Houlaaaa.... Non, alors déjà, NON les gars. Je devrais vous mettre un énorme 0/5 pour la pochette.

Je sais bien que GBH n'a jamais eu des pochettes très réussies, que la plupart sont foncièrement laides, que la pire doit probablement être celle de Church Of The Truly Warped (1992), et que donc je ne devrais donc pas tirer aussi gratuitement sur la "punk rock ambulance"... Tiens, étrangement c'est le titre d'une chanson de cet album. Album dont le titre moqueur ("Ha Ha") a lui aussi des allures de mauvaise blague douteuse. Mauvais présage ? Espérons que non ! Parce que là franchement, avec une telle pochette, ça s'annonce vraiment pas bon du tout.

Après nous avoir pondu le très (trop ?) copieux Punk Junkies en 1996, un album plutôt sympathique car continuant de mettre en avant quelques sonorités thrash malgré un désir évident de revenir à une forme plus conventionnelle de punk hardcore, GBH est retourné sur les routes et a pris son temps pour lui pondre un successeur. Depuis le début des années 1990, GBH ne semble de toute façon plus trop pressé d'enregistrer du nouveau matériel, préférant tourner et donner des concerts partout dans le monde. Ha Ha sera donc le seul LP studio publié par le groupe dans les années 2000.

Punk Junkies comportait encore un grand nombre de références crossover, et globalement, malgré son titre, cet album n'était pas un véritable retour aux sources pour GBH. Ce retour aux sources aura en fait lieu sur Ha Ha, 6 ans plus tard. Tout du long, Ha Ha transpire en effet d'un véritable rétropédalage plus qu'évident vers des sonorités punk résolument old school, presque punk rock par moment. OK, on est pas non plus dans du punk à l'américaine, mais globalement le ton n'est pas aussi hardcore que dans les années 1980. C'est notamment visible dès la piste d'ouverture éponyme, ainsi que sur un titre tel que "Flyin' High". L'album comporte de bons gros moments de punk rock à l'ancienne ("Crush 'Em", "I Want To Believe", "Song For Cathy", "Belgrade", "Punk Rock Ambulance"), mais certains ne servent malheureusement pas à grand chose et font même office de remplissage ("Falling Down", "The Desire Of Poverty", "Superhighway Robbery", "Discover The Treatment")...

Que reste-t-il alors des expérimentations metal des années 1990 ? Pas beaucoup de choses, pour être honnête. Allez si, on peut encore en déceler des traces sur "Sado Methodist", un titre de hardcore vaguement teinté de crossover dont les riffs font fortement penser à du SUICIDAL TENDENCIES des grands jours. Le hardcore british speed et sauvage, comme GBH le pratiquait au début des années 1980, resurgit cependant au milieu de l'album, avec des titres bourrins tels que "The Power Of One", "Dustbin Rock'n'Roll", "Zeal Of A Convert"... Mais cela semble quand même bien peu convaincant. Ha Ha se révèle au final être assurément l'album le moins hardcore de toute la discographie des Anglais.

Ha Ha, tout comme Punk Junkies en son temps, n'est clairement pas un opus des plus digestes. Là encore, pas moins de 17 titres, pour un résultat relativement disparate et hétéroclite en termes de contenu. L'alternance assez confuse entre des titres ouvertement punk rock et quelques chansons relevant encore du hardcore n'en fait clairement pas un disque très homogène.
Mais du reste, ben... Ouais, cet album il est quand même pas mal. Loin du foutage de gueule insolent d'albums oubliés de la discographie du groupe tels que No Need To Panic (1987) ou A Fridge Too Far (1989), Ha Ha demeure un disque de GBH assez plaisant, sans prise de tête et qui fonce à 100 à l'heure, sans poser de questions. L'envie de bien faire est indéniablement présente et on sent que cet album a été réalisé avec honnêteté et sincérité...

Unique album studio longue durée sorti par GBH dans les années 2000, Ha Ha s'en tire donc honorablement, malgré un aspect plutôt foutraque et décousu. Le groupe ne réinvente certes pas l'eau chaude ici mais sait proposer encore une fois un agréable mélange hardcore typiquement anglais, certes un peu mou du genou quand on connait ses disques emblématiques passés, mais toujours aussi rafraîchissant.

Du bon GBH, au final.