dans le funk sur des morceaux comme "Women Don’t Want To Love Me" ou "Skinny Boy", c’est tout aussi naturel. C’est Lamm qui cède ce dernier titre conçu pour figurer dans son premier album solo du même nom qui sort la même année. Les POINTER SISTERS injectent une teinte soul à ce charmant morceau final délicieusement naïf mais je préfère malgré tout l’ambiance plus mordante de "Women Don’t Want To Love Me" où la guitare de Kath claque comme un coup de fouet et toujours, ces cuivres flamboyants et débridés.

Chicago VIII pose un cadre ; celui d’un groupe qui connaît ses forces, qui n’a plus rien à prouver mais qui s’offre le luxe de s’exprimer librement en se permettant toutes les incursions. Jazz instrumental, bangers pop, ballades orchestrales, soul douce, rock progressif. On croise ici des éclats de funk latin sublimes, grâce à de belles percussions chaudes qui s’amusent dans des cycles complexes avec une rigueur irréprochable. Inlassable machine à groove, CHICAGO poursuit l’aventure musicale avec cet album pensé selon son propre lexique : inventif, électrique, propre sans être lisse, généreux. Un disque long mais jamais trop, alors pourquoi bouder son plaisir quand l’inspiration est belle et bien là ? Chicago VII ne se bride pas, il déborde et il le fait très bien.

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   ARCHANGEL

 
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- Robert Lamm (chant, claviers, piano)
- Peter Cetera (chant, basse, guitare)
- Terry Kath (chant, guitare, basse)
- Danny Seraphine (batterie, percussions)
- James Pankow (trombone, percussions)
- Lee Loughnane (chant, trompette)
- Walter Parazaider (saxophone, flûte)
- Laudir De Oliveira (percussions)
- Jimmie Haskell (cordes)
- James William Guercio (basse, guitare)


1. Prelude To Aire
2. Aire
3. Devil’s Sweet
4. Italien From New York
5. Hanky Panky
6. Life Saver
7. Happy Man
8. (i’ve Been) Searchin’ So Long
9. Mongonucleosis
10. Song Of The Evergreens
11. Byblos
12. Wishing You Were Here
13. Call On Me
14. Women Don’t Want To Love Me
15. Skinny Boy



             



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