Danny Taylor s’est éteint le 10 mars 2005. SILVER APPLES, qui s’était reformé en 1994 après vingt-cinq ans de silence radio, allait bientôt se taire à jamais. Les sorties de disques avaient pourtant repris avec entrain dès 1996, et les tournées aussi, pendant lesquelles Simeon s’était adjoint les services du multi-instrumentiste Xian Hawkins, juste avant que Danny Taylor accepte enfin de reformer ce duo diabolique qui avait tant fait parler de lui dans les années 60. Mais voilà, Taylor disparu, personne ne pensait revoir un jour SILVER APPLES à l’affiche d’une salle de concert. C’était sans compter la pêche d’enfer de ce diable de Simeon. Seul, et sans demander l’aide d’Hawkins, le voilà en tournée européenne, puis mondiale, un soir à Tokyo, l’autre à Paris, quand ce n’est pas New-York ou Londres. Les sorties de disques en revanche, ne suivent malheureusement pas, hormis un split avec One Cut Kill en 2007, et ce Silver Apples European Tour Single, tout frais de juillet 2011.

Bon, au moins le titre ne nous ment pas : il s’agit bien d’un single composé de deux morceaux enregistrés en live : "A Pox On You" datant de 1969, et "I Don’t Know", présent sur le split dont je vous ai parlé tout à l’heure. Deux morceaux… deux misérables petits morceaux. C’est assez frustrant, non ? On est en droit, je pense, de se dire que Simeon ne s’est vraiment pas foulé et aurait pu au moins nous faire le plaisir de sortir un album live entier. Parce que deux morceaux, ça ne vous calme pas franchement la faim. D’autant plus si ces derniers s‘avèrent excellents, ce qui est bien sûr le cas ici, comme pour ajouter à notre peine.
"A Pox On You" renoue parfaitement avec l’ambiance froide de l’album Contact, avec ses complaintes électroniques et lancinantes, en parfaite complicité avec la voix lointaine et imperturbable de Simeon. "I Don’t Know", qui s’annonce au contraire encore plus glaciale, change radicalement de direction : de longues effluves électriques y tissent un brouillard gris et mystérieux, décor parfait pour le dialogue sans chaleur de deux 'amoureux' dont l’humanité peut sérieusement être remise en question. J’avais peur que le SILVER APPLES version 2011 sonne comme celui de 1969, et au final n’apporte pas beaucoup de fraîcheur à sa musique, mais il n’en est cependant rien. Si Simeon a bien samplé les parties de batterie du regretté Taylor sur "A Pox On You", il y ajoute dans le même temps une rythmique électronique, modernisant considérablement une chanson qui nous aurait paru vieillotte aujourd’hui dans le cas contraire. "I Don’t Know" enfin, n’a tout de même rien de très originale, et les spécialistes de musique électronique vous diront sans doute mieux que moi que ce genre de schéma se retrouve souvent chez divers artistes actuels. Néanmoins, ne soyons pas trop mauvaise langue car cette dernière reste de très bonne facture et constitue un bon moment.

Bref, il n’y a pas grand-chose à dire de ce Silver Apples European Tour Single 2011, très réussi il est vrai, trop court également, et qui ne sera définitivement pas la sortie de l’été au rayon électronique de votre disquaire favori. Je le conseille uniquement aux amateurs des SILVER APPLES, aux curieux aussi, qui malheureusement comme moi pleureront à la fin d’"I Don’t Know" en se rendant compte qu’il n’y a rien après.

3/5. Et j’aime bien la pochette.