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NEW WAVE PUNKY ULTIME   |  LIVE

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MAGAZINE - Play+ (1980)
Par PSYCHODIVER le 18 Février 2025          Consultée 358 fois

Si au détour d'une conversation mélomane quelqu'un se revendiquant amateur de new wave première vague affirme ne pas aimer MAGAZINE, vous avez la permission de lui administrer une droite bien vitaminée, éventuellement suivie d'une gauche aussi foudroyante.

On ne plaisante pas avec MAGAZINE. Ce roi inamovible (et ô combien haï par l'establishment rock) de l'échiquier pourtant densément peuplé de la nouvelle vague. J'irais même plus loin, MAGAZINE est au-delà de l'afterpunk. À l'instar de ses porte-étendards les plus frondeurs et créatifs. À mon sens, PUBLIC IMAGE LIMITED et Gary Numan seuls sont dignes de figurer aux côtés du projet d'Howard "Devoto" Trafford sur un podium imaginaire dévoué aux trésors du paysage britannique de l'après 77. À la différence que l'androïde distant proposait un electro-rock plus proche de Düsseldorf que de Londres et que PIL, résolument post-punk et hostile à toute dérive plus ou moins commerciale, puisait son inspiration autant chez les apôtres du krautrock qu'à Kingston et dans les squats des pionniers du protopunk UK et US. Avec une ambition aussi punk (parce que l'ami Baazbaaz a raison, le vrai punk est anglais, même si les RAMONES sont inestimables) que tournée vers les contrées floydiennes et l'expérimental concis d'un Brian Eno, MAGAZINE est probablement le plus "anglais" des groupes new wave UK.

Secondhand Daylight, chef-d'œuvre sans équivalent (si ce n'est une certaine Metal Box) et parfait compendium de toutes les influences précitées et canalisées via une patte personnelle immédiatement identifiable, en constitue la preuve décisive. Et puis, on ne le dira jamais assez, Devoto et Lydon boxaient dans la même catégorie (et pas que vocalement parlant), ce sans manifester les mêmes approches. Le John aussi destroy et emmerdeur fut-il, affichait une irrévérence souvent décomplexée de sale gosse à perpétuité qui lui procurait un certain capital sympathie auprès des énervés de tout bord (qu'importe la musique, l'attitude est tout). Le Howard, c'est autre chose. Schizoïde, une béatitude d'anti héros lovecraftien, une tronche pas possible digne d'un kabuki ou des grandes heures de l'expressionnisme allemand et qui est propice à tout sauf à la rigolade, ajoutons à cela une attitude quelque peu méprisante envers la gente féminine et la presse qui ne le supportait pas (à croire qu'il fallait s'appeler John Peel à l'époque pour défendre l'ex BUZZCOCKS), MAGAZINE était le réceptacle idéal de cette personnalité singulière, en plus d'un groupe hors norme ... et accessoirement génial. Outre un contact recommandé avec la discographie studio de la formation (tout de 78 à 80, y'a plus rien après), l'expérience live me semble également essentielle pour quiconque souhaiterait découvrir ou profiter en fin connaisseur du summum des mancuniens.

Publié à l'origine sous le patronyme de Play, 33 tours simple proposant un concert amputé (limites du pressage) du quintette à Melbourne en 1980 lors de la tournée pour son troisième et dernier opus crucial The Correct Use Of Soap, il faudra attendre l'avènement du CD pour que la performance prenne toute sa dimension via ce double Play+. À défaut d'être des excités professionnels des sauts sur la scène, beuglants des "yeah yeah yeah" à tire-larigot, les Anglais assuraient en live et ce sans faire dans une surenchère beauf n' roll. Devant les aussies en 80, ils étaient tout simplement intouchables. Dévoilant une setlist en forme de quasi best of avec un habile mélange de concision et de folie, l'ensemble soutenu par une production impeccable.

