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Manuel GÖTTSCHING - New Age Of Earth (ashra) (1976)
Par ARP2600 le 8 Janvier 2014          Consultée 3718 fois

Parfois, la note ne reflète pas l'intérêt d'une œuvre. Il est bien dommage de devoir être relativement sévère envers ce deuxième album solo de Manuel Göttsching (1) alors qu'il présente dans ses meilleurs moments une musique totalement novatrice pour 1976. Seulement voilà, il présente aussi des longueurs qui rendent l'ensemble délicat à juger.

Son titre New Age of Earth constitue déjà tout un programme. Une idée de la femme de Göttsching, Rosi, initialement Neuzeit der Erde en allemand, 'Le nouvel âge de la Terre'. Cela fait un peu mystique, surtout quand on connaît le mouvement new-age. Pourtant, Göttsching certifie qu'il n'y a pas de lien avec ce courant philosophique, qui n'était que naissant en 1976. L'idée serait plutôt en rapport avec les changements technologiques, le musicien ayant décidé de se mettre sérieusement aux synthétiseurs sur ce disque, et ayant d'autre part changé de label, quittant à son tour le très douteux Ohr en faveur de Virgin. Un doute subsiste toujours, et on ne peut pas exclure une influence involontaire de cet album sur la définition de la musique new-age.

C'est que New age of Earth présente sur sa première face une musique rêveuse, au répétitisme cristallin typique de l'école de Berlin, avec une harmonie dominée par le mode majeur donnant une impression positive et paisible. Le long morceau occupant la seconde, "Nightdust", est plus inquiétant, sans doute à cause de son thème nocturne, mais la texture sonore reste douce tout au long de l'album.

Les clous de l'album sont, à ex-aequo, les deux plages les plus courtes, "Sunrain" et "Deep Distance". Belles et troublantes, on a peine à croire qu'elles aient pu être enregistrées en 1976. Mariant à merveille les synthétiseurs et son jeu de guitare très électronique, Manuel Göttsching franchit encore un cap par rapport à son premier album. Si "Echo Waves" faisait déjà penser à la trance, on ne peut qu'être frappé par "Sunrain". Une oreille exercée reconnaîtra le son analogique, mais l'impression générale est digne des années 90 : ce musicien avait quinze ans d'avance.

À la même époque, TANGERINE DREAM offrait une musique révolutionnaire mais qui ressemble moins à l'électro moderne. L'explication est étonnante et rend la performance de Göttsching encore plus impressionnante. À l'instar de CLUSTER mais avec plus de talent encore, il n'a pas utilisé de séquenceurs pour cet album, toutes ces couches répétitives sont exécutées à la main avec une précision redoutable. Ceci permet plus de modulations harmoniques, de variations de tonalité, et donc une musique plus complète. Voilà pour les treize meilleures minutes de l'album, auxquelles on doit ajouter le segment 11:30-16:00 de "Nightdust", autre passage répétitif 'de style TD' de toute beauté.

Le reste est plus ingrat et daté. "Ocean of Tenderness" est délicate, mais le rythme lent met en évidence une certaine instabilité du son qui se rapproche des nappes du Oxygène de JARRE à la même époque. Un beau morceau mais bien trop long pour passionner jusqu'au bout. Que dire alors des vingt-et-une minutes de "Nightdust" ? Celui-ci ressemble fort à du Klaus SCHULZE lent, mais le son n'égale pas celui de "Wahnfried 1883" ou de "Velvet Voyage". En fait, quand on connaît le morceau, on passe onze minutes à attendre le passage rapide et on a envie d'arrêter après la seizième minute, c'est dommage. Curieusement, c'est aussi un certain caractère mélodique qui cause la perte de ces deux morceaux par rapport au plus abstrait "Pluralis".

Affaibli par ses longueurs, l'album dans son ensemble laisse une impression mitigée. Tout amateur de musique électronique douce se doit néanmoins d'au moins découvrir "Sunrain" et "Deep Distance", deux moments magiques et visionnaires qui contribuent à faire de Manuel Göttsching un grand musicien.

(1) New age of Earth est en général connu sous le nom de groupe ASHRA. Voir la chronique d'Inventions For Electric Guitar pour l'explication de notre choix de répartition des discographies.

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- Manuel Göttsching (guitare, claviers, synthés)


1. Sunrain
2. Ocean Of Tenderness
3. Deep Distance
4. Nightdust



             



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