Entouré par des collaborateurs réguliers, dont Eivind Aarset (guitare) et Jan Bang (samples et programmation) qui participeront la même année au superbe album du trompettiste Jon Hassell, Last Night The Moon Came Dropping Its Clothes In The Street (sur le label ECM), Nils Petter Molvaer choisit avec Hamada de nous proposer des humeurs particulièrement calmes, méditatives, souvent proches de l’ambient. Seules deux compositions (« Friction », « Cruel Altitude ») vont nettement trancher car particulièrement mouvementées. C’est d’ailleurs regrettable car cette orientation prise d’un jazz ambient était particulièrement judicieuse et ces deux titres cassent l’unité des atmosphères sans apporter fondamentalement quelque chose de très novateur, que ce soit dans la rythmique typée drum’n’bass « Friction », ou l’énergie rock déployée « Cruel Altitude ». L’album suivant, Baboon Moon, sera autrement plus convaincant, le trompettiste norvégien se félicitant d’ailleurs d’un changement de line-up complet qui apportera une vraie bouffée d’oxygène, une remise à plat du travail et une inspiration admirablement retrouvée. NPM évoquera ce nouveau line-up comme l’un des meilleurs qu’il ait eu depuis de nombreuses années. C’est dire que le trompettiste avait peut-être le sentiment d’arriver ici au bout d’une étape et que le changement devait impérativement arriver. Mis de côté cette déception tenant à l'unité du disque, Hamada touche juste dans ses titres les plus ambient. La mélodie de « Sabkah » est juste superbe, comme la trompette aérienne et délicate flottant dans de belles atmosphères contemplatives pleines d'échos (« Icy Altitude », « Monocline », « Soft Moon Shine »). Hamada est indéniablement un bel album, les interventions de la trompette de Molvaer sont délicieusement bien dosées et passent avec la délicatesse et la fascination d’un lent nuage blanc dans un ciel bleu. Tout est invitation à la rêverie, à l’assoupissement, l’univers tourne dans une harmonie où tout est délicat et en parfait équilibre. On regrettera simplement que cette idée n’ait pas été conservée tout du long de Hamada. Dommage et frustrant.

Note : 3.5/5.