Si Real Life, le classique, et The Correct Use Of Soap ont carte blanche, il est regrettable que Secondhand Daylight ne soit représenté que par deux morceaux. Et encore, "Feed The Enemy" (probablement le meilleur titre jamais composé par Devoto dans toute sa carrière, ex-aequo avec un futur "Redneck" estampillé LUXURIA) n'était pas inclus sur le vinyle (au même titre que "Shot By Both Sides"). Mais finalement, qu'importe l'absence d'un "Rhythm Of Cruelty", "Back To Nature", "I Wanted Your Heart" ou "Talk To The Body", le groupe parvient à s'affranchir du phénoménal travail studio d'un Colin Thurston débutant mais brillant pour offrir aux compositions une faculté d'adaptation à la scène, sans crainte d'une altération.

"Feed The Enemy", s'il perd ses brumes fantomatiques hivernales, préserve son aura menaçante tout en gagnant en énergie. La tension est peu décuplée par rapport à la version originale, mais la paranoïa qui lui est consubstantielle en devient quasi suicidaire. Comme morceau d'ouverture ça met l'ambiance. De même que l'on ne peut décidément s'empêcher de frissonner sur "Permafrost", en particulier lorsque le Howard nous balance cash qu'il va sauter sa girlfriend préalablement droguée à ras le sol gelé. On a beau connaître l'issue du morceau par cœur, le je m'en foutisme glacial de l'affreux surprend toujours. Du reste ? Les moments clés de The Correct Use Of Soap se voient délestés de la production aride de Martin Hannett et dévoilent leur potentiel respectif sans limite (c'en est flagrant sur le festif et caustique "Model Worker", si timoré à la base). Mes coups de cœur allant directement à une "Song From Under The Floorboards" déconcertante et addictive ainsi qu'au furieux "Because You're Frightened" où la six cordes thermobarique et les synthés sous amphétamines / peyotl se répondent à grands renforts de rafales jouissives. Par ailleurs, n'essayez pas de dénicher autre part plus somptueuse version de "Parade", c'est ici qu'elle se trouve. De la classe. De la majesté. Un soupçon d'humour. L'extase. Vous ai-je déjà dit que Dave Formula est probablement le claviériste le plus sous-estimé du rock (ce final où il conjugue l'héritage de l'immense Ray Manzarek à l'onirisme d'un Tim Blake qui se serait enfin décidé à grandir) ?

D'aucun diront que l'absence du guitar hero John McGeoch et son remplacement par un Robin "ULTRAVOX" Simon tout ce qu'il a de plus doué mais sommé par Devoto de devenir (dans la mesure du possible) la clone de son prédécesseur ne peut permettre à Play+ de se gorger de la même importance que celle irriguant le triptyque studio sur lequel le désormais (en ces débuts des 80's) collègue de Siouxsie Sioux régna ... Ce serait oublier l'aspect double de l'œuvre comme la possibilité de remonter deux ans dans le passé du combo.

Nous voilà donc en juillet 1978. L'époque où Mister Trafford prenait les franchouillards du Théâtre de l'Empire en otage (en direct pour les spectateurs de l'émission "Chorus"), en envoyant d'ailleurs un des frenchy, trop rigolard à son goût, sur les roses via un "Don't laugh !" tonitruant. Nous resterons toutefois à Manchester pour la prestation du second CD. Mais seul l'emplacement géographique change. Le son et l'aura du groupe demeurent plus garage et plus anarchique. Le grésillement des amplis bons marchés se mêlant à une rage juvénile omniprésente, rappelant au passage que ce n'est pas un hasard si Devoto & Co' seront mentionnés parmi les influences de cadors du rock massacreur à venir (fin 80's / début 90"s, le duo ravageur Al Jourgensen / Paul Barker ne reprenaient pas du Cyndi Lauper sur scène mais bien du MAGAZINE ... et du PIL). L'ultra énergique Martin Jackson est encore derrière ses fûts et ne fait pas semblant, la paire McGeoch / Adamson arrache comme il faut et les claviers de Dave Formula ont plus de similitudes avec votre bonne vieille Sega Megadrive qu'avec l'attirail de Keith Emerson ou Larry Fast. On a parfois l'impression d'entendre un Paris au Printemps en mieux exécuté (cette complémentarité avec PIL développée plus haut) ce sans pour autant succomber à des retouches trop voyantes en studio. En ce sens, allez poser une oreille sur cette version abrasive à souhait de "My Tulpa". Une boisson d'homme en comparaison de son doppelgänger (puisqu'il est question de cela) de Real Life. Mais quel plaisir que de se l'envoyer cul sec. Idem pour le complètement punk et survolté "I Love You Big Dummy" où l'on croirait entendre les DAMNED période Brian James jouer du DOORS millésime 1967 ... à l'occasion d'une reprise du très exotique Captain Beefheart (essayez de vous imaginer Devoto coiffé du masque de truite si cher à l'ami Van Vliet). "Burst" reste fidèle à sa progression nonchalante initiale et efficace. Quant au délicieusement agité "Touch And Go", il trouve peut-être là aussi son interprétation majeure (rude concurrence avec son pendant Peel Session).

Qu'en est-il des inévitables doublons ? C'est là le réel tour de force de ce double live : les interprétations de 78 sont aussi immanquables que celles de 80. Car l'on ne peut à proprement parler de copies les concernant, si ce n'est bien entendu dans leur écriture initiale, tant leur traitement scénique et sonique diffère selon les époques pourtant pas si éloignées. Aussi, le tube des tubes qu'est "Shot By Both Sides" est le plus révélateur de la violence crue du mix de Manchester, là où il gagnera en pragmatisme afterpunk à Melbourne. En revanche, pas de réel changement à signaler sur le psychotique "Give Me Everything" ou le démentiel "The Light Pours Out Of Me", rayonnant de surpuissance quelle que soit sa posture (ce riff ... ce riff ...), y compris lorsque le Howard est pris d'un besoin compulsif de baragouiner les deux couplets centraux dans un français bancal (et délirant). Mais celle qui tire son épingle du jeu plus que les autres c'est sans conteste "Definitive Gaze". Cette pure merveille de synthé rock onirique se voyant transcender davantage à chacune de ses interprétations.

D'ordinaire peu porté sur les lives, je ne peux que m'incliner devant ce Play+, perfection dans son genre et testament d'un groupe qui aura su préserver une intégrité et une audace au service de l'une des plus fabuleuses collection de chansons du rock britannique. Deux prestations mémorables pour le prix d'une. Un travail d'archives et de restauration admirable au profit d'un outsider magnifique de nos musiques de chevet ... Play+ ou l'essence d'un chef-d'œuvre.

PS : la chronologie des évènements et la dévotion d'un certain Steve Kilbey aux méfaits d'Howard Devoto me laissent penser que les membres de la toute récente CHURCH devaient faire partie du public de Melbourne en cette mémorable soirée de septembre 1980. En attendant confirmation, rêvons un peu.

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- - Melbourne 1980 :
- Howard Devoto (chant)
- Robin Simon (guitare)
- Barry Adamson (basse)
- Dave Formula (claviers)
- John Doyle (batterie)
- - Manchester 1978 :
- Howard Devoto (chant)
- John Mcgeoch (guitare)
- Barry Adamson (basse)
- Dave Formula (claviers)
- Martin Jackson (batterie)


1. - Melbourne 1980 :
2. Feed The Enemy
3. Give Me Everything
4. A Song From Under The Floorboards
5. Permafrost
6. The Light Pours Out Of Me
7. Model Worker
8. Parade
9. Thank You Falettinme Be Mice Elf Agin
10. Because You're Frightened
11. Shot By Both Sides
12. Twenty Years Ago
13. Definitive Gaze
14. - Manchester 1978 :
15. Definitive Gaze
16. Touch And Go
17. Burst
18. The Light Pours Out Of Me
19. My Tulpa
20. Shot By Both Sides
21. Give Me Everything
22. I Love You You Big Dummy
23. My Mind Ain't So Open



             



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