AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Un jour, pendant une matinée estivale immaculée, James Cameron végétait devant sa tasse de café scrutant, l’air songeur, le maelström que provoquaient les mouvements circulaires de sa cuillère en inox, puis cette réflexion lui traversa l’esprit aussi vite que l’éclat lumineux d’un ciel chargé d'électricité statique… « Et si je faisais un film… ? ». Aussitôt, une idée derrière la tête, il se précipita dans sa réserve, ouvrit un des nombreux tiroirs de son meuble en acajou, fouilla quelques papiers et sortit une vieille pochette en carton usé. 7 ans plus tard naîtra le plus gros blockbuster de tous les temps (300 millions de dollars, qui dit mieux?) : Avatar.
Par superstition ou par simple feeling, James HORNER a été choisi pour signer sa bande originale, pas étonnant lorsqu’on sait que le compositeur a déjà travaillé sur les deux plus gros succès du réalisateur : Aliens et le désormais légendaire Titanic.

HORNER n’est pas allé trop loin, il a simplement fait transparaître les images sur la partition, le schéma du film se répercute alors dans son avancée et chaque écoute nous replace devant l’œuvre de Cameron. Du spectacle fantomatique des chapiteaux lumineux de la forêt de Pandora avec « Pure Spirits of the Forest » et « The Bioluminescene of the Night », à la grandeur des paysages éclatants de couleurs dans « Climbing Up "Iknimaya - The Path to Heaven" », « Jake's First Flight » et « Gathering All the Na'vi Clans for Battle », la bande originale gravite autour d’un thème principal exploité sous plusieurs intonations et dont les accents rappellent directement ceux de la musique de Titanic. Certains les trouveront redondants, d’autres s’en accommoderont en gardant en tête le statut de « musique de film » de l'album. Mais là où cela devient intéressant, c’est comment James HORNER s’y est prit pour restituer la complexité et l’esprit du peuple autochtone de Pandora, les fameux Na’vi: un mélange de sonorités et d’instruments issus de cultures du monde dans une synthèse exotique aussi dépaysante qu’éclectique et dont certaines rythmiques, il faut le noter, sont reprises de la musique d'Apocalypto de Mel GIBSON (dont il est également l'auteur), James HORNER pratiquerait donc l'auto-plagiat. L’électronique est présent et est plutôt bien utilisé, notamment pour illustrer la froideur de l’instinct commercial des humains dans « You Don't Dream in Cryo... », « Scorched Earth » et « Quaritch », et la violence des affrontements dans l’épique « War ».
Les émotions, quant à elles, s’y retrouvent également. On notera la course mélodique de « Jake Enters His Avatar World », le dramatique « The Destruction of Hometree » et les poignantes envolées vocales de « Shutting Down Grace's Lab », entre autre.
Cette bande originale conserve le côté expérimental du film et prolonge le rêve avec grâce et subtilité.

Pour finir, il reste bien sûr « I See You (Theme from Avatar) » chanté par Leona Lewis qui, pour être tout à fait franc, paraît ridicule à côté du reste… mais s’accorde parfaitement à sa fonction, à savoir musique de générique accompagnant le spectateur jusqu’à la porte de sortie, nous n’en attendions pas moins.