Petit aparté pour commencer cette chronique : quel est le rôle d'un historien ? La première réponse qui vient à l'esprit, c'est bien évidemment de participer à un effort 'de guerre' afin de sauvegarder les souvenirs d'une civilisation, de découvrir l'historique d'un événement. Cette recherche devient problématique lorsque l'historien tombe sur ce qui est communément appelé un cadavre compromettant. Il devient alors plus difficile de se dire automatiquement 'il faut que le monde se souvienne de ça'. Et ça vaut pour tous les domaines, y compris dans la musique. En l’occurrence, le cadavre compromettant du jour s'appelle FG.

FG, quatrième L.P de France GALL, est surtout connu pour la présence d'une chanson qui a initié sa chute. Cette chanson, tout le monde ou presque doit la connaître, elle s'intitule "Les Sucettes". Ce morceau signé GAINSBOURG reste surtout connu pour le caractère résolument pervers de ses paroles, du moins pour qui ne se contente pas du premier degré de lecture (comme... France...). Les interprétations qui en ont été faites n'ont également pas aidé à calmer la polémique. La carrière de la chanteuse s'en trouve ainsi fortement ébranlée, sans pour autant être détruite. Et c'est alors qu'une sorte de chasse aux sorcières commence. Les gens voient le mal dans chacune des chansons de France maintenant. Ainsi, "Bonsoir John-John", dédiée au fils de J-F.K, serait un hymne à la nécrophilie, mais il faut cependant avouer à l'écoute du morceau que cela n'est qu'exagération, voire diffamation.

Il est évident que "Les Sucettes" a été le premier pas vers le drame pour France GALL. Mais on a trop tendance à parler des à-côtés sans parler des chansons en elles-mêmes. Pour autant, il n'est pas très utile de prime abord de s'y intéresser. FG est un album bien yéyé, et même si ce genre n'est pas mauvais dans son ensemble, il faut reconnaître que France GALL ne fait toujours pas partie du haut du panier. Les deux chansons citées précédemment, même retirées de leur contexte polémique, sont franchement navrantes, leurs notoriétés respectives sont globalement imméritées.
Le reste des titres de l'album n'est guère mieux. L'indigent se mêle à l'inutile pour offrir des horreurs dont il faudrait taire l'existence, à deux exceptions près. La première : "Celui que j'aime", est de manière surprenante une superbe chanson. L'association d'une guitare, d'un clavier en arrière-plan et de la voix de France est tout simplement magique. Les paroles sont également bien écrites, ce qui paraît surprenant de la part de Robert GALL. La deuxième chanson qui attire bien les oreilles, "La Guerre des chansons", n'est pas exceptionnelle musicalement parlant, elle est même fortement médiocre, mais le thème a de quoi interpeller. En effet, France chante la compétition entre les chanteurs de son époque (voire les clashs entre Johnny et Antoine ?), ce qui est assez original pour être relevé.

FG est un cadavre embarrassant et compromettant, c'est la première étape vers la déchéance musicale et surtout populaire de France GALL. L'Histoire n'en a retenu que deux chansons génératrices de scandales et d'émoi sociétal. Il ne reste désormais plus qu'un album avant la fin, avant l'oubli destructeur.