Nous y voila : l’album de la rechute - "Relapse" dans la langue de Shakespeare -… L’image de la pochette craquelée, les thèmes sombres abordés par Marshall Matters sur ce sixième opus annonce une œuvre des plus déprimées. Après les succès de l’étincelant "show" et de son "Encore", c’est un hiatus de cinq ans que traverse notre M&M. Bien entendu, un tel écart entre deux œuvres à son age n’a rien de bien positif. Et le blondin se radine devant son papa spirituel DR DRE avec pas moins de 300 chansons dans le cartable. Le musculeux producteur - Sauveur du rap de notre temps ! - répond une fois de plus présent pour driver son poulain dans un choix pour le moins complexe. Et voila comment nait ce Relapse, album du retour de l’enfant terrible du Rap blanc.

DR DRE, omniprésent, est ainsi sur le single qui ouvre les hostilités, en compagnie de Marshall et de leur protégé commun le titounet 50 CENT, le bien nommé "Crack a bottle", soit l’une des meilleures contributions au monde du rap. Un véritable must qu’il faut connaître, quel que soit le style musical qui vous branche. En outre un des pics de la carrière d’EMINEM. "We made you" est le suivant, clairement bâti pour les charts, c'est un duo avec Charmagne TRIPP, pur produit du R’n’B, un joli slow rapide sur un beat des plus syncopés, la demoiselle fait le job et le résultat est vraiment à la hauteur, même si le ton est léger; il y fait la description de la vie des superstars du show biz, guère attractif. "3AM" poursuit la quête du top du billboard, avec un sujet carrément subversif puisqu’il s’agit de jouer au tueur en série. Rythme lancinant, choix judicieux malgré la frustre apparence de la chanson. Les nappes de synthé apportent une vraie respiration dans ce titre suffocant… Chouette ! Nous retrouvons le toubib Dédé les gros bras sur le single suivant "Ol times sake", un titre clairement moins original à mon sens. Enfin, la ronde des singles s’achève avec "Beautiful",auto-analyse du rappeur, de ces addictions, de ces différentes personnalités, un joli refrain qui doit plus au R’n’B mainstream qu’au bon vieux gangsta rap. A découvrir pour les paroles plus que pour la musique.

Il nous reste la dizaine de titres contenu dans Relapse pour se faire une réelle idée de l’état dans lequel se trouve le rappeur blanc. Je vous signale immédiatement "Stay wide awake" et sa rythmique de gratte bien pêchue, Marshall y "flowe" avec beaucoup de vista, rapidement et dans une certaine frénésie, dans l’urgence.. En pleine thérapie, notre garçon… "Underground" est elle aussi très réussie, avec quelques cotés symphoniques particulièrement cools. Devinez ensuite quel est le sujet de "My mom" ? Et oui ! Cette authentique ricaine qui proposait des mix de coke et de Valium à son enfant… La stridente et autobiographique "Insane" est bien couillue. Enfin avec "Bagpipes from Bagdad", on attaque les sujets chauds et sa permanente rivalité avec la torride Mariah CAREY. Veut ? Veut pas ? Sais ? Sais pas ? Qu’importe après tout, la song porte ses fruits tellement elle est obsédante.

Bref, avec tout ça, malgré des ventes moins élevées que d'ordinaire -5 millions tout de même -, cet opus d’EMINEM se signale par la profondeur des thèmes abordés. Certes le blondin Marshall ne semble pas en pleine forme, mais le bon docteur est là pour tenir la baraque, le talent est là, intact, presque insolent. Ca semble facile !