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MAGAZINE - Secondhand Daylight (1979)
Par ARP2600 le 2 Mars 2012          Consultée 5020 fois

Voici un album impressionnant mais un peu mystérieux. Moins énergique et plus sombre que les autres publications du groupe, il est bien plus proche de l'art rock d'avant 76 que du punk. Bien sûr, l'orchestration est typique de 1979, surtout en ce qui concerne les synthés ambitieux de Dave Formula. Mais le style musical marque un retour aux sources de la new wave.

Pour être plus précis, en tant que fan de Peter Hammill, il m'est impossible de ne pas voir ici de nombreuses ressemblances. Si une bonne moitié du rock après 1970 doit avoir été influencée par Hammill d'une manière ou d'une autre, ce Secondhand Daylight de Magazine adopte vraiment nombre de ses codes, que ce soit pour l'harmonie, le rythme, l'utilisation de saxophone et de piano, ou encore la façon de chanter. Ainsi, on rencontre ici une ambiance sombre, amère, rugueuse mais aussi souvent nonchalante. Et ainsi, il n'est pas étonnant que la réussite commerciale ait été moindre, ce genre de musique déchirante et complexe n'est pas aussi abordable que du simple punk.

Une caractéristique intéressante de Secondhand Daylight est qu'il s'agit vraiment d'un travail d'équipe. Le chanteur Howard Devoto a toujours été vu comme le leader du groupe mais, s'il est vrai qu'il a écrit les textes, la composition musicale était plutôt délocalisée. Devoto, Formula, le guitariste-saxophoniste John McGeoch et le bassiste Barry Adamson ont chacun (co)écrit trois chansons. Seul le nouveau batteur John Doyle s'est contenté de son rôle d'interprète. La qualité comme le style sont pourtant fort égales, on peut juste remarquer que Devoto a plutôt écrit des morceaux lents et qu'Adamson est le plus punk. Belle œuvre collective quoi qu'il en soit, c'est assez rare pour qu'on le souligne.

Les paroles, comme la musique, sont moins variées que sur Real Life. Moins profondes également, bien qu'elles dénotent toujours un beau talent poétique de la part de Devoto et qu'elles sonnent à merveille. En fait, tout sur Secondhand Daylight parle de relations amoureuses difficiles, sauf peut-être «Feed the enemy». Il règne une ambiance malsaine et froide. Il faudrait connaître l'histoire personnelle de Devoto mais on ne serait pas étonné qu'il ait connu une rupture à cette époque. Entre abattement, paranoïa, masochisme, colère, on sent la folie qui peut s'emparer de l'esprit quand il doit encaisser de genre de déception. Folie oui, comme dans «Cut-out shapes» où on comprend que cette «lumière du jour d'occasion» du titre de l'album est l'éclairage d'un asile psychiatrique. Folie et froideur aussi dans «Permafrost», où le personnage dit qu'il droguera et baisera la cruelle à même le sol gelé – il faut bien rester un peu grossier pour être rattaché au punk...

L'intro de «Feed the Enemy» débute l'album sur un ton nonchalant, avec une étrange superposition de saxophone et de claviers. La chanson proprement dite commence par une mélodie à la basse sombre à souhait, les différentes couches s'ajoutent ensuite et l'ensemble reste stable jusqu'au bout, sans lassitude. «Rhythm of Cruelty» est la plus nerveuse, assez punk mais avec une structure des couplets un peu inhabituelle. Après ces deux numéros monolithiques, «Cut-out Shapes» semble presque progressive. Débutant sur un tempo très posé, elle connaît ensuite des ruptures rythmiques et une belle montée en puissance. Notons qu'il suffit d'entendre la façon dont Devoto chante «when you're hard to find» pour voir ce que je veux dire avec Hammill, mais il y a des exemples tout au long de l'album. La tension rythmique est également présente dans les deux chansons suivantes, «Talk to the body» et «I wanted your heart» qui font la différence avec Real life qui souffrait d'un trou d'air à la transition des faces. L'utilisation du piano sur la seconde est magistrale.

Il y a quand même un petit creux en début de deuxième partie. «The Thin Air» est un instrumental peu utile, assez poussif. Peut-être qu'il détone simplement à cause du manque de guitare. On reprend en force avec «Back to nature» et ses superbes variations d'ambiance. Commençant au piano de manière calme et dépouillée, elle devient rapide et majestueuse, mystérieuse au milieu puis de nouveau explosive, vraiment un des moments les plus fantastiques du groupe. «Believe that I understand» est, comme les deux dernières de la première face, une simple étape dans la progression de l'album, mais on ne peut pas parler de remplissage à un tel niveau. La conclusion «Permafrost» est marquante à souhait, de par ses paroles comme de par la musique, proche de celle de «Feed the enemy» en un peu plus rapide mais très régulière et nonchalante, idéale pour conclure sur ce ton de décadence typique du rock nihiliste.

Secondhand daylight est donc un album presque impeccable et implacable, une performance exceptionnelle sans en avoir l'air et sans doute la meilleure réalisation de Magazine bien que sa relative difficulté d'accès l'ait rendu moins populaire que Real Life et The correct use of soap, aux yeux du public de l'époque comme des critiques qui trouvent souvent peu prudent de prendre des positions originales. Il suffit d'être prévenu qu'on a affaire à un obélisque froid, une œuvre peu variée et potentiellement déprimante. Si on nage comme un poisson sous la banquise dans ce genre d'art rock, il n'y a aucune raison de dédaigner une telle merveille.

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   ARP2600

 
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- Howard Devoto (chant)
- John Mcgeoch (guitares, saxophone)
- Dave Formula (claviers)
- Barry Adamson (basse)
- John Doyle (batterie)


1. Feed The Enemy
2. Rhythm Of Cruelty
3. Cut-out Shapes
4. Talk To The Body
5. I Wanted Your Heart
6. The Thin Air
7. Back To Nature
8. Believe That I Understand
9. Permafrost



             



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