Ah, quelle émotion... Ayant appris le jour même de sa sortie que Katie, ma chanteuse préférée d'alors, avait fait un nouveau disque, je me suis précipité chez mon disquaire (qui n'est autre que Virgin Cap Sud Avignon, histoire de faire un peu de pub), puis suis revenu chez moi victorieux avec une impatience incontrôlable d'en découdre. Quelle ne fut pas ma surprise... des plus agréables !

Pour son nouvel opus, la jeune Katie continue son petit bonhomme de chemin dans la veine blues-jazz-folk, mais on sent une volonté d'aller de l'avant. "It's Only Pain" du single "Nine Million Bicycles" l'avait annoncé, le virage pris est tout simplement celui de la pop, à l'image des nouveaux titres comme "Spellbound" (seule compo solo de Katie) et "If the Lights Go Out" qui est d'ailleurs parue en single. Guitares au son clean en avant, fine couche de claviers et des refrains qui s'imprègnent avec fougue dans la tête, que pouvait-on espérer de mieux ? Il semblerait que le virage pris soit une réussite.

Il convient de signaler qu'à part le "In My Secret Life" de Leonard Cohen, la jeune artiste a choisi de laisser un peu de côté les reprises pour se concentrer sur l'écriture. Elle a participé à l'écriture de l'exacte moitié des titres de l'album, seule ("Spellbound"), avec la chanteuse Andrea McEwan ("Dirty Dice", "What I Miss About You"), ou avec son acolyte Mike Batt ("It's All in my Head", "Ghost Town"). Mais c'est encore celui-ci qui se taille la part du lion, avec une capacité à écrire de sublimes chansons qui semble inépuisable, la preuve avec "Mary Pickford" (aussi belle qu'un lever de soleil), "If the Lights Go Out", la jazzy "What it Says on the Tin", et surtout "If you Were a Sailboat", chanson la plus féminine de l'ensemble avec la non moins merveilleuse "What I Miss About you".

Dans un autre style, Katie fait vraiment penser à une délicieuse chanteuse de cabaret sur "Scary Films" (hey baby...), avec guitares finement acérées et cuivres en fond. Même constat (le coup du cabaret en moins) sur la savoureuse tentative de reggae de "Ghost Town". Il y a à ce propos plus de cuivres encore que sur les précédents albums, bien qu'ils restent en fond et n'envahissent pas (sans médisance aucune) le spectre sonore comme dans la reprise de "On the Road Again" sur Piece by Piece. Côté cordes, on a droit à quelques jolis ornements comme sur "What I Miss About you", ou "If you Were a Sailboat" (le violon rajoute encore plus d'émotion à la beauté de cette chanson).

Ce qui donne un album plus varié dans les genres, mais constant en qualité de bout en bout. Même si les deux précédents faisaient déjà preuve d'une certaine maturité, avec un ensemble de chansons d'une grande cohésion, ces sentiments se révèleront plus forts ici, et je pense que les trois quarts (au moins) des morceaux sont en voie de devenir des classiques. Peut-être simplement la première écoute fera naître chez certains auditeurs l'impression d'un manque de prise de risques, d'une absence d'originalité dans l'orchestration aussi, mais il faut pour cela plutôt chercher du côté des genres ainsi que de la réalisation.

Ce sont ces détails et notamment pour des chansons pop comme "If the Lights Go Out" qui me font dire que la jeune artiste évolue plus vite que celle à qui on l'associe trop souvent, ou par rapport à qui on la sous-estime trop selon moi. Pictures reste à mes yeux le meilleur parmi les trois albums de Katie sortis à ce jour, et celui que je choisis toujours d'offrir.