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SILVER APPLES - Contact (1969)
Par JOVIAL le 15 Août 2011          Consultée 2528 fois

Si le premier album des SILVER APPLES avait été révolutionnaire dans tous les sens du terme, il n’en était pas pour autant excellent. Loin de là. Je l’ai déjà dit dans ma précédente chronique : nos New-Yorkais avaient certes sorti un pur ovni musical, absolument génial c’est certain, mais gardant en lui une fâcheuse tendance à la redite. En d’autres termes, SILVER APPLES avait trouvé une sacrée formule magique et n’arrêtait pas de la répéter. Forcément au bout du compte, le charme n’agit plus et on a tôt fait de se lasser d’un tel disque.
Avec Contact au contraire, je crois pouvoir dire que le groupe a franchi un cap et évite l’écueil du premier album. Etrangement, s’il reste considéré comme le meilleur album des SILVER APPLES, c’est toujours son prédécesseur que l’on cite en premier. En cela, l’explication est bien simple, Contact est un album ô combien difficile d’accès et sur lequel il faut repasser plusieurs fois avant d’y avoir compris quelque chose.

Premier point positif comme je l’ai dit plus haut : nos deux musiciens réussissent, et heureusement, à nous sortir un disque aux compositions plus 'variées' et, qui plus est, plus osées que le premier album. Si l‘excellente "You and I" aux oscillations hypnotiques en restent très proche, le changement se fait entendre dès la seconde piste : "Water" montre désormais le nouveau visage de la musique des SILVER APPLES. Ce sera de l’électronique souffreteuse, lancinante et nucléaire, primaire à l’extrême, limite effrayante même, où l’on sent par-dessus tout cette envie de nos deux compères de faire de leur musique un art au service d’un psychédélisme obscur, ironique et grisaillant. On se prépare à un album réellement rude pour nos nerfs, qui, de toute façon, avaient déjà pété un boulon à l’écoute des premiers morceaux. Et puis sans crier gare, on tombe sur "Ruby" et son banjo. Qu’est-ce que ça vient foutre là ? Du banjo sur la musique des SILVER APPLES, de la country minimaliste et électronique ! Décidément, on aura tout vu, et le pire, c’est que "Ruby" reste à mon goût la meilleure chanson dans la courte carrière de nos deux fous furieux. Et d’ailleurs, Simeon et son banjo ne s’arrêtent pas là, et remettent le couvert sur "Confusion", d’une frénésie insensée et faussement joyeuse, se terminant, on s’en doutait, par un horrifiant et magnifique crash aérien, que les SILVER APPLES ont malheureusement trop peu développé, alors que ces derniers avaient, ici encore, une bonne vingtaine d’années d’avance dans l’histoire de la musique. Mais je me tais, je vous laisse le découvrir par vous-même.

Le reste de l’album reste dans la même veine d’extrêmisme, ne relâchant jamais la pression, même dans les moments qu’on pourrait sans peine qualifier d’heureux : "Fantaisies", sous ses airs gentiment enfantins, se fout ouvertement de notre gueule, tandis qu‘"I Have Known Love" se révèle au fil du temps d’une mélancolie prenante et très humaine. "A Pox On You" pourrait quant à elle concourir au titre de la chanson la plus glaçante de l’année 1969, et sans doute aussi au titre de mes chansons favorites, mais le nœud qui me serre la gorge à chaque écoute est certainement la raison qui m’en empêche. C’est bientôt l’été, prévoyons du joyeux, et laissons de côté l’ultra nihilisme des SILVER APPLES. Merde, c’est exactement ce qu’ils auraient adoré entendre. Enfin, avec la petite dernière dont je n’ai toujours pas parlé, "You’re Not Foolin’ Me", ils vont trop loin. D’une certaine manière, c’est une chanson brillante et, de l’autre, absolument insupportable.
Brillante parce qu’elle réussit à transcrire en musique ce que l’on ressent lorsque notre réveil sonne le matin. Insupportable parce qu’elle y parvient trop parfaitement, à en devenir inécoutable.

Contact réussit avec brio là où le premier album pêchait justement, et du coup, sonne comme une œuvre beaucoup plus aboutie. Tout n’est pas parfait loin de là, "You’re Not Foolin’ Me" en tête, ainsi que un ou deux morceaux qui peuvent sembler un peu longs, "Gypsy Love" et "Fantaisies" notamment, mais dans l’ensemble, c’est un sacré bon album que nous pondent Simeon et Taylor, et il est assez triste de les voir se séparer dès l’année suivante. Quoiqu’il en soit, ils laissent aux années 60 deux œuvres d’une puissance et d’une portée incroyables, malheureusement trop souvent méconnues. Un grand bravo à ces deux extraterrestres tout de même, qui, sans vantardise, peuvent se targuer de faire partie des musiciens les plus originaux des 60’s, rien que ça.

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- Danny Taylor (chant/batterie)
- Simeon ('the simeon'/banjo/chant/)


1. You And I
2. Water
3. Ruby
4. Gypsy Love
5. You're Not Foolin' Me
6. I Have Known Love
7. A Pox On You
8. Confusion
9. Fantaisies



             



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