Mon estimé collègue Marco Stivell ayant fait pour FLEETWOOD MAC un travail remarquable en tous points, je vous renvoie à ses chroniques pour toutes les précisions essentielles sur Stevie, ses excès, ses préférences sexuelles où ses nombreux amants. La reine des bohémiens se sent donc pousser des ailes, et, se sentant quelque peu à l'étroit au milieu des très fortes personnalités du géant des seventies, lance sa carrière solo après l'enregistrement de Tusk. En se replaçant dans le contexte de l'époque, et en analysant les difficultés internes du groupe, on ne peut qu'être surpris par la démarche car Tusk est gigantesque, assurément un des grands classiques de FLEETWOOD MAC. Pourtant la donzelle se lance, sans l'appui de son ex Lindsey, mais en s'entourant de grands professionnels de la musique populaire ricaine, comme vous allez voir.

Tout commence donc avec le premier single, "Stop draggin my heart around", une composition de Tom PETTY et Mike CAMPBELL, les têtes pensantes des HEARTBREAKERS du premier nommé, le sommet du rock folk plus communément connu sous le sobriquet d'"Americana". Une jolie chanson avec les habituels arpèges du blondin, mélodie sympa, refrain accrocheur, c'est bien parti pour la titounette. Et on embraye de suite avec la fabuleuse "Leather and lace" en duo avec le batteur chanteur des EAGLES, l'emblématique Don HENLEY. Une petite merveille de douceur, à l'image de Stevie dans ce qu'elle aura composé de plus contemplatif. Un des plus beaux slows jamais composé, une chanson romantique comme tous les amoureux en rêvent.

C'est en revanche sur le titre suivant que l'on retrouve la colombe de la pochette, un de ses plus connus : "Edge of seventeen", batie comme un hommage à la fois au couple des Petty, qui s'étaient recontrés "at the age of seventeen", mais aussi au meurtre de John LENNON ainsi qu'au décès de l'oncle de Stevie. C'est Waddy Wachtel qui y tient la célèbre rythmique de gratte, il ne quittera plus jamais sa muse. "Just like the white winged dove" ou comment symboliser au mieux la personnalité de la chanteuse ! Le dernier single est moins célèbre mais reste de belle qualité, il s'agit de "After The Glitter Fades", un titre résolumment country, tant il est vrai que la voix rauque de la belle se marie fort bien avec les ambiances western.

Mais l'album vaut plus que par le pouvoir de ses superbes singles : la dramatique "Kind of woman" tire remarquablement son épingle du jeu, on y retrouve notamment les claviers de Roy Bittan du E STREET BAND, qui est aussi à la composition de "Think about it", ou on remarquera les jolies harmonies féminines de Sharon et Lori sur les back up, les deux choristes suivront Stevie tout au long de sa carrière. Enfin, la présence de l'autre Don des EAGLES soit Mr Felder lui même est à signaler sur "The highwaymen", qui rappelle pas mal les ambiances du même sujet sur l'album Nebraska du Boss SPRINGSTEEN.

Vous remarquerez que Stevie a presque tout composé elle-même, sex symbol de son temps et donc aussi musicienne de première bourre ! Les nombreux critiques de l'année n'hésiteront pas à qualifier Stevie de "Reigning queen of rock'n'roll" à cette occasion, ce n'est pas rien, titre dont héritera Joan JETT quelques années plus tard... Le rock devient peu à peu une histoire de nana, c'est cool ! Quand à ce premier opus, il va se vendre la bagatelle de 8 millions d'exemplaires dans le monde, un résultat probant qui prouve aussi que la jolie blondinette est l'image de proue du dinosaure des seventies. Une sacré performance pour un premier album.