Même si quatre longues années se sont écoulées depuis la sortie du décevant Underclass Hero (2007) dès l’entame du premier morceau de ce Screaming Bloody Murder nous sommes en terrain connu, et nous avons le sentiment de retrouver les Canadiens là où ils nous avaient laissé. Le même « Punk Rock Californien » entrecoupé de passages plus accessibles semble toujours être à l’ordre du jour. Aussi efficace soit-elle parfois, allons nous être confronté à la même recette qui s’essouffle aussi rapidement qu'elle a atteint ses limites avec leur précédent album ?

Et bien non, dès le bien nommé "Screaming Bloody Murder", le ton se fait bien plus varié et surtout plus incisif. Le groupe se permet de briser les règles qui régissaient jusqu'alors sa production. Si l’ombre du Punk Rock est toujours présente, la musique de SUM 41 s'est mâtinée de sonorités qui puisent allègrement dans un Rock moderne et inspiré à l’image d’un "Skumfuck" qui voit se succéder des parties que n’aurait pas renié Green Day. Mais également dans un Rock bien plus alternatif. Cette bonne impression est confirmée par le très puissant et entraînant "Jessica Kill", doté de chœurs superposés du meilleur effet et d’une batterie qui multiplie les roulements tranchants.

Las, avec "What Am I To Say" le groupe sombre à nouveau dans les poncifs du groupe de Punk qui souhaite élargir son audience en adoucissant le tempo. Le résultat est irritant au possible, notamment du fait d'un son de voix trafiquée qu’il nous a déjà été donné de subir des dizaines de fois. Si l’on ajoute à cela une composition et des arrangements d’une platitude sans nom, le résultat confine à la débâcle.
Ce faux pas, est cependant vite balayé par un "Crash" beaucoup plus inspiré et courageux. SUM 41 poursuit là on entreprise de diversification de son propos et nous pond là un morceau très fortement teinté de sonorités et d’orchestrations à la MUSE. Un MUSE, qui est également mis à l’honneur dans l’énergique "Sick Of I All", ainsi que dans le long "Happiness Is Machine" qui doivent également beaucoup à la bande à Matthew Bellamy. Au-delà de cette influence très prégnante, ces trois morceaux forment un triptyque très homogène qui intègre des gimmicks sonores que l’on peut retrouver d’un titre à l’autre. C’est indéniablement un des moments fort du disque, ce d’autant plus que les influences citées précédemment sont très bien digérées et restituées.

Passons sur "Over Now", une ballade assez dispensable, pour s'attarder sur "Blood In My End", un morceau de Rock puissant, très bien construit autour d’un riff imparable et d’un chant qui allie brillamment les parties apaisées et les phrasés plus agressifs. Rappelant par certains aspects OASIS. "Baby You Don't Wanna Know" nous emmène quant à lui vers un Rock plus organique et d’inspiration plus seventies.
Et lorsque se termine ce Screaming Bloody Murder, on se dit que SUM 41 nous a globalement fait passer un très bon moment.

Et malgré quelques petites erreurs grossières qui sont principalement le fait des titres les plus lents, le groupe nous montre qu'il a gagné en maturité en se permettant de nombreuses incursions dans des univers musicaux qui enrichissent ses compositions. Cette évolution salutaire permet au groupe d’évoluer doucement en dehors d’un style musical, qui pour jouissif qu'il soit risquait de s'avérer rapidement limitatif. L'avenir, bien qu'encore bien lointain (il faudra attendre cinq années et quelques problèmes de line-up, avant d'écouter une suite à ce très bon sixième album) nous montrera que nous avons là l’émergence d’une nouvelle personnalité très heureuse.

Et il faut reconnaître que SUM 41 a négocié avec talent et courage le virage qu’il ne pouvait pas se permettre de rater. Ce Screaming Bloody Murder est donc un parfait compromis entre ses racines adolescentes et une évolution vers plus de maturité et de liberté.
Un gage de longevité ?