Je vais finir par changer d’avis… La France serait un pays propice au Rock ? Le Franchouillard serait une langue pour le Rock ? Bah ça alors ! Ces questions, à nouveau posées, pourraient trouver un embryon de réponse à l’écoute du premier opus de LA FEMME. Imaginez plutôt un melting pot de sons provenant de l’orée des eighties… Premier constat : une proximité certaine avec la Cold wave, avec un son de gratte qui rappellerait plus les sixties chères au surf rock – Hank Marvin et les SHADOWS ne sont pas si loin - que les CURE ou JOY DIVISION, cette reverb sur "Hypsoline" ! Ainsi que des éléments épars qui doivent beaucoup aux divers courants alternatifs. C’est donc clairement une fusion musicale assez pointue. Une certaine innocence se dégage toutefois de l’atmosphère de ce premier disque. Les gars proviennent des quatre coins de l’hexagone, nomment leur skeud "tropical" et "Berlin", "Psycho" ? Tu m’étonnes ! Les premières impressions me replongent clairement à l’époque ou INDOCHINE, TAXI GIRL et ELIE & JACNO représentaient les mouvements les plus alternatifs, pas un vain mot en 1982/83.

On jurerait Nicola Sirkis sur "Nous étions deux", c’est bluffant ! Comment des djeuns aussi juvéniles ont-ils pu s’abreuver ainsi à la fontaine d’une New Wave Frenchie qui date d’une trentaine d’années ! Un ch'tit solo à la Dave Greenfield – Un petit coté STRANGLERS époque La Folie aussi tiens, si ce n’était l’avalanche de voix féminines. Mon dieu et le début de "Si un jour"… Sonne comme une des premières compos de Dominique Nicolas. Car cette Nana là est drivée par les voix des gonzesses, elles sont partout, sur des ambiances pressées, comme sur l’époumonnante "Packshot", ou règnent des synthés cheap qui rappellent le KRAFTWERK de Florian. Ça part dans tous les sens ? Hé ! Je vous avais préviendu !! La voix de Clémence Quelennec n’a rien d’exceptionnel mais frappe par son innocence et sa pureté adolescente. On est loin d’une diva, c’est clair, mais l’efficacité est de mise en permanence, car l’adéquation avec les compos du duo de Biarritz est toute naturelle. On notera une similitude avec la belle Elie Meideiros, en toute logique.

L’ambiance sur "Le blues de Françoise" possède un coté inéluctable qui rappelle les grandes égéries des mouvements post punk, on pense à BLONDIE, puis à la psychotique SIOUXIE… Rien à voir, je sais… Mais la chanson est superbe ! "La femme ressort" présente une réelle originalité dans sa conception, sans doute plus fermée, mais très addictive. "It’s time to wake up" est toute d’onirisme, comme la vidéo le prouve aisément, on nage dans une ambiance éthérée. "Sur la planche" est un véritable poison pour la mémoire car elle s’insinue avec opiniâtreté dans vos synapses. "L’amour dans le motu" est encore pire dans le genre, s’empare de votre raison et vous amène rapido vers la folie furieuse, ce petit synthé est une drogue dure… La configuration très "électro" en live du groupe est finalement trompeuse tant la guitare occupe une position de choix et me conduit à clairement plus les positionner en Alternatif fusion qu’en électro. Un titre comme "Antitaxi" qui rappelle à bien des égards les débordements guitaristiques de Dick DALE dans les sixties –"Misirlou" les gars ! – est révélateur à cet égard.

Bref, pas un instant de faiblesse, pas un titre en deçà. Voila un début très haut en couleur. C’est rare, d’autant que la musique présente plus d’éléments passéistes qu’autre chose, certes avec un talent fou, mais le pari était risqué. Ravi de découvrir une telle vivacité dans la scène française. Il ne reste plus qu’à leur souhaiter de rester sur la brèche et de bosser, avec de tels espoirs, le danger est constant !