Début 83, Huey Lewis and the News n’est qu’un groupe californien parmi tant d’autres. Le grand Huey a déjà eu sa petite heure de gloire avec le groupe Clover dans les ‘70s’, puis a même participé au sublime Live de Thin Lizzy « Live and dangerous » à l’harmonica. Mais nous n’avons pas ici affaire à un groupe classique : les gars sont rompus à toute forme de joute scénique, et sont de véritables professionnels. Lewis, personnalité attachante et saine, est une grosse tête : mais si ! Le grand blond au physique de tombeur a obtenu un parfait 800 à ses SAT de math, lui donnant le droit d’intégrer les plus prestigieuses facs américaines. Mais son destin est tout autre, il n’en doute pas, au lieu d'intégrer le MIT, il préfère partir sur la route avec ses potes musiciens. La suite lui donnera raison.

Après deux albums sympatoches, cet album va ouvrir à nos plagistes les portes de la renommée internationale. Le skeud s’ouvre sur un méga classique « The heart of rock’n’roll », qui représente la facette la plus mainstream du groupe : rythme sympa, paroles acerbes qui valent quelques difficultés à Huey et rengaine évidente : gros succès !
Mais c’est avec le tube interplanétaire « I want a new drug » que nos ricains deviennent des superstars : son riff de guitare, les interventions lumineuses du soliste Chris Hayes, ainsi que le ton dynamique avec lequel Lewis déclame des textes souvent gênants pour les bien-pensants, tout cela donne un franc succès ! Cette chanson sera d’ailleurs le centre de l’une des plus grosses transactions jamais réalisées dans le show-biz : en 85, Ray Parker Junior signe le Hit « Ghostbusters » pour le film du même nom. La ressemblance est frappante : les News attaquent en justice pour ce vilain pompage, l’affaire se règle à l’amiable, avec un chèque comportant 7 zéros… Elle est pas belle, la vie de rock star ?

Des hits, encore des hits : l’album en est bourré jusqu’à la gueule… « Bad is bad » et son faux rythme doowap, « Heart and soul » avec un riff que ne renieraient pas Aerosmith ou AC/DC.
On pourra objecter que « Walking on a thin line » a un peu vieilli, et sonne (merveilleusement) ‘80s’, mais le refrain reste en mémoire, avec cette basse qui arrache les tympans… Et puis il y a « Finnaly found a home », à l’intro quasi-sudiste mais aux claviers aujourd’hui qualifiés de « cheap ». Que du bonheur !
Un autre grand succès du Billboard est le slow sirupeux « If this is it », au lick de guitare propice au clin d’œil du dragueur. Nous nageons là dans la recette magique des News : refrain scandé par Huey pendant que les News "doowapisent" derrière, petite guitare polissonne. Terriblement efficace ! Cela semble facile, il ne faut pas s’y tromper : ce n’est pas de l’« easy-listening », les chansons sont travaillées par de grands professionnels doublés de compositeurs reconnus.
L’album s’achève sur la reprise d’un très grand monsieur des années pré-rock : le grand Hank Williams et son « Honky tonk blues ». Et comme toujours les News s’en sortent remarquablement, avec beaucoup d’humour et le respect de l’œuvre originelle (l’intervention de la lap steel guitar !). Lewis et ses sbires prouveront d’ailleurs leur amour des grands classiques des ‘50s’ en enregistrant la décennie suivante un album uniquement composé de reprises des grands anciens.

Dix millions de rondelles estampillées "sports" seront vendues aux seuls USA... Enfin à 33 ans, la reconnaissance pour le grand blond à la fossette !