Alors que les années 1980 rimaient avec productivité pour les punks ultra-violents de Birmingham, les années 1990 seront au contraire celles d'un certain relâchement. Enfin tout du moins en apparence...
L'éphémère Joseph Montero, qui tabassait ses cylindres sur Church Of The Truly Warped (1992) et sur l'album live de 1993, va laisser ici sa place à Scott Preece, constituant ainsi de fait la formation définitive de GBH, puisqu'à l'heure où j'écris ces lignes, c'est celle qui demeure toujours en activité.

Le premier album de cette nouvelle incarnation du groupe, Punk Junkies, sort en 1996. Les "drogués du punk", tout semble dans le titre. Assisterons nous donc au retour du groupe à un punk hardcore plus authentique après une escapade au final peu convaincante du côté des terres du thrash metal ? Pas vraiment. Car les influences thrash n'ont en fait pas totalement disparu sur Punk Junkies (c'est particulièrement visible sur "Harmony" et "Shakin' Hands With The Machine"), et la production assez mastoc de cet album en est une preuve évidente. Néanmoins, à l'écoute de cet album, on ne peut que constater l'évident désir de s'émanciper de la mode du crossover, bien que le thrash demeure présent au croisement de la plupart des titres de l'opus.

Cependant, l'un des gros points faibles de cet album, c'est évidemment sa durée : 16 titres, ça fait quand même un peu beaucoup à avaler... De fait, l'un des albums les plus longs jamais pondus par GBH.
Dans tout ce magma hardcore sous amphétamines, certains titres sortent du lot, tels que "Impounded" ou bien "Kangaroo Court". "Hole" est pour sa part dans la veine du GBH speed punk de l'ancien temps, et se révèle également être un titre fort convaincant... D'autres chansons sont cependant plus foutraques, telles que "Tokyo After Dark", "Don't Drag Me Back", "Damn' Good Time", ou encore "Civilized"... Un titre tel que "Stormchaser" surprend par ailleurs indéniablement, tant il ressemble étrangement à "Psycho Active", l'un des titres de la période crossover thrash de DISCHARGE paru sur l'album Shootin' Up The World (1993). Encore et toujours les vieilles habitudes thrashy qui refont surface au sein de la scène hardcore anglaise durant les années 1990.

Alors, convaincant le GBH du milieu des années 1990 ? Eh bien, il faut quand même reconnaître que oui. Des trois groupes "classiques" de la vague UK 82, GBH est le seul à ne pas avoir subi des changements de line-up trop radicaux, gage incontestable de stabilité et de cohérence dans son parcours musical. Avec cet album somme toute encore assez thrashy mais incontestablement fidèle à ses racines old school, GBH ne réinvente pas l'eau chaude mais nous offre une agréable livraison de hardcore british à l'ancienne, bien servie qui plus est par une production moderne et encore bel et bien sous influence metal.
Punk Junkies n'est cependant pas l'album le plus digeste qu'ai pondu GBH depuis ses débuts, mais il s'en tire honorablement. Un album auquel il faut s'atteler un peu dans le détail si l'on veut en profiter au maximum, mais dont l'écoute n'est assurément pas une perte de temps.

Du bon punk hardcore made in 90's...