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AUTECHRE - Tri Repetae (1995)
Par SEIJITSU le 5 Juillet 2010          Consultée 4670 fois

AUTECHRE aligne les succès sans difficulté et commence à se bâtir une réputation très enviable au sein de la scène techno. Il est, avec APHEX TWIN et LFO, le groupe qui rendra célèbre l’écurie Warp. Le label misa pendant les années 1990 sur le côté avant-gardiste de ses artistes atypiques et échappa aux clichés des pop stars, celle préférant laisser leurs producteurs faire tout le sale boulot pendant qu’elles bronzaient tranquillement au bord de leur piscine.

Amber était encore attaché à une esthétique ambient et privilégiait une approche intimiste de la musique, même si quelques détails laissaient entrevoir une nouvelle orientation et à la clé : une surprise pour le prochain album. Les personnes qui avaient du nez à l’époque n’ont guère été surprises à la sortie de Tri Repetae. L’ambient n’est plus, il a tout simplement fusionné… Mais avec quoi ? Voilà la véritable question.
Les résidus d’ambient se mélange t-il avec de l’indus ? Le côté froid et mécanique est là pour le confirmer. Est-ce de l’IDM ? Cette étiquette me semble trop réductrice pour cet album, mais on peut les rattacher à cette branche naturellement.

Le brouillard commence à se dissiper, on ne distingue pas encore ce qu’est réellement AUTECHRE mais on peut le deviner. La machine est huilée et ne fait aucun mouvements hésitants. Ces tons froids recouvrent sa carapace métallique et on sait que nous avons affaire à quelque chose qui n’est pas totalement humain.
Elle ne montre pas encore son visage. Non c’est trop dangereux. Nous aurions immédiatement une réaction de rejet car nous serions incapable de comprendre ce ramassis de percussions métallique qui n’a rien d’humain (et cela arrivera à nouveau avec l’opus suivant).

Le duo anglais préfère encore entretenir le mystère. Mais aussi ce parfait équilibre entre leur face mélodique et leur côté robotique. Ainsi le rassemblement de tous ces facteurs font de ce Tri Repetae leur plus grande réussite.
L’expérimentation avance plus qu’auparavant mais elle n’empiète jamais sur l’accessibilité. Et mince quelle expérimentation admirable ! La recherche sonore est presque poussée à son paroxysme, si bien qu’elle ne dépassera plus jamais le travail fait ici. Le groupe préférera choisir une orientation différente qui ne fera jamais l’unanimité, même si paradoxalement, il se constituera un troupeau de fans fidèles à leur cause.

En tout cas, il faut entendre certains titres pour le croire comme « Leterel » ou « Stud ». Nous percevons des sons totalement inconnus à nos oreilles, le duo crée et trafique leurs machines avec grâce et assurance.
« Mais quelle est donc cette sonorité que je n’ai pas entendue depuis des siècles ? » Voilà la réaction que l’on aura pendant toute la durée du disque. Ces anglais surdoués ont créé une musique indescriptible, une musique qui s’adresse surtout aux sens. Une musique inconnue à nos chastes oreilles, mais est-ce encore de la musique ? Des mélodies douces et amères à la fois sont présentes, mais elles sont si étranges que je me perds dans un labyrinthe irréel… Et pourtant à aucun moment je ne trouve cela incompréhensible. L’aspect vaporeux m’emporte si loin que je perd pied avec la réalité. Je reste même en apesanteur, comme figé (« Overand »).
Si « Rsdio » se fond parfaitement dans le reste de l’album, elle montre déjà comment sera l’avenir de Sean Booth et Rob Brown. Le titre est basé sur une rythmique industrielle qui intervient pendant toute la durée du morceau, et ses sonorités high tech sont parfois menaçantes. Le côté ambient du duo s’évapore petit à petit et il disparaîtra avec les années, du moins pas totalement mais presque.

Je pense avoir été suffisamment clair : ce disque est un chef-d’œuvre. Ces britanniques réussissent à créer une musique profondément expérimentale mais à aucun moment élitiste ou ennuyeuse et c’est pour cette raison que cet album est si précieux.
Ne prenez pas peur du côté cérébral que peut avoir Tri Repetae, écouter le tout simplement parce que le contenu est à l’image de cette pochette.
Mais aurai-je oublié de vous préciser qu’aucune image ne peut décrire la musique de AUTECHRE ?

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10. Rsdio



             



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