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FISH - Field Of Crows (2003)
Par MARCO STIVELL le 2 Février 2012          Consultée 4867 fois

Pour le chanteur comme pour les fans, rien ne sera plus jamais comme avant. FISH n'aura plus son aura du temps de Marillion, lorsqu'il se déguisait et remettait tout le monde à sa place d'un simple geste, d'un simple regard. FISH ne pourra plus chanter comme avant, d'une voix dont les cris les plus percutants resteront le "Take me away" de "Slainte Mhath" et la fin de "Cliché". Flinguée par l'alcool et la cigarette sans pour autant être descendue au niveau d'un Renaud, la voix du Poisson ne peut plus s'aventurer aussi haut mais continue de se faire expressive et émouvante, ce qui n'est déjà pas mal. Enfin, on entend ça et là que FISH ne fera plus jamais de grand disque. Beaucoup n'ont pas digéré la plupart de ses productions solo, celles qui ont suivi Internal Exile. En tout cas, il est difficile de s'accorder unanimement sur cette phrase, c'est oublier un peu vite des chefs-d'oeuvre comme Field of Crows.

Je vais encore décevoir, mais NON, pour moi Vigil in a Wilderness of Mirrors n'est pas le meilleur album de FISH. Il contenait en particulier "Big Wedge", pas un exercice des plus glorieux à mon sens, et aussi "The Voyeur (I Like to Watch)", amusant mais quand même pas mythique. Et deux morceaux ça faisait beaucoup sur un petit nombre de titres. Déjà je préférais Internal Exile et mieux encore, Raingods With Zippos. Mais la différence avec ces disques-là, c'est que Field of Crows (pour lequel est revenu l'excellent Mark Brzezicki, membre de Big Country et premier batteur de FISH en solo, sur Vigil donc) est plus sombre, nettement plus sombre. Beaucoup disent que les artistes ne sont jamais aussi bons que lorsqu'ils sont dépressifs, ou tout simplement pessimistes. Certains l'espèreraient presque, ce qui n'est pas très sympathique... En tout cas, force est de reconnaître qu'effectivement, avant Field of Crows, FISH n'aura jamais aussi bon, puissant et touchant à la fois.

C'est qu'il en a des choses à dire notre ami, sur sa vision du monde actuel. Pas besoin de vous faire un dessin, eux (les dirigeants) nous trompent sans cesse et jouent avec nous comme d'un troupeau de moutons (nous ne serions même, rien de plus que des "nombres" en série). La Terre est devenue un vrai champ à corbeaux. Le style de message que l'on avait déjà pu observer chez Pink Floyd entre autres, sauf que FISH n'est pas devenu lui-même un dictateur, faisant pression sur les membres de son groupe. Sa propre fragilité s'exprime autant que sa colère, plus que de raison, en particulier lorsqu'il mentionne sa détresse : sa femme l'a quitté, le laissant ainsi s'emmurer dans ses problèmes d'addiction. Rien de bien joyeux en somme, mais encore une fois FISH nous parle de tout cela mieux que tout ce qu'il a déjà pu dire.

Sur Field of Crows, pas de propos inutile, même si aucune chanson ne descend sous le seuil de cinq minutes en termes de durée. Il y a toujours un détail, ou mieux encore une certaine densité sur chaque titre que, bien qu'elle nous convie à nous perdre dans ce marasme, on accepte avec passion. Ainsi, on se laissera prendre par le rock puissant d'un "Numbers" (ou comment tourner Hendrix en heavy), le funk râpeux de "Old Crow" ou encore "Zoo Class", où les guitares se font rageuses et les cuivres swinguants. Là où FISH se fait le plus cinglant quand on connaît le message de l'opus c'est sur "Innocent Party", qui obtient comme par hasard la palme de la réussite pour cette forme de titres-là, s'achevant sur une coda en mode ternaire joliment trouvée. Et ces ambiances sont tellement envoûtantes grâce à l'artillerie et aux charges musicales qu'on ne voit pas le temps passer.

Field of Crows contient une ambiance folk que l'on avait pu apprécier sur Internal Exile et Raingods With Zippos, mais bien plus torturée ici, en raison notamment encore une fois de l'artillerie instrumentale. "Shot the Craw" et surtout "The Field" contiennent une influence celtique propre aux origines de FISH, et se font toutes en progression, avec notamment pour le deuxième un crescendo saisissant. "Moving Targets" est encore une merveille, se proposant comme l'un des "tubes" mémorables de ce disque.

Dites-vous qu'il y a encore meilleur que tout cela. Ce sont bien évidemment les titres les plus tristes, ceux où FISH fait ressortir tout son désarroi amoureux, et ceux où le piano de Tony Turrell (déjà efficace pour ses interventions sur les titres rock, notamment à l'orgue Hammond) occupe la plus belle place. On vient inexorablement se perdre dans le tourbillon d'arpèges de "The Lost Plot", bijou bien caché au milieu du disque. Tout aussi déchirant est "Exit Wound" ("this hole in my heart"), et si vous êtes totalement insensible à ce blues-slow (l'un des plus beaux jamais enregistré) où le saxo et la trompette se séparent, je ne sais plus quoi vous recommander de tel. FISH réalise un joli final avec "Shot the Craw" et ses claviers célestes, ainsi que "Scattering Crows" qui rentre dans le cadre de ses ballades "classiques", d'une qualité comparable à celle d'un "Cliché" mentionné plus haut.

Soit aucun temps mort pour ce disque qui, quand on prend le temps de le découvrir, se révèle être un sacré chef-d'oeuvre. Bien épaulé par un groupe solide dont les éléments-clés restent Mark Brzezicki, Tony Turrell et Frank Usher, rappelant pour l'occasion ce cher Mark Wilkinson qui a dans le passé peint les pochettes de Marillion et les siennes, FISH a réuni tous les éléments pour une parenthèse ô combien fantastique de sa carrière. Densité et émotion y trouvent leur plus belle unité. Respect total.

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   MARCO STIVELL

 
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- Fish (chant)
- Bruce Watson (guitares, e-bow)
- Frank Usher (guitares)
- Steve Vantsis (basse)
- Mark Brzezicki (batterie, percussions)
- Tony Turrell (claviers)
- Dave Haswell (percussions)
- + Danny Gillan (choeurs)
- Richard Sidwell (trompette, cor)
- Steve Hamilton (saxophone)
- Yatta, Lars K. Lande (choeurs)
- Irvin Duguid (clavinette)


1. The Field
2. Moving Targets
3. The Rookie
4. Zoo Class
5. The Lost Plot
6. Old Crow
7. Numbers
8. Exit Wound
9. Innocent Party
10. Shot The Craw
11. Scattering Crows



             



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