Suite au mythique succès de "Sweet Dreams", Annie LENNOX et Dave STEWART regagnent rapidement leur studio 'The church' pour tenter de fixer sur les microsillons leurs dernières idées. Mais pas seulement sur du vinyle car Touch sera aussi le symbole d’une ère nouvelle : la première sortie simultanée CD/vinyle de l’histoire de la musique. Le processus d’enregistrement dure trois semaines. Dave connaît maintenant la formule magique ultime qu’il applique à ses nouvelles compositions.

Touch comprend donc trois singles.

"Here Comes the Rain Again" est une diabolique continuation de "Sweet Dreams". Les nappes de synthétiseur, malgré un aspect eighties très prononcé, n’ont pas pris une ride depuis 27 ans. La ligne mélodique, plutôt romantique et enrichie par une guitare très métallique, provoque des visions de paysage brumeux et pluvieux, dignes des Hauts de hurlevents d’Emily Bronté, ou plus simplement des landes écossaises chères à Annie LENNOX. Une fois entendue, elle reste indélébile, comme pour sa sœur aînée. Elle souffre de la comparaison, mais serait probablement le morceau phare du duo si les rêves doux n’existaient pas. Un très grand morceau.

"Who’s That Girl" est le grand single de Touch, atteignant le sommet des charts. La voix vibrante et sensuelle d’Annie, qui lui donne toute sa puissance, en fait une chanson originale et parfois inquiétante. J’y vois pour ma part un épisode autobiographique de nos deux ex-amoureux, Dave étant un grand amateur de chair fraîche devant l’Eternel.

"Right By Your Side" nous propose un petit ovni dans la carrière du duo britannique. Ce guilleret rythme caraïbein, assorti de pseudo percussions îliennes et d'un charmant xylophone, nous plonge dans un paysage ensoleillé bien loin des standards du groupe. Cela prouve, s’il en était besoin, la versatilité de nos musiciens et explique en partie leur succès. Nous n’avons pas ici affaire à un groupe lambda. Ce morceau très enjoué dans lequel Annie se taille une part de lionne est révélateur de l’esprit frondeur et rebelle qui n’est pas prêt de les abandonner.

Pour le reste, on navigue dans le superficiel, à l'image de "The First Cut" qui ne présente pas le moindre intérêt et dont les gimmicks éculés restent ce que les eighties ont produit de pire. "Aqua" bénéficie d’un chant modulé et technique d’Annie, mais la compo est médiocre. "Paint a Rumour" taillé à l’origine pour les dancefloors de la prude albion s'avère avoir extrêmement mal vieilli.

Globalement, si on excepte les singles, la musique des EURYTHMICS ne présente pour le moment qu’un intérêt embryonnaire. La voix de l’encore rouquine LENNOX tire son épingle du jeu comme sur "No Fear No Hate No Pain". Mais STEWART n’est pas encore au faîte de ses capacités créatrices. Le duo est désormais mondialement connu. Il va falloir faire preuve de plus d’homogénéité qualitative pour laisser une trace indélébile dans l’histoire de la musique.