Le quatrième album studio du duo britannique se présente sous la forme d’une fabuleuse photo d’Annie Lennox. L’aspect synth–new wave de la chanteuse semble moins prégnant, elle est d’ailleurs désormais blonde platine. Nous allons voir que la musique a subi elle aussi une petite cure de simplicité. Nous quittons le domaine du post-punk, de la nouvelle vague, pour nous concentrer sur des terrains plus mainstream, du rock à la pop, tout en demeurant très qualitatifs.

De nombreux singles sont issus de ce skeud et non des moindres :

Nous avons là la très rock "Would I Lie To You" où Annie, vêtue d’une seyante tenue cuir moulante, assume un statut de rock star évident. Elle devient en cet instant une des plus grandes frontwomen de l’histoire. Sa capacité à faire réagir les foules, à les mettre dans sa poche, son incroyable talent de vocaliste et son exceptionnel charisme agissent à plein sur les auditoires. Ce titre au riff de guitare saignant est l’exemple parfait d’un must en concert pour déchaîner les foules.
La très pop "There Must Be An Angel" la suit de près. Prétexte à mettre en avant sa voix et un don assez unique pour monter et descendre les octaves. Là encore, on se souvient de la vidéo avec une Annie angélique aux cheveux longs dorés. Infiniment kitsch, mais la chanson à bien vieilli et reste un sommet du groupe puisqu'elle a atteint la première place du billboard anglais.
A l’image de Touch, un troisième single vient compléter les succès de l’album, il s’agit de "It’s Allright". L’adjonction des cuivres et le beat mid tempo servent d’écrin à une nouvelle performance vocale de premier plan. Le hit est résolument pop, mais les EURYTHMICS n’y perdent pas au change, bien au contraire. Dave y plante un improbable petit solo de guitare cependant très new-wave.

A mon goût, le morceau de bravoure de l’album n’est cependant pas un de ces singles, signe, à mon sens, des progrès réalisés par LENNOX et STEWART. “Better To Have Lost In Love” est ce titre-là. Un rythme synthétisé d’une force imparable se déploie tel un rouleau compresseur tout au long de la chanson et sert d’ossature à une ligne de synthé lancinante et répétitive. Annie y chante de manière plus sourde, mais tout aussi sensible, pour un de leurs titres les plus originaux. Le final réminiscent de "Sweet Dreams" est de toute beauté. Le récent statut du groupe leur permet d’inviter quelques guest de luxe : Elvis Costello vient partager le chant sur "Adrian". On reconnaît aussi dans les chœurs les voix de Aretha FRANKLIN et de Stevie WONDER. On retient enfin le superbe solo de guitare sur la très soul "Sister Are Doin It For Themselves".

Les problèmes de santé d’Annie se poursuivent cependant et ils ne peuvent ni faire de tournée promotionnelle ni même participer au Live aid. Pourtant, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes pour les EURYTHMICS qui atteignent un véritable statut de superstar en cette année 1985. Dans les morceaux bonus de la réédition de 2005, nous avons le plaisir de trouver une reprise de Françoise HARDY -on sait que l’épouse de Jacques DUTRONC est outre-Manche une icône-, et cette curiosité : "Tous les Garçons et les Filles" chantée par la charismatique Ecossaise est vraiment sympa. La voix de la diva new-wave fait encore et toujours merveille. Signalons en outre que son accent n’est que léger, c’est donc très écoutable, voire recommandable. Dans le trip reprise, on note aussi le "Hello I Love You" des DOORS qui vous fera certainement sourire.

Cet album est incontestablement pour Annie LENNOX et Dave STEWART celui de la maturité.