Bienvenue à bord du vaisseau AUTECHRE post 2000.

En d’autres termes, ceux qui ne supportent pas le mot « conceptuel » peuvent aller claquer la porte (et fermer la fenêtre, y a courant d’air merci).

Déjà, le EP propose en intro quatre seconde de silence, ce qui est au choix anecdotique, ou tout simplement génial, car vide de signification, donc chargé de sens, donc conceptuel, donc abscons, donc génial. Je vous parle même pas de l’artwork y en a pas. Idée géniale.

Considérons ces sons comme l’avait un temps fait Chipstouille (big up) pour la chronique de Draft 7.30. Du pur design sonore. Oubliez Amber, oubliez les Peel Sessions N°1, oubliez même le lp5. En revanche n’oubliez pas de manger au moins cinq fruits et légumes par jour.

Au programme du maxi vert, trois titres, dont un majeur, « Gantz_Graft » dans tes dents, sorte d’enfant hyperactif qui aurait oublié son traitement. L’auditeur patient sera déçu : le garnement ne se calmera définitivement qu’à la fin du morceau. Le climax se situe à 1’08, quand tous les sons convergent vers l’anéantissement de la bête, croit-on. Erreur, car la suite offre à entendre une longue agonie du monstre qui lutte pour ne pas mourir, alors que l’auditeur pris de pitié n’attend que ça. Au bout du 3’58, c’est la délivrance. On est soulagé qu’enfin toute douleur se soit tue. Si j’avais eu un lecteur hollandais, je l’aurais euthanasié sans hésiter.

La suite sera plus classique, avec même une mélodie en milieu de parcours. Le jeu consiste alors à noter tous les petits détails venant se greffer autour (des voix ?). Mais déjà la mélodie robotique change-t-elle elle-même de tonalité et devient de plus en plus oppressante. Une inexorable et inquiétante descente vers le troisième titre s’amorce et Cap.IV (toujours ces titres bizarres) déboule sans crier gare. Des insectes grouillants qui vaquent à leurs occupations sur fond de nappes ambiantes (enfin un relâchement !) et de voix trafiquées. Puis les voix se taisent peu à peu et la pluie seule se fait entendre. Toujours plus fortes, toujours plus lourdes, les gouttes de percussions battent les pavés de la ville sans âme.

Rideau.

Les plus chanceux dégoteront la version CD+DVD de cet EP. En plus du clip de « Gantz_Graft », Ils y découvriront aussi le clip de « Basscadet (bcdtmx) » tiré de l’Ep « Basscad » sorti en 1994, et enfin une version courte de « Second Bad Vilbel » issu de l’EP « Anvil Vapre » (1995), soit deux vidéos illustrant plutôt l’aire ambient du duo anglais.
Les moins ambitieux, quant à eux, iront voir le clip de « Gantz_Graft » et « Second Bad Vilbel » sur le site du label WARP.

Amen.