Mais va-t-il s’arrêter un jour ? Jean-Jacques GOLDMAN enchaîne les tubes à une vitesse folle. Les radios s’en donnent à cœur joie et le public est toujours au rendez-vous. Dans un autre sens, la presse se déchaîne, lacère le chanteur, démolit sa belle gueule de pseudo-modeste timide, crie à l’injure à la Grande Chanson Française. Un journaliste (Patrice Delbourg pour ne pas le nommer) le surnomme même 'Le BHL de la Ritournelle'. C’est dire les passions qui assaillent le pauvre J-J !
Et quid de ce quatrième opus ? Pour faire simple, ce n’est pas ce disque qui va réconcilier GOLDMAN avec les critiques musicaux. Et puis, c’est quoi cette pochette ? Vêtu d’un blouson de cuir, accoudé à un comparse anonyme ? Mais c’est un clin d’œil à peine caché à la pochette de Born to Run de Bruce SPRINGSTEEN ! Quelle arrogance, pour qui se prend ce blanc bec français ? Pour un rockeur ? Ha la bonne blague !

Mais force est de reconnaître que ça sonne rock … un peu … si si, j’insiste ! Il suffit d’écouter "Compte pas sur moi !" en ouverture des hostilités. On y entend quelques riffs cinglants. Quant au texte, il fait référence au titre "Non Homologué"; GOLDMAN n’a pas envie de faire comme tout le monde, de rester 'Démodé' tant qu’à faire. C’est un peu la marque de fabrique de J-J depuis ses débuts, ne pas faire comme il est de bon ton de faire (Bon OK, il y a plus rebelle dans le genre, mais quand même !). Très bon titre donc, assez énervé et qui s’achève par un superbe solo de guitare, que demander de plus ?

Bon, admettons qu’après cette chanson, le reste est tout de même plus pausé, moins agressif, à l’image des deux grands tubes de l’album : "Je marche seul" d’abord, simple et efficace, enjoué malgré des textes pessimistes, et surtout "Je te donne", probablement le plus grand succès de GOLDMAN, en duo avec un guitariste gallois qui aura beaucoup d’importance pour la suite, Michael JONES. Ce titre en français et en anglais est une vraie réussite, avec un double solo de guitare de toute beauté. Pour info, Michael JONES et GOLDMAN se sont rencontrés lors des sessions du troisième album de TAI PHONG, avant de se perdre de vue jusqu’à l’enregistrement de Non Homologué.

D’autres tubes potentiels sont présents, que ce soit "La vie par procuration" trop mollassonne et aux clavier Bontempi ringardisés avec le temps (La Version Live sur l’album En Public est plus pêchue et de meilleure qualité), "Bienvenue sur mon boulevard" qui ressemble trop à la précédente en plus barrée, ou encore "Elle attend", sublime avec sa guitare acoustique et son refrain poignant.

Non Homologué possède son lot de longues ballades comme "Famille" et "Pas toi", autre grand tube de l’album, assez surprenant d’ailleurs vu ses cinq minutes et quelques. Dans la même veine, "Parler d’ma vie" est l’un des morceaux les plus singuliers du disque. Ambiance très jazzy, avec une basse chaleureuse et un solo de trompette signé Chet BAKER himself ! Le grand trompettiste de jazz, déjà ravagé par l’alcool et la drogue, improvise sur le final de ce morceau, devant un GOLDMAN admiratif.

Restent "Délires Schizo Maniaco Psychotiques" aussi délirante et loquace que le laisse supposer le titre, mélangeant pop, sonorités électro et country ! "Confidentiel" est une très émouvante petite chanson entièrement aux claviers avec un beau, mais trop court, solo de saxo.

Encore une fois, GOLDMAN cartonne avec Non Homologué. Tout les ingrédients du succès sont présents, heureusement pas au détriment de la qualité. Mais la recette est la même depuis quatre albums, et il serait temps que J-J fasse preuve d’un peu plus d’audace par la suite, car le risque de tourner en rond commence à se faire sentir.