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Tetsu INOUE - Yolo (2005)
Par JOVIAL le 18 Septembre 2024          Consultée 211 fois

S'intéresser à la carrière solo de Tetsu INOUE nous laisse entrevoir une chose : ses albums les plus expérimentaux n'ont guère rencontré leur public et restent parfois même volontairement ignorés, comme si, entre la sortie de World Receiver et celle d'Inland, ne s'étalait finalement qu'une décennie d'égarement. La chose est impossible à nier : Waterloo Terminal, Psycho-Acoustic, Fragment Dots et Object and Organic Code ont effectivement été des œuvres très difficiles à appréhender. Ces dernières s'inscrivaient néanmoins bien dans la logique d'un artiste résolu, ambitionnant à travers ces expérimentations étranges une alternative novatrice au sein d'une scène ambient selon lui de plus en plus redondante et commerciale. Pendant sept ans, le natif de Kyūshū a donc cherché à déconstruire sa musique. Radicalement, il rompt avec l'ambient traditionnel, déchirant le voile de ces longues plages de musique électronique auxquelles il nous avaient auparavant habitués, ne laissant derrière lui qu'un tas de miettes anguleuses et glitchées.

Yolo concrétise ces années d'intenses recherches. Du chaos des disques précédents émergent enfin de nouvelles formes. Les fragments se rejoignent et s'assemblent, ici on transmute le glitch en ambient. Ce n'est néanmoins pas totalement une nouveauté et cela rappelle par exemple Endless Summer et Venice de l'Autrichien FENNESZ, ou encore les travaux de Taylor DUPREE, avec lequel notre Japonais a d'ailleurs collaboré sur le projet Active/Freeze cinq ans plus tôt. Mais il n'emprunte rien et se distingue encore une fois par des visions insaisissables et fugaces. Aussi minutieux qu'un horloger, il compose sans doute ici son album le plus élaboré. À la surface des micro-séquences s'associant avec patience, affleurent des sons fragiles et des effets retenus, où rien ne semble superflu. À l'écoute pourtant, Yolo apparaît comme l'une des œuvres les moins minimalistes de Tetsu INOUE, économe sur la forme, généreux d'une autre manière, comme l'avait remarquablement résumé la chronique du site Dmute en 2005. Sous cette couche duveteuse, fourmille un immense réseau de câbles et d'artères intriqués, qui impulse à l'ensemble une énergie douce et discrète. Aussi, cette musique surgit et s'installe avec une spontanéité déconcertante.

Parfois, ces ambiances vaporeuses et instables nous renvoient aux excellents Slow and Low et World Receiver quelques dix années plus tôt. Seulement, il n'est plus question ici ni de spiritualité ni d'explorations lointaines. Faisant suite à Object and Organic Code, Yolo est un hommage à l'intelligence artificielle, considérée comme une entité à part entière, vivante et douée de sentiments. Les lignes de codes se répondent entre elles comme les impulsions électriques d'un cerveau humain, de la mémoire numérique s'échappent les souvenirs. Philip K.Dick se demandait à quoi rêvaient les androïdes : Tetsu INOUE, lui, imagine le sommeil de la machine. Quant à ce titre énigmatique, faut-il y voir un autre rapprochement entre l'homme et l'ordinateur ? Que ce soit la mort ou l'obsolescence programmée, nous sommes tous logés à la même enseigne : you only live once, on ne vit qu'une fois !

Plus complexe que World Receiver, ce neuvième album en déroutera une nouvelle fois plus d'un. Assurément, la première écoute n'est parfois pas la plus évidente. On pourrait tenter de s'attarder sur chaque piste, pour vous en donner une vague idée, essayer d'en décrire le contenu, mais l'exercice deviendrait rapidement aussi fastidieux qu'illusoire. Ce neuvième album, c'est une cinquantaine de minutes d'ambient introspectif et apaisant, le regard perdu sur ces nuages que lentement l'horizon engloutit. C'est beau, magnifique même, mais on ne s'en rendra compte que dans les derniers instants de "Spirit of Data".

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