Ceci est la tentative désespérée d'un groupe phare des eighties pour conserver un semblant de statut à l'orée des années 90. La new-wave a évolué, nous sommes bien loin des éléments punk ou électro qui ont été à la base du rayonnement du duo britannique lors de ses succès intersidéraux et galactiques. Souvenez-vous juste que nous voici à nouveau avec les compositeurs de "Sweet Dreams". Pour mettre un maximum de chance de leur côté, Annie et Dave choisissent d'inonder les charts de singles. Il y en a pas moins de cinq. C'est un véritable quitte ou double auquel s'exposent nos icônes de la synth pop. La pochette présente d'ailleurs une Annie décomplexée assumant son statut de diva et Dave trouble loin derrière.

Analysons chronologiquement l'armée des singles présents ici. "Revival" qui ouvre le bal est un titre médiocre qui n'apporte rien à la gloire du duo britannique, c'est tout juste si le refrain assorti du beat de synthé se remarque. On enchaîne avec "Don't Ask Me Why" : la guitare typée "Here comes the rain" et les trémolos d'Annie en font un titre moyen mais pas désagréable. Le débridé "King and Queen of America" propose une approche très pop-rock qui rappelle "Would I lie to You" et autres "Missionnary Man", sans égaler toutefois le succès de ces dernières. C'est sympa sans plus. "Angel" poursuit la quête des tops du billboard avec une volonté de fusionner la pop d'aujourd'hui et une blue-eyed soul pas désagréable, mais le résultat final est tout à fait dispensable. Dave Stewart partage le chant sur le dernier essai "Baby's Gonna Cry" qui voit la guitare prendre le plaisir. Je retiens un refrain pas mal fichu mais des gimmicks finalement éculés. Il faut bien admettre que le choix des singles de cet album est une vraie catastrophe.

C'est ailleurs qu'il faut chercher les faits d'armes de cette huitième livraison.
L'introduction de la superbe "You Hurt Me" met de manière fabuleuse la voix unique d'Annie en exergue. Enfin, on touche à de la vraie bonne musique. L'instrumentation est à la hauteur avec notamment une basse groovante de derrière les fagots. Le refrain est légèrement en-deçà du reste de la compo, mais cela reste de la bonne came.
Enfin, c'est "Sylvia" qui enlève la palme du titre de l'opus. L'ambiance dramatique des instruments à cordes sert d'écrin diaphane à la voix de la diva peroxydée. Une vraie petite merveille que je vous conseille vivement.
Les deux derniers titres sont de bonne qualité et annoncent la future carrière solo de Stewart : "How Long" et "When the Day Goes Down".

Ce huitième opus est le dernier de la série des eighties. EURYTHMICS est déjà une légende, Annie Lennox une des chanteuses les plus aimées de sa génération et une riche carrière de producteur attend Dave Stewart. On entre dans un hiatus d'une dizaine d'années pour le duo. Après 100 millions d'albums vendus, pas de raison de s'inquiéter pour le futur !