Mais c’est qu’elle sait ce qu’elle veut cette Femme Chocolat ! Vous croyez qu’elle n’avait qu’une envie ? Celle de vous faire fondre et, grâce aux recettes de sa première galette, Mam’zelle Ruiz allait s’en régaler autour d’un bon lait chaud ? Que nenni ! Car pour faire monter le thermostat sur scène, je vous prie de croire que le soufflé est plutôt gonflé à bloc !

Olivia Ruiz aime les planches et ce, depuis ses quinze ans ! Son papa – que vous pourrez écouter sur le morceau caché, « La Molinera », en fin d’album – musicien et chanteur donc, lui permit de vivre, dès sa naissance en fait, dans un environnement musical proche des gens (dans des bals) mais plutôt hors de la variété française.

Monde imaginaire et pas forcément féerique, poésie à tous les étages, historiettes familiales, volonté d’acier… Un exemple ? Parvenir à convaincre Juliette d’écrire « La Petite Voleuse » sachant son passage « obligé » à cette monstruosité infâme et blessante pour la profession entière qu’est cette soupe fadasse de Star Academy, relevait d‘une performance hors du commun ! Et puis, il y a ce parfum nostalgique sans prétention ni côté « C’était mieux avant », ne trouvez-vous pas ? Ressentez-le plutôt comme prendre le temps de s’émerveiller de petits moments quotidiens banals mais bien présents comme sur la cinquième chanson "Thérapie de Groupe", pour l’exemple.

Mais ce n’est pas tout. Plusieurs sentiments titilleront vos sens. Une personnalité telle qu’Olivia Ruiz ne peut que vous bousculer – on aime ou pas –, mais en faisant cela, elle nous oblige à réagir à ces variations qui prennent parfois la forme de comptines tristes et cependant bien amenées comme « De Toi A Moi II », ou encore d’un rock hispanisant comme « Quijote » (!), et pourquoi pas d’une bluette avec « J’Traîne Des Pieds », voire d’une musique festive telle que « Goûtez-moi » ou encore cette mignonnette anecdote mélancolique et juste, « Vitrier », ode aux petits métiers qui mettaient en avant le savoir-faire de l’artisan… et qui finiront par disparaître.

Elle a su également s’entourer de gens qui aiment réellement la chanson à texte et de toute façon décalée mais… suffisamment accessible pour la plupart d’entre-nous. Je ne crois pas qu’elle calcule ce genre de choses mais le résultat est là : ça marche ! En effet, c’est avec ce deuxième album que la reconnaissance tout public – disque de diamant entre autre – s’imposera. Olivia Ruiz s’est battue, non pas pour être reconnue, mais pour faire ce qu’elle voulait vraiment, le mettre en avant et le partager, éventuellement, au plus grand nombre. Vous en doutez ? Alors, puis-je vous suggérer de regardez le livret : toutes les photos sont dédiées à la famille proche, comme si elle l’avait fait pour eux et uniquement pour eux. Cette Femme Chocolat respire l’air frais, et non l’air conventionnel qui tend à nous étouffer, à nous déshumaniser… en cassant notre originalité pour nous maintenir dans un confinement de pâles copies conformes sans réelle existence. Olivia n’en veut pas ! Cette originalité, elle la revendique. Elle existe. Elle a une personnalité qui lui est propre. C’est une battante !

Cet album est donc un voyage au sein de nos racines familiales et du partage de la passion des sentiments, aussi décalés soient-ils, mais ressentis finalement par tous, n’est-ce pas ? En vous remerciant.