Paradise Valley. Quel magnifique titre pour un album. Évoquant la simplicité, l'immensité, on se prend à imaginer l'artiste écrire son morceau, assis entre 3 bottes de foin, avec comme simple équipement sa voix et sa guitare. John MAYER, qui n'a plus rien à prouver sur les terres américaines, sort ici son sixième album studio. La touche country que l'on avait déjà remarqué sur Born And Raised, son album précédent, se confirme et s'affirme encore plus sur ce nouvel opus. Chronique d'un artiste pas comme les autres.

L'évolution de MAYER est loin d'être linéaire. Le chanteur/guitariste a toujours voulu respecter ses convictions et n'a pas forcément été là où le public l'attendait. C'est ce qui explique principalement ce virage country que prennent ses albums petit à petit. Le premier single offert à son public est « Paper Doll », un morceau qui résume bien la discographie du bonhomme. Quelques percussions, une mélodie de guitare aussi simple que bien foutue, et la voix. Une voix claire, berçante, envoûtante même. La spontanéité de ce titre touche directement, et annonce un album plein d'émotions comme MAYER a su nous les pondre par le passé.

L'album lancé, on ressent dès les premières notes de « Wildfire » la touche country naissante chez le jeune homme. La mélodie est entraînante, les rythmes et arrangements sont trouvés à la perfection et on se dit que l'album sera une franche réussite. La simplicité des notes de guitare touche encore, comme quoi on peut faire ce qu'on veut avec une bonne voix et une guitare plutôt accordée : « Dear Marie » nous le montre, plein d'émotion, touchante de par l'aisance du chanteur dans son domaine. « Call me the Breeze » nous envoie sur les déserts du western, avec son rythme aussi bien bluesy que country, qui fait mouche. Et même si c'est une reprise d'un certain J.J CALE, MAYER sait reprendre le morceau à sa sauce avec son feeling qui plait. La justesse du titre « You're No One Til' Someone Lets You Down » est agréable, le style de John MAYER rentre parfaitement dans le genre country, ses solos de guitare nous le montrent – et nous rappellent en même temps qu'en plus d'être un chanteur exceptionnel, il est l'un des guitaristes les plus talentueux de son ère.

Quand on écoute cet album, et que l'on connait Born And Raised, on sent qu'il est dans la continuité, qu'il n'y a pas de réelles surprises sur la forme. Par contre, un truc auquel votre serviteur ne s'attendait pas du tout, c'est voir un duo avec Katy PERRY – sa chérie du moment – sur cet album. « Who You Love » invite la jeune star dans un terrain qui ne lui sied pas forcément. Cependant le refrain avec leur deux voix ensemble sonne bien. L'autre collaboration inattendue, c'est Frank OCEAN, sur le deuxième « Wildfire » de l'album, où notre invité est tout seul au micro, dans un titre étrange qui ne va pas spécialement avec l'ensemble de l'album.

En écoutant « Badge and Gun » on se dit qu'on a passé un bon moment sur cet album, en étant subjugué par l'exécution parfaite du riff de guitare de « On The Way Home » on en redemande. Parce que MAYER sait séduire avec peu. La simplicité de ses mélodies, de ses arrangements prend aux tripes et émeut même sur certains titres. Bien au dessus de Born And Raised sur son ensemble, cet album est une valeur sûre qui fera son effet pendant un certain nombre d'années. Tandis que John MAYER continue sa lancée, sans graves fautes jusqu'ici...