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- Style : Sara Bareilles

Vanessa CARLTON - Harmonium (2004)
Par MARCO STIVELL le 11 Novembre 2012          Consultée 2207 fois

«A Thousand Miles» et Be Not Nobody ont fait de Vanessa CARLTON une des stars de ce début de millénaire, éphémère cependant et c'est la plus grande injustice que l'on peut regretter. Dorénavant, si la qualité des albums ne fera que s'améliorer, le succès ira bien decrescendo. Durant la tournée 2002, le groupe Third Eye Blind assure la première partie de la belle, et son leader Stephan Jenkins n'a pas attendu le lendemain de la première fois où il l'a vue jouer pour entrer dans la loge et lui proposer de travailler avec elle. Pari réussi. Non seulement Stephan Jenkins devient le nouveau petit ami de Vanessa, mais il va lui permettre de trouver un certain épanouissement artistique, ce que ne pouvait pas vraiment offrir la période Ron Fair. Cela n'empêche pas la maison de disques A&M de faire des siennes durant l'enregistrement, s'opposant à certains partis-pris artistiques, mais Carlton et Jenkins l'emporteront... temporairement.

Harmonium ne réfute en réalité pas beaucoup le courant musical inauguré avec Be Not Nobody, cette power-pop dont Vanessa est reine. Il en garde la recette de base, mais se démarque par sa personnalité, beaucoup plus en accord avec ce que la chanteuse veut vraiment. Et dès que retentit «White Houses», on est effectivement en plein dedans. Cette chanson est un roman à elle toute seule. Les quelques notes sautillantes de piano au début masquent une chanson lumineuse très élancée, où le groupe pop est soutenu pas de majestueux arrangements de cordes (toujours l'oeuvre de Ron Fair !). Le truc particulièrement génial, c'est la batterie qui a beau rentrer sur le premier refrain, n'emploie la figure classique grosse caisse-caisse claire au moment du deuxième, permettant à la chanson de s'envoler très haut. Lindsey Buckingham du légendaire Fleetwood Mac, rencontré par Jenkins dans le même immeuble d'enregistrement, est venu déposer le joli riff de guitare acoustique le plus spontanément du monde. Et ce tube si bien ficelé a été sujet à controverse. Vanessa y parle en réalité du parcours d'une fille lambda, entre jalousie, perte de sa virginité, le devoir de se lancer dans la vie, mais le pont «My first time, hard to explain rush of blood...» a dérangé MTV qui y voit l'apologie de la masturbation (rappelons que nous sommes en Amérique puritaine) et a vite retiré de son antenne le clip de la chanson. Vanessa protestera en comparant ce malentendu avec celui qu'a subi Janet Jackson plus tôt au Superbowl XXXVIII.

Dans cette droite lignée de tubes imparables et bien mis en valeur par une tonalité musicale sereine, on trouve la ballade «Who's to Say» et le dynamique «Private Radio» où les «palala palala» nous confirment combien l'artiste s'accomplit sur ce disque. Parlons aussi des rêveurs «Afterglow» et «San Francisco», renforçant l'attachement que l'on peut avoir envers cette artiste. Ses réflexions et images sur l'amour cohabitent avec cette puissance dans le son, certes souvent léché pour ne pas dire mainstream, mais avenant et servant des compositions du même acabit.

Cependant il ne faut pas se méprendre, Harmonium n'est pas aussi «gentil» et innocent que Be Not Nobody, qui lui-même avait sa petite face cachée. Plus on avance dans le disque et moins les chansons se font typiquement efficaces, on rentre peu à peu dans une certaine forme de complexité. Et comme par hasard, ce sont toutes des chansons au texte désespéré. «Annie» (ah, ces roulements...) nous fait prendre conscience du fait que Vanessa est une musicienne géniale, au piano évidemment mais aussi aux claviers, avec de jolies trouvailles. Cela se confirme sur une autre chanson dense, «Half a Week Before the Winter» où une trompette tour à tour naturelle et bouchée vient nous lécher l'oreille, preuve d'une certaine audace, et qui se retrouve sur les derniers titres. Le martial «C'est la Vie» voit Vanessa officier au Fender Rhodes, et «She Floats» remporte la palme de sa chanson la plus complexe. Sa voix y sonne très caressante, les montées à cordes sont très prenantes et la guitare apporte son concours à la fin. La tension retombe finalement pour deux chansons très intimistes (Vanessa seule au piano) mais pas moins noires : «Papa» et «The Wreckage», deux merveilles.

Epaulée par une solide équipe de musiciens (Jenkins, l'excellente section rythmique Arion Salazar-Abe Laboriel Jr), Vanessa nous offre un album en demi-teinte, évident comme il peut nécessiter beaucoup d'écoutes pour certains moments. Mais il est témoin des progrès accomplis, bien que la maison de disques A&M ne le voie pas d'un bon oeil : Vanessa ne colle pas à l'image des artistes de son époque, et les deux parties se sépareront en 2005.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Vanessa Carlton (chant, pianos, claviers)
- Arion Salazar (basse, guitares)
- Abe Laboriel Jr. (batterie)
- Stephan Jenkins (percussions, batterie, choeurs, orgue, claviers, p)
- Jesse Tobias (guitares, mandoline)
- Lindsay Buckingham (guitare acoustique)
- Ron Fair (arrangements des cordes)
- Pharrel Williams (choeurs)
- Luis Conte (percussions)
- Tony Fredianelli (guitare)
- Sean Beresford (programmations)
- Jerry Hey (trompette)
- Gayle Levant (harpe)


1. White Houses
2. Who's To Say
3. Annie
4. San Francisco
5. Afterglow
6. Private Radio
7. Half A Week Before The Winter
8. C'est La Vie
9. Papa
10. She Floats
11. The Wreckage



             



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