Dès les balbutiements de sa carrière musicale, au sein de petits groupes allemands puis londoniens (après que le batteur s'installa dans la campagne anglaise), Herman RAREBELL a toujours été auteur-compositeur. Un grand auteur-compositeur, c'est une autre histoire. Reste que, immédiatement après son intégration au sein des Scorpions en 1977, celui qui se fait encore appeler de son véritable nom Hermann Erbel se met au boulot, et propose des textes, finalisés ou non, dont certains seront utilisés sur Taken By Force, paru en 1978, à l'image de « He's a Woman – She's a Man », texte assez peu subtil et consacré au sexe (en l’occurrence à une mésaventure vécue avec une prostituée transsexuelle), comme le sera la grande majorité des écrits du bonhomme. L'hédonisme, pour Herman, est une vie de fêtes, de femmes et de boisson, autant d'éléments qui en feront sans aucun doute le membre le plus sulfureux des Scorpions entre 1977 et 1995, date de son départ du groupe.

Un auteur-compositeur né, donc, ce Herman. Ainsi, trois ans à peine après avoir rejoint les rangs et arachnides, le voici qui propose un premier album solo, Nip In The Bud, paru en 1981. Un « petit » album de hard rock à l'écho pas vraiment retentissant. C'est ainsi que 5 ans plus tard, le carnet d'adresses plus rempli et la réputation des Scorpions à son summum, Herman décide de réenregistrer ce premier album en compagnie d'amis et confrères. En résulte ce « Herman Ze German & Friends », un opus pas vraiment flamboyant, qui témoigne avant tout d'une grande envie pour le batteur allemand de se faire plaisir.

Le hard rock pratiqué sur cet opus est assez bas de gamme, il faut bien le reconnaître. Herman Rarebell semble s'être forcé à écrire et composer une musique orienté hard US, sentiment renforcé par le pedigree des musiciens et vocalistes qui l'accompagnent sur cet opus : Don Dokken, dont l'interprétation terne ne sauve pas la ballade introductive « I'll say goodbye » et l’inutilement répétitif « Hard Sensation », Jack Russel (Great White), qui parvient à proposer des lignes vocales sympathiques sur l'énergique « Messing around », ou encore Steve Marriott (Small Faces, Humble Pie), qui offre la prestation vocale la plus convaincante sur la bluesy « Having a good time ».

Accompagné du guitariste D.H. Cooper, qui ne brille pas particulièrement par ses envolées mélodiques, Herman tente de rendre convaincants une dizaine de titres assez bas de plafond, sur lequel le jeu assez binaire mais néanmoins efficace du Germain permet pas de bénéficier de l'effet « virtuose » de son instrument. A l'exception de l'entraînant instrumental « Wipe out », qui met effectivement en avant la batterie du bonhomme, aucun titre ne parvient tirer son épingle du jeu : certainement pas le lourdaud « Junk Funk », le Led Zeppelinien « Rock Your Balls » (ah, quel titre empreint de poésie), et encore moins le ridicule « Do It », malheureusement pas sauvé par la prestation convaincante de Charlie Huhn (Ted Nugent, Foghat).

Cet album solo d'Herman Ze German, qui restera un one-shot jusqu'en 2007, n'est ainsi, vous l'aurez compris, pas vraiment au niveau de ce que l'artiste a pu proposer avec ses comparses de Scorpions. Assez pataud, peu inspiré, résolument tourné vers un marché US qu'il croit sans doute peu regardant, Herman Rarebell livre un album assez peu emballant, qui ne fera pas grand bruit et sera, c'est tant mieux, assez rapidement oublié.