John Mc Laughlin est un virtuose de la guitare doublé d’un touche à tout de génie. Au cours de sa longue carrière il a abordé de nombreux univers musicaux, défrichant le jazz avec Mile Davis, inventant une musique fusionnelle avec le Mahavishnu Orchestra dont le genre sera (mal) copié voire galvaudé, explorant la musique traditionnelle indienne avec Shakti, se produisant en acoustique avec Paco De Lucia et Al Di Meola, sans compter les diverses formations de jazz ou jazz rock et ses incursions dans la musique classique avec les sœurs Labeque. A soixante dix ans, il est un géant de la musique et sa modestie est aussi grande que son talent.

Cet album a été enregistré dans un studio à Antibes avec les musiciens du groupe The 4th Dimension qui jouaient sur le précédent To The On sorti en 2010. Pourtant ce nouveau disque est plus abouti, les thèmes mieux exposés, plus travaillés, il semble que les musiciens aient gagné en cohésion ce qui leur permet de s’exprimer dans des espaces musicaux plus larges et plus variés.

Cette musique est servie par des instrumentistes hors pair, dont le batteur indien Ranjit Barot, qui, associé à Etienne M'Bappé, donne une formidable assise à la musique sur la quelle viennent se greffer les envolées de Gary Husband et de McLaughlin. La guitare sonne toujours très « électronique » et la rapidité d’évolution des doigts de John sur le manche est tout simplement fabuleuse. Mais comme il le souligne très souvent, la virtuosité se fait sans effort, au service de la musique et d’un lyrisme toujours renouvelé.

On retrouve dans plusieurs morceaux les grandes envolées du Mahavishnu ce mélange des sons de la guitare et des claviers, cette puissance de la rythmique propre aux grandes formations de jazz. Certes quarante années sont passées depuis Bird of Fire, mais c’est ce souffle, cet esprit qui traverse les morceaux pour notre plus grand bonheur. Mclaughlin reste toujours un défricheur de sons, un grand créateur qui choisit toujours des musiciens de talent, leur laissant exprimer leur créativité, catalysant le tout pour parvenir à une fusion (le mot est lâché) de tous les instruments.

Cet album est donc un véritable régal, les thèmes sont très lyriques, les musiciens débordent de feeling même si parfois le jeu de Etienne M'Bappé est un peu « bavard » mais ce quartet est au sommet de sa créativité, on attend avec impatiente les concerts début 2013 pour entendre en live les nouvelles compositions.