DISCHARGE sans Kelvin "Cal" Morris, c’est possible ? Effectivement, la question peut paraître absurde, mais il faut reconnaître que jusqu’en 2003, les rares fois où DISCHARGE officia sans son légendaire chanteur à la voix haut perchée, ce ne furent qu'à l'occasion d'épisodes très anecdotiques. Ainsi l’éphémère passage de Terry Roberts au chant, lors des débuts du groupe en 1977, n’a pas débouché sur autre chose que quelques démos désormais bien connues des amateurs, et le remplacement de Kelvin Morris par le pathétique chanteur glam Rocky Shades au sortir de la tournée Grave New World en 1987 est un épisode relativement méconnu mais que certains voudraient bien oublier, et ce même encore aujourd'hui...

Toujours est-il qu'en 2003, Morris met les voiles une bonne fois pour toutes. Tony Roberts prend le contrôle de DISCHARGE et recrute Anthony "Rat" Martin, chanteur des VARUKERS, pour lui succéder. À l'aube de la tournée du groupe en 2003, DISCHARGE se retrouve donc face à un dilemme : l'album de 2002 ayant été enregistré par Morris, comment le promouvoir efficacement avec son nouveau chanteur ? Qui plus est, comment lancer réellement ce nouveau line-up et lui donner une légitimité ? La réponse sera simple et efficace : réenregistrer du vieux matériel et sortir un album de "remakes".

War Is Hell est un album relativement à part dans la discographie de DISCHARGE. Enregistré un petit peu à l'arrache, composé aux deux tiers de réenregistrements studio de classiques du groupe et d'un dernier tiers de pistes live, il s'agit d'un album "entre deux", servant de prétexte au groupe pour promouvoir du nouveau matériel enregistré avec son nouveau chanteur à l'occasion des premières tournées du nouveau line-up entre 2003 et 2006. La première version de cet album sera d'ailleurs uniquement vendue lors des concerts, sous le nom de "Tour Edition".

Aucun classique de la grande époque de DISCHARGE (1980-1984) ne manque réellement à l'appel, et on s'amusera même de constater que Terry Roberts (batterie), qui avait quitté le groupe dès 1980, enregistre ici des classiques du groupe sur lesquels il n'avait jamais joué durant l'âge d'or de DISCHARGE. Assez sympa. Il demeure néanmoins que la production étant ici beaucoup plus sèche, Terry Roberts est très loin d'égaler le son massif de l'ancien batteur Garry Malonney, mais bon, on finira par comprendre rapidement que le DISCHARGE des années 2000 s'orientait de toute façon vers un retour aux sonorités crues de ses origines.

Cet album hors-série, que l'on peut classer parmi les albums studio du groupe mais qui n'en est pas réellement un non plus, est donc un opus assez sympathique, qui laisse entrevoir de fort belle manière ce que sera le nouveau son DISCHARGE de l'ère Rat, et que l'on retrouvera avec bonheur et curiosité sur l'EP Beginning of the End en 2006, puis sur l'album Disensitise en 2008.

Note : War Is Hell sera réédité plusieurs fois depuis sa sortie en 2003. En 2006, le label punk canadien Unrest Records le rééditera ainsi dans une version augmentée, qui comprendra en guise de bonus les trois titres de l’EP Beginning of the End et les 4 premières démos enregistrées par DISCHARGE en 1977, avec Terry Roberts au chant. En 2011, une réédition plus professionnelle verra le jour sous l'égide du label norvégien Candlelight Records, dotée d'une pochette plus travaillée (mais pas spécialement plus ragoûtante pour autant) et d'un packaging mieux fichu.