Trois ans après un Tout pour la musique de bonne facture mais inégal, France GALL revient avec Débranche !, un album sentant bon les années 80. Enfin, non. Il empeste plutôt les années 80. La formule peut paraître méchante, mais c'est un fait, les travers de l'époque le plombent, sans compter le fait qu'il a mal vieilli. Autant le dire tout de suite, Débranche ! n'est pas un album essentiel de la carrière de France GALL.
Ce n'est pas un mal que de vouloir s'adapter à son époque. Là où ça pêche, c'est d'en absorber toutes les caractéristiques sans trier le bon grain de l'ivraie. Batterie programmée de l'époque, claviers à la limite du passé de mode, gimmicks inutiles... bref, on pourra pas dire que Michel Berger n'a pas voulu faire comme pas mal de gens à l'époque. Soit dit en passant, ce dernier n'est crédité ici qu'en tant que choriste, il n'a pas joué une seule note sur Débranche !

Bon, maintenant vous connaissez la chanson, c'est l'heure de passer au plein de tubes. Quatre des neuf chansons de l'album ont été choisies comme singles, mais deux d'entre elles ne le méritent clairement pas. La première est l'ouverture éponyme, qui permet d'ailleurs de montrer la direction musicale de l'album. Il est alors légitime, pour qui fait confiance aux singles, d'être refroidi tant cette chanson est médiocre. Les défauts cités plus haut sont clairement présents ici, sans compter une performance vocale douteuse, surtout au niveau des paroles. Mais il y a bien pire avec "Calypso", qui la suit immédiatement. Pour faire court, c'est une catastrophe. Les bas-fonds de la variété futile sont presque atteintes, la paresse d'écriture et le son sonnant comme du tropical en carton font de cette chanson un truc risible. A fuir.
Les deux autres chansons sont par contre plus satisfaisantes. Dire que "Cézanne peint" est une grande chanson n'est pas du tout incongru. Il s'agit même de la meilleure chanson de Débranche !, et d'une valeur sûre du répertoire de France GALL. Des arrangements plus pop, voire rock n'auraient cependant pas été de trop. Hong-Kong Star n'est pas aussi géniale, mais rien que ses paroles valent le détour. En revanche, le refrain est mauvais et détonne trop par rapport aux couplets, c'est dommage.

En ce qui concerne les autres chansons, la qualité n'est pas inégale, elle tend vers le bas. "Tu comprendras quand tu seras plus jeune" se pose en chanson assez sympathique, mais pour être franc, ce n'est pas le genre de chanson sur laquelle on reviendra souvent. En fait, le meilleur de Débranche ! réside sur la face A (et encore), alors que sur la face B, rien n'est à sauver. La palme de l'horreur – oui, horreur – revient à "Annie donne". Ce doit être la pire chanson jamais écrite par Michel Berger,ou pas loin en tout cas.

Une face A bancale, une face B à fuir, le résultat est assez explicite : Débranche ! est un album franchement médiocre. Trop de synthés mal choisis, une production médiocre et surtout un songwriting peu inspiré, voilà ce qui plombe l'album. On lui préférera Tout pour la musique, plus intéressant, et surtout l'album suivant, le grand Babacar.