« Ouais SUM 41, je vois très bien, les faux rockers qu'admirent les ados prépubères en pleine crise ? M'en parle pas, je les conchie ! »

« SUM 41, ouais bien sûr ! J'écoutais ça quand j'étais plus jeune, ça fait longtemps, faudrait que je ressorte un de leurs disques, mais c'est plus tellement mon genre de musique... »

« SUM 41 c le meyeur group du monde ^-^ rock 4 ever ! »

Sans prétendre être exhaustif, voici un petit panel de ce que vous risquez le plus probablement d'entendre en évoquant le nom de SUM 41. Et s'il est vrai que ce genre de groupes de Punk-Rock nous ont bien souvent accompagné dans nos jeunes années, ils ne tardent pas, par la suite, à se faire renier par des ados grandis trop vite. D'idoles, ils deviennent déchets. Respirons un grand coup, et essayons de faire la part des choses.

Avec quoi nous retrouvons pour ce troisième album des canadiens ?
…
A votre avis ?

Bin oui, y'avait pas de piège. Une petite demi-heure de Punk-Rock bien rythmé avec morceaux calibrés pour la radio, refrains certifiés Gutenberg (ils s'impriment dans votre tête quoi ; oui j'ai honte de cette vanne) et tout et tout. La panoplie de rigueur est de sortie ! Rassurez-vous, je suis aussi las d'écrire ceci que vous de le lire. Un vrai boulot de fonctionnaire que de chroniquer du Punk-Rock.
Sauf que dès l'intro on sent quelque chose. « The Hell Song » assène un riff franchement addictif, ainsi qu'un petit solo inattendu. Le clip vidéo, bourré de références musicales, est à voir également.

Oui, quelque chose, subtilement, a changé. Finie la déconnade « plage-skate-coca-mdr » un peu niaise, SUM 41 serait presque sérieux. Ça joue avec conviction et la rage en bandoulière. Breaks efficaces, chant nettement plus appuyé, jeu à six-cordes plus étoffé, SUM 41 enquille ses titres à vitesse grand V.

Tant et si bien que la distinction des titres en devient un peu problématique. Tout ça est très efficace, énergique, et vous chanterez les refrains à l'unisson du groupe après deux écoutes grand maximum. Mais on est un peu perdu tant les titres s'enchaînent impitoyablement. Vous pensez : douze chansons en trente minutes ! Pris de vitesse par l'enthousiasme des petits canadiens, aspiré dans une tempête de tempos enlevés, de refrains addictifs et de riffs qui tâchent, il devient difficile de discerner une quelconque individualité au sein de l'album, et notamment de sa deuxième moitié. Bon, c'est vrai que « Mr.Amsterdam » et ses quelques hurlements tentent de hausser le ton (dommage que le groupe n'ait pas approfondi ce coup d'essai, il y avait peut-être quelque chose à faire), ou encore que la conclusion acoustique de « Hooch » se signale un peu, mais... je maintiens, ce disque me paraît trop homogène.

Si je devais choisir une de ces comparaisons à la noix dont j'ai le secret, je dirais que Does This Look Infected ? c'est le petit café que vous prenez à la machine : court, serré, à vous filer la pêche pour la journée, mais qui manque cruellement de nuances. Ça s'avale d'un trait, avec le sourire, tout de même.
Par conséquent, je dirai : ne boudons pas notre plaisir. SUM 41 nous a sorti un album convaincant, énergique comme à l'accoutumée, aux parties de guitares assez inspirées (quelques soli viennent épicer le disque). De là à ce que les réfractaires au genre se convertissent avec cet opus, il y a un monde que je ne franchirai pas